La proposition d’Indra est d’agréger digitalisation ouverte, cyberrésilience, optronique longue portée et « escudos antidrones » pour durcir la mobilité militaire par rail arrive alors que l’Union européenne hisse la mobilité et les transports militaires au rang de priorité. L’enjeu est limpide : rendre le réseau ferroviaire apte à soutenir des déploiements rapides, interopérables et sécurisés, y compris sous menaces. Mais la question de fond demeure entière : de tels dispositifs dual-use suffiront-ils à garantir la continuité des flux face à des campagnes de saturation par essaims de drones et salves de missiles, sans laisser les infrastructures civiles critiques à découvert, ni dépasser les capacités budgétaires et industrielles européennes ?
Sommaire
L’UE multiplie par dix les investissements mobilité face à des frappes conventionnelles de saturation
Le nouveau plan European Defense Readiness a multiplié par dix l’effort en faveur de l’adaptation de la mobilité et du réseau ferroviaire européens, afin de renforcer la capacité de mouvement des forces en temps de paix comme de crise, et d’améliorer l’interopérabilité entre États membres. Derrière ce saut capacitaire, se dessine une logique de continuité logistique : accélérer, sécuriser et rendre traçables des flux ferroviaires qui demeurent le vecteur obligé pour une large part des matériels lourds, depuis l’Ouest vers le flanc Est. Cette dynamique politique place, de facto, la modernisation ferroviaire au cœur de la résilience militaire européenne.
Cette priorité s’inscrit face à un contexte stratégique durci. Comme nous l’avons évoqué dans un article de septembre 2025, la Russie a intensifié les frappes conventionnelles coordonnant plusieurs centaines de drones et des dizaines de missiles, avec un objectif assumé de saturation. L’épisode de près d’une vingtaine de drones Geran ayant franchi l’espace aérien polonais, présenté comme accidentel par Moscou, relève d’une levée de doute stratégique. L’enjeu pour l’Europe n’est donc pas théorique : il s’agit d’absorber des séquences de frappes répétées sans rupture logistique ni discontinuité de service sur les nœuds ferroviaires et portuaires.
Dans ce contexte, le rail concentre l’attention. Le constat, rappelé par l’industriel, est prosaïque mais structurant : une large part des véhicules militaires lourds ne peut être transportée que par train. Si le maritime permet certains acheminements, la phase d’approche finale repose sur les infrastructures ferroviaires. D’où la volonté affichée d’unifier ports, bases et centres logistiques, pour réduire délais, frictions réglementaires et vulnérabilités opérationnelles. La mobilité militaire ferroviaire devient ainsi la colonne vertébrale de l’effort de défense continental, avec des exigences accrues en matière de sûreté et de cybersécurité.
Reste que l’Europe évolue sous contrainte. L’hétérogénéité des normes nationales, la sensibilité des réseaux électrifiés, et la dépendance croissante aux communications et au positionnement satellitaire, créent un espace de fragilité que des campagnes de saturation entendent précisément exploiter. L’impératif est double : durcir les systèmes de contrôle-commande et de signalisation contre les attaques cyber et brouillages, tout en augmentant la capacité de détection et de protection des emprises et itinéraires critiques. C’est sur ce terrain qu’Indra avance un bouquet technologique dual, combinant numérisation, résilience et protection active.
Digitalisation, ERTMS satellital, cyberrésilience et boucliers antidrones : le bouquet d’Indra
Indra présente à l’Union européenne un ensemble cohérent pour moderniser et sécuriser la mobilité militaire sur les infrastructures critiques, spécialement ferroviaires. L’objectif affiché est de lever les barrières logistiques, législatives et d’infrastructure par la digitalisation des procédures, la modernisation des équipements et l’harmonisation des normes. Au centre, une signalisation digitale ouverte, scalable et interopérable — Open Digital Signalling — doit optimiser la gestion du trafic, automatiser les processus administratifs et fluidifier les mouvements transfrontaliers au sein d’un écosystème européen unifié, dans une logique duale assumée.
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