Le tir d’un missile balistique de portée Intermediate RS-26 Oreshnik, le 21 novembre, contre l’usine aérospatiale ukrainienne de PA Pivdenmash, aura, en bien des aspects, sonné la fin de l’époque post-soviétique et le début d’une nouvelle réalité géopolitique en Europe.
En effet, si le missile russe lancé des bords de la mer Caspienne, n’était équipé que de munitions inertes non nucléaires, et qu’il n’a pas spécialement brillé par sa précision, en obtenant des résultats médiocres du point de vue opérationnel, il a, en revanche, envoyé un message de portée stratégique aux Européens et à leurs alliés américains : la Russie disposait à nouveau d’un missile balistique de portée intermédiaire IRBM, capable de frapper toutes les grandes villes européennes avec des charges nucléaires.
Depuis, Vladimir Poutine a donné, à plusieurs reprises, certains détails sur ce nouveau missile. Si les capacités extraordinaires de frappe et de précision avancées par le chef d’État russe, sont à mettre au crédit d’un discours de propagande classique, l’annonce de la production en série de ce nouveau missile, plus sérieuse, pourrait avoir des conséquences majeures sur les équilibres stratégiques en Europe aux États-Unis.
Une récente analyse, argumentée et crédible, des services de renseignement ukrainiens, démontre que Vladimir Poutine pourrait, rapidement, donner vie à cette menace. En effet, l’industrie de défense russe serait en capacité immédiate de produire de 20 à 25 de ces missiles, chaque année.
Sommaire
Le RS-26 Oreshnik, un missile balistique de portée intermédiaire conçu pour frapper l’Europe
Le développement du missile RS-26, alors baptisé Rubezh, a débuté en 2008. Il s’agissait, en substance, d’une version du missile ICBM RS-24 Yars privé de son second étage de propulsion, pour en réduire la taille et les couts.
Le RS-26 était alors présenté par Moscou comme un missile de catégorie intercontinentale, avec une portée de 5,500 km, une nécessité afin de respecter les clauses du traité INF, qui interdisait à la Russie et aux États-Unis de posséder ou de developper des missiles balistiques ou des missiles de croisière à lancement terrestre, d’une portée allant de 500 à 5,500 km.

Pour autant, aucun des tirs d’essais du RS-26, réalisés dans le cadre du développement du missile, avait dépassé la portée de 2000 km, ce qui amena plusieurs spécialistes du sujet, à émettre de sérieux doutes, quant à sa classification comme ICBM.
Selon les propos de Vladimir Poutine, ces derniers jours, le missile Oreshnik serait une évolution du programme Rubezh, dont il garderait la désignation RS-26. Maintenant que le traité INF est mort et enterré, le chef d’État russe reconnait une portée de 3,500 km, une vitesse annoncée de Mach 20 (Mach 10 étant plus probable en finale), et l’emport de 6 véhicules de rentrée atmosphérique à trajectoire indépendante MIRV, pouvant contenir une tête nucléaire stratégique de 150 à 300 kt.
Le missile peut également emporter des MIRV armées de sous-munitions conventionnelles, fussent-elles inertes comme à Dnipro. Lancé des bords de la mer Caspienne, il serait en mesure d’atteindre toutes les villes européennes, y compris Lisbonne au Portugal, avec une durée de vol ne dépassant pas 18 minutes pour les cibles les plus éloignées.
En revanche, en dehors de l’Alaska, si le missile était déplacé sur les rives les plus orientales russes, le RS-26 est dans l’incapacité d’atteindre les États-Unis. Il pourrait atteindre nombre de grandes villes chinoises, ainsi que la Corée du Sud ou le Japon, le cas échéant, mais là ne semble pas être sa fonction. En effet, le missile Oreshnik a été conçu, et construit, dans un seul but : changer la géopolitique stratégique en Europe.
Un missile hors de portée des défenses antimissiles américaines ou européennes
Si les informations diffusées jusqu’ici concernant le RS-26, sont exactes, le missile pourrait poser de très importants problèmes à la défense antimissile, déployée en Europe. Rappelons que celle-ci se compose de deux sites AEGIS Ashore, en Pologne et en Roumanie, armés chacun de 24 missiles SM-3 américains, d’éventuelles batteries THAAD de l’US Army, déployées en Europe, des missiles SM-3 déployés à bord des destroyers et croiseurs de l’US Navy, près des côtes européennes, ainsi que du futur système Arrow-3, acquis par l’Allemagne auprès d’Israel, dans le cadre de l’initiative Européen Skyshield.

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bonjour, ou en est on du programme européen hyperveloce hydis de mbda.
juste pour correction bilbao est toujours en espagne et non au portugal comme ecrit.
oups
oui c’est corrigé.
Pour Hydis, il va y avoir en 2025 une probable fusion des programmes, pour n’en créer qu’un.
ok merci
La Russie est dans une situation compliquée le plus grand pays au monde, mais au bord de la banqueroute, et Poutine qui continue a dépenser, obsédé par sa chimère de grande russie. Quoi qu il arrive la Russie sortira de ce conflit ruinée, ce qui fera les affaires de la Chine, l Inde et les USA. L europe incapable de s unir autour de projets communs risque de continuée vers de glisser vers le déclassement.
Excellent article, merci. Petite coquille, Bilbao est en Espagne 🙂
Vivement la trêve entre noël et Nouvel An, je fatigue là ))
ho non et nous on lira quoi pendant ce temps
Ça vous fera aussi du bien de ne pas avoir la tête dans les catastrophes à venir pendant une semaine, croyez-moi )) En tout cas, moi, j’en ai carrément besoin ! En plus j’y suis allé à Bilbao quand j’étais pilote dans la Marine !!!
Cela dit, je publierai une sélection d’articles les plus lus de 2024 à ce moment-là, genre deux par jour, pour meubler.
c’était pour plaisanter bien sur, tout le monde à besoin de vacances. et puis je lis autre chose aussi, mais vos articles nous manqueront et on attendra janvier avec impatience