[FLASH] La Suède reçoit son premier Gripen E: quels gains opérationnels pour la Flygvapnet ?

La Suède a franchi un jalon majeur avec la remise du premier JAS 39 Gripen E aux forces. Comme l’officialise la FMV – Försvarets materielverk, l’appareil a été transféré à la Flygvapnet. Celle-ci désigne les forces aériennes suédoises, qui alignent aujourd’hui les versions C et D du Gripen. Ce passage vers l’itération E confirme la modernisation voulue par l’acheteur étatique et l’avionneur. L’annonce ouvre la phase d’intégration en escadron, avec les premières procédures d’appropriation et les validations associées. Elle s’inscrit dans une trajectoire de déploiement graduelle, qui convertira la flotte opérationnelle vers la nouvelle norme au rythme défini par l’agence FMV Suède.

Pour mesurer l’impact opérationnel, il faut d’abord situer cette remise dans la logique de montée en puissance. Le transfert amorce une séquence de formations, d’essais en environnement national et d’ajustements sur les soutiens. L’armée de l’air suédoise valide les procédures, puis étend progressivement l’emploi au sein des unités de première ligne. L’agence étatique coordonne ces étapes avec l’industriel, afin d’assurer la disponibilité et le flux des livraisons. Ce couplage entre exploitation et qualification accélère la bascule depuis les Gripen C et D. Il permet aussi d’optimiser les ressources, car chaque appareil livré apporte des retours d’expérience utiles à la mise en service suivante.

Sur le plan des capteurs, l’itération E apporte un gain décisif pour la détection et l’identification. Selon la Saab – Gripen E, l’appareil dispose du radar ES-05 Raven à antenne active à balayage électronique, dit AESA. Dans la gamme Saab Gripen, il combine ce radar avec le système de recherche et poursuite infrarouge, ou IRST Skyward G. La fusion de données croise ces sources, puis présente une image tactique consolidée au pilote. La suite de guerre électronique MFS-EWS détecte et brouille les menaces, ce qui renforce la survie en environnement contesté. Cet ensemble capteurs et guerre électronique démultiplie les options de combat, y compris en présence d’émissions ennemies intenses.

En propulsion, l’avion reçoit le réacteur GE F414G, qui améliore la poussée et la réserve d’énergie. D’après le constructeur, cette motorisation atteint environ quatre-vingt-dix-huit kilonewtons en postcombustion et soutient les manœuvres soutenues. L’itération E emporte aussi plus de carburant interne, avec un accroissement d’environ quarante pour cent par rapport aux C et D. Cette réserve prolonge l’endurance, ce qui étend le rayon d’action sans dépendre systématiquement du ravitaillement. Elle offre une marge utile pour l’emport d’armements lourds, tout en préservant la performance. Ce couple moteur carburant autorise des profils plus ambitieux, avec des transitions rapides entre interception, appui et surveillance aérienne prolongée.

ceremonie Gripen E CEO-Saab Micael Johansson General Baptista Jr General Edstrom
Le CEO de SAAB entouré des chefs de la Flygvapnet et du FMV lors de la remise du premier Gripen E aux forces aériennes suédoises.

Sur l’armement, le Gripen E accepte une charge supérieure à cinq tonnes, répartie sur dix points d’emport. Le constructeur mentionne l’intégration du missile air air longue portée Meteor, capable d’engager au-delà de la portée visuelle (BVR). L’avion emploie aussi des missiles à courte portée IRIS-T, adaptés aux combats à vue. Il peut emporter des munitions guidées air sol, ce qui ancre son profil polyvalent pour l’interdiction et l’appui. Cette flexibilité transforme la planification, car un seul vol pourrait enchaîner défense aérienne et frappe de précision. Elle renforce la dissuasion, qui repose sur des options crédibles face à des trajectoires adverses changeantes.

En survivabilité, la suite de guerre électronique MFS-EWS met en œuvre des capteurs d’alerte, des contre-mesures et des modes de brouillage. L’avion exploite ces effets pour réduire l’exposition, puis rompre l’accrochage des radars et missiles adverses. Cette approche permet d’approcher une zone défendue, ou de la contourner, selon la mission. Elle complète les performances cinétiques, qui ne suffisent pas toujours face aux menaces modernes. La capacité à opérer avec des émissions maîtrisées soutient aussi la discrétion radioélectrique. Elle se combine avec la fusion capteurs, afin d’aider l’équipage à choisir le moment opportun pour détecter, engager, ou se dégager.

En parallèle, l’avion est pensé pour la guerre en réseau et l’interopérabilité avec des partenaires. Le constructeur met en avant des liaisons de données sécurisées, qui partagent cibles et position de manière continue. Cette architecture fluidifie la coopération avec des alliés, y compris dans une logique OTAN Scandinavie. L’armée de l’air suédoise peut ainsi insérer des Gripen E dans des dispositifs combinés, puis mutualiser l’effort de surveillance. Cette circulation rapide de l’information raccourcit les boucles décisionnelles, ce qui accroît l’efficacité des moyens déployés. Elle optimise l’emploi des capteurs et des munitions, car chaque patrouille bénéficie des yeux et des bras de la force élargie.

Enfin, les gains pratiques se joueront dans l’appropriation par les escadrons, avec une transition maîtrisée depuis les C et D. Les premiers retours nourriront la documentation, puis consolideront les gestes de maintenance et de mission planning. La montée en puissance combinera entraînement, disponibilité et intégration de nouvelles capacités, afin d’aligner doctrine et outil. Cet enchaînement conditionnera l’atteinte de la capacité opérationnelle initiale, puis l’extension vers un emploi plus large. Il donnera au commandement des marges accrues pour répartir les rôles entre escadrons. Il confortera aussi l’ambition de la Suède, qui veut un outil crédible face à des environnements contestés au nord de l’Europe.

Conclusion

Au final, la remise du premier Gripen E confirme l’ouverture d’une nouvelle phase pour la Flygvapnet. Les apports en capteurs, en guerre électronique et en propulsion élargissent les options de l’aviation de combat suédoise. L’axe polyvalent, avec Meteor et IRIS-T, soutient la défense aérienne et la frappe de précision. L’intégration en réseau améliore l’interopérabilité, ce qui vaut pour la coopération avec l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) et les partenaires nordiques. Les étapes à venir concerneront la conversion d’unités, puis la validation de la capacité opérationnelle initiale, dite IOC. Elles mèneront vers la capacité opérationnelle finale, ou FOC, lorsque l’ensemble des standards et des volumes aura été consolidé.


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