Selon le site allemand Hartpunkt, la Bundeswehr se prépare à attribuer à une entreprise belge un système de camouflage multispectral stationnaire destiné à contrer la surveillance par drones et satellites, sans calendrier public communiqué. Cette orientation intervient alors que la diffusion d’images commerciales et la généralisation des capteurs infrarouges augmentent mécaniquement la probabilité de détection prolongée, en particulier lorsque les unités cessent leur mouvement. Elle s’inscrit, selon la presse spécialisée allemande, dans une stratégie plus large de renforcement de la protection, afin d’élever la sécurité des déploiements et de réduire l’exposition aux frappes à distance conduites après observation persistante.
La question opérationnelle dépasse la simple discrétion et touche désormais l’effacement partiel des signatures visibles et thermiques, comme l’ont montré les débats technologiques relancés en 2020 et les retours d’expérience en Ukraine en 2022. Les capteurs électro-optiques, les imageurs infrarouges et la veille spatiale ont bouleversé la tenue du terrain, en permettant de localiser un opérateur ou une position fixe en quelques minutes. Les initiatives nationales européennes, suisses notamment, explorent des combinaisons de leurres et de matériaux actifs pour contrer cette pression sensorielle. Le projet allemand de système stationnaire s’inscrit dans cette dynamique, avec un enjeu central de survivabilité et de continuité de manœuvre.
Du camouflage classique au camouflage multispectral face à la détection des drones
L’initiative allemande s’inscrit dans une longue continuité, depuis la combinaison ghillie employée au combat durant la première guerre mondiale jusqu’aux méta-matériaux récents évoqués en 2020. Comme nous l’avons détaillé ici-même, la rupture ne tient pas à une « cape » unique mais à des familles de solutions qui traitent le visible et l’infrarouge. Des matériaux chromogéniques modulés par un faible courant, des cristaux liquides thermochromiques et des structures capables de courber la lumière visent à réduire l’empreinte dans plusieurs bandes spectrales. Cette pluralité technique répond à la montée des capteurs imageurs et des traitements numériques.
La diffusion de drones de reconnaissance et de la surveillance satellitaire, y compris via des services commerciaux, a élevé la probabilité d’identification des positions immobiles, jusqu’ici moins exposées. D’après Hartpunkt, la force allemande prévoit un marché pour une solution stationnaire multispectrale, susceptible d’améliorer sensiblement la protection des déploiements. Les détails du contrat restent inconnus, mais l’objectif annoncé est d’empêcher l’adversaire de caractériser les équipements et d’interdire la localisation durable des unités. Le choix d’un équipement fixe confirme la priorité donnée aux emprises et positions logistiques.
Sur le plan pratique, les matériaux chromogéniques modifient leur rendu avec un courant de très faible intensité, ce qui offre un réglage fin dans le visible et l’infrarouge. Des approches par tuiles thermiques, déjà démontrées sur des véhicules, reconfigurent la signature apparente pour tromper l’identification. Par ailleurs, les cristaux liquides thermochromiques adaptent leur réponse à la température ambiante, ce qui allège les contraintes d’alimentation électrique. Enfin, les structures qui dévient la lumière restent directionnelles, qualité qui impose un emploi réfléchi selon les menaces et les angles d’observation.
Or un système stationnaire multicouche peut agréger ces briques, des filets à propriétés optiques contrôlées aux leurres thermiques, pour briser l’algorithme de détection. L’enjeu dépasse la couleur et porte sur l’alignement spectral avec l’environnement proche, afin de coller aux arrière-plans dans le visible et d’aplatir les gradients thermiques. De plus, la compatibilité avec des cycles jour nuit et la robustesse aux intempéries conditionnent l’efficacité durable. En conséquence, la trajectoire allemande vers un camouflage d’emprise semble logique, dans une guerre d’observation qui sanctionne les signatures répétitives et les émissions mal maîtrisées au repos.
Retours d’expérience ukrainiens et invisibilité thermique des positions
Les enseignements d’Ukraine ont précisé l’effet d’une exposition prolongée sous capteurs adverses, dès l’hiver 2022. Comme l’a décrit C4ISRNETen octobre 2022, des dispositifs AeroScope exploitant l’identification à distance ont localisé des opérateurs de drones en quelques minutes. Des programmeurs ont publié en mai 2022 un outil qui désactive l’identification, chargé via un boîtier dédié, pour casser la traçabilité en temps réel. Des instructeurs ont rappelé que des salves d’artillerie, y compris des Grad tirant quarante roquettes en vingt secondes, frappaient parfois en cinq à six minutes après la détection.
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