Plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, ont émis l’hypothèse de se tourner, potentiellement, vers la dissuasion britannique et française, avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, pour remplacer un bouclier nucléaire américain d’ores-et-déjà décrédibilisé par les positions de l’exécutif américain depuis le 20 janvier 2025.
En effet, avec huit sous-marins nucléaires lanceurs d’engins et deux escadrons de frappes stratégiques, Paris et Londres disposent, ensemble, d’un potentiel théorique de frappes stratégiques parfaitement suffisant, pour tenir en respect le Kremlin ou tout autre agresseur, y compris pour protéger l’ensemble du périmètre européen, voire au-delà.
Cependant, depuis plusieurs années, les informations en provenance de Londres, au sujet de l’efficacité de la dissuasion britannique, font douter de son potentiel opérationnel réel, et donc, de son potentiel dissuasif.
Pourquoi la dissuasion britannique est-elle indispensable à l’émergence d’une architecture sécuritaire européenne, dans les années à venir ? Quels sont les symptômes qui entament, aujourd’hui, la crédibilité de Londres dans ce domaine ? Et comment les autorités britanniques pourraient répondre à ces inquiétudes, dans les délais nécessaires ?
Sommaire
Le rôle clé de la dissuasion britannique dans l’architecture sécuritaire européenne qui se dessine
La dissuasion britannique, qui forme avec celle de la France, les seules forces de dissuasion en Europe, s’appuie aujourd’hui sur une flotte de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins de la classe Vanguard.

Ce sous-marin de 150 m de long et de presque 16,000 tonnes en plongée, figure parmi les sous-marins les plus performants et les plus discrets de la planète, le rendant pratiquement indétectable, sauf accident, une fois en patrouille.
Le navire est armé de 16 missiles Trident II D5 conçus et construits par l’américain Lockheed Martin, armés chacun de 6 à 12 véhicules à trajectoire indépendante MIRV, transportant une tête nucléaire britannique Mk-4A RV/Holbrook de 100 kt, soit six fois la bombe d’Hiroshima.
Ainsi, un unique SSBN (acronyme anglophone du SNLE) britannique, transporte une puissance de feu suffisante pour frapper une centaine de cibles d’une charge nucléaire, soit un potentiel de destruction suffisant, à lui seul, pour dissuader la Russie de toute atteinte aux intérêts stratégiques britanniques.
De fait, ainsi présentée, la dissuasion britannique est parfaitement crédible et suffisante pour tenir en respect un adversaire stratégique, comme la Russie, comme l’est, dans le même temps, la France.
Dans le contexte actuel, marqué par le traumatisme des conséquences du revirement stratégique américain, à la suite d’une alternance démocratique, le basculement des européens vers une architecture de défense exclusivement européenne, se trouverait grandement facilité, si celle-ci reposait, en matière de dissuasion, sur une structure bicéphale équipotentielle, ou presque, entre la France et la Grande-Bretagne.

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Bonjour , petite question , vous évoquez le fait que Paris ne dérogera jamais au binôme rafale Armement nucléaire et au bas de l’article vous mentionnez la possibilité pour le Tempest d’emporter l’ASN4G , est ce à dire que ce nouvel armement ne serait plus exclusif au rafale ( et au SCAF ) ?
En tous cas il y aurait plus de chances de succès qu’avec une bombe gravitaire hors d’âge qui signerait sûrement ( avion furtif ou pas ) une mission sans retour pour le pilote.
C’est en effet mal expliqué dans l’article : c’est une question d’échelle de temps. A court terme, adapter asmpa-r sur le typhoon est hors de question : la France ne veut pas, et le coût investissement / durée opérationnelle efficace est trop faible pour les britanniques.
A échéance 2035/2040, le débat ASN4G peut être ouvert, si par exemple la France concent à céder le missile sans ses systèmes de communication / d’armement et peut être de navigation, ainsi, bien évidemment, de têtes nucléaires à Londres. Les ingénieurs U.K. auraient le temps de combler les vides technologiques pour 2040 pour une mise en œuvre sur Tempest. En outre, à cette échéance, nous avons émis l’hypothèse de l’emploie de M51 sur les Dreadnought . Si on autorise le M51, je vois mal comment s’arc-bouter sur l’asn4g..,
Il est assez probable (assez logique aussi) que la bombe B61 et le F-35A soient choisis (choix également des allemands, avec celui des Polonais qui ont aussi choisir le F-35A pour un jour, très désiré, faire partie des plans nucléaires de l’OTAN – et des Italiens, et des Belges et des Néerlandais).
C’est la solution commune à court terme la plus simple, pour ensuite se remettre à la « table à dessin » pour reconstruire une dissuasion à deux volets, ce dont ils sont parfaitement capables.
Pour les sous marins, c’est peut-être un peu tard, ou bien il faudrait attendre une refonte de la classe Dreadnought à mi-vie ?
Au delà, reste la question du coût : développer un nouveau SLBM + un missile nucléaire aéroporté. Et les têtes qui vont avec.
Vous n’évoquez pas les accords de Lancaster. Il n’y avait pas une coopération renforcée entre la France et la Grande-Bretagne sur ces aspects nucléaires ? Savez-vous ce qui a été réellement été mis en place ?
En dehors de la guerre des mines, et des missiles ANL/FMAM/FMC, il ne reste plus grand chose de Lancaster House.
L’installation EPURE pour la radiographie des armes, sous maîtrise d’ouvrage du CEA. C’est un moyen commun mais les utilisations sont segrégées.
Une structure bicéphale de dissuasion ne peut pas marcher.
Messieurs les Anglais tirez les premiers, après vous messieurs les Français, on préfère que Paris soit vitrifiée plutôt que Londres vous savez.
Bicéphale ne veut pas dire qu’elle implique une coordination directe entre les deux têtes. Mais qu’elle repose sur deux capacités autonomes, et indépendantes. Je n’ai pas trouvé de meilleur terme que bicéphale, mais si vous avez mieux, je suis preneur )
ce problème n’est pas uniquement lié à la marine anglaise, mais révélateur d’un mal profond qui ronge les armées anglaises depuis plusieurs années. entre la perte de motivation des militaires confrontés à de conditions de travail hallucinantes et de peu de reconnaissance de la nation et des matériels dans un état hallucinant (rappelez vous la réparation d’une pièce de SNA à la colle UHU ?) . cela mêne à des problèmatiques en cascade et à une décridibilisation de toute la chaine. nous y avons échappé, nous mêmes, mais merci J-Y le Drian face à un premier ministre, à l’époque, à l’ouest (sans faire de jeu de mots, il etait de nantes). il faudra longtemps à l’armée britannque pour se remettre au niveau qui était le sien il y 20/30 ans, si tant soit peu qu’elle y arrive ! dommage cela a toujours été des soldats valheureux et fiables.
Les passionnés de defense Britannique disent peut ou prou les mêmes choses. Il existe une solution, je ne sais pas si elle est futée: les M45 avaient le même diamètre que les missiles Trident. Je ne sais rien des raisons qui ont poussé au M51 et à l’accroissement de diamètre, mais il me semble que les M45 étaient crédibles. Si le reste n’est qu’une affaire d’électronique… Probablement pas, mais bon, c’est l’idée.
Par ailleurs, il y a ce sujet de missile sol-sol qui est aussi discuté.
Je crois que la solution a déjà été évoquée et qu’elle n’est pas envisageable d’un point de vue tant financier que délai et logistique…
Non, c’est un problème de refonte de toute la tranche missiles des SNLE, ce qui non seulement prendrait beaucoup de temps, uniquement pour remplacer les Trident et leurs tubes, par des M51.3, mais cela modifierait aussi le centrage même du navire. Or, si le centrage est déjà important pour un navire, il est critique pour un sous-marin, comme pour un avion, qui évolue en trois dimensions. Les risques de se retrouver dans une situation de type plongé incontrôlée, ou chavirage, sont bien réels.
Punaise j’espère que les Russes vous lisent pas ………