Les Pays-Bas, avec plusieurs partenaires, ont renoncé à l’achat de six Boeing E-7A Wedgetail initialement destinés à reprendre la mission AWACS de l’OTAN. L’information, rapportée en Allemagne, actera une inflexion majeure de la trajectoire iAFSC de l’Alliance et rouvre un débat que l’on croyait tranché en 2023 : faut-il encore investir dans un avion d’alerte avancée lourd, coûteux et très visible, alors que la menace anti‑accès s’étend et que les finances publiques se contractent ?
Au-delà du coup de frein, c’est un dilemme stratégique qui se précise : poursuivre l’option E‑7 — opérationnellement pertinente, mais onéreuse et exposée — ou pivoter vers des architectures distribuées mêlant GlobalEye, essaims de drones et capteurs spatiaux. Dans cette perspective, l’angle utile est, selon nous, pragmatique et européen : diversifier les capteurs et consolider la résilience de la kill‑web, tout en conservant des capacités EAW de transition.
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Le retrait néerlandais rebat les cartes du remplacement AWACS de l’OTAN par l’E-7A Wedgetail
Selon Hartpunkt, les Pays‑Bas, avec un groupe de pays partenaires, renoncent à l’achat de six E‑7 Wedgetail destinés à l’AWACS de l’OTAN. La décision, qui intervient en pleine remise à plat du volet iAFSC, touche le cœur de la succession des E‑3A Sentry basés à Geilenkirchen, et injecte une incertitude capacitaire sur le calendrier et les modalités de remplacement. Au‑delà du symbole, c’est l’architecture de détection aéroportée de l’Alliance qui doit être réexaminée, à l’aune des coûts, de la maturité industrielle et de l’évolution des menaces à très longue portée, désormais structurantes pour tout choix relatif aux plateformes de commandement aérien avancé. Comme le rapporte Hartpunkt, l’abandon porte explicitement sur le lot de six appareils.
En 2023, l’OTAN avait annoncé son intention de commander six E‑7A Wedgetail à Boeing pour remplacer les quatorze E‑3A Sentry exploités par la NAEW&C depuis Geilenkirchen. Le financement relevait de l’iAFSC, avec la participation de huit États (États‑Unis, Allemagne, Danemark, Belgique, Luxembourg, Pays‑Bas, Norvège, Roumanie). Cette trajectoire, présentée alors comme logique au regard de la base installée de partenaires de l’E‑7, s’inscrivait dans une démarche de continuité transatlantique. D’après Opex360, l’E‑7 était le choix privilégié de l’Alliance à l’époque, au détriment du GlobalEye suédois initialement proposé.
Le Wedgetail dispose, par ailleurs, d’un socle d’opérateurs établi : Australie et Corée du Sud, ainsi que Turquie et Royaume‑Uni au sein de l’OTAN. Les États‑Unis avaient, eux, affiché l’intention d’en acquérir vingt‑six pour remplacer leurs E‑3A Sentry, ce qui a sans doute pesé dans l’arbitrage initial de l’OTAN. Toutefois, le signal néerlandais, en reconfigurant la perspective d’un lot commun de six appareils, expose le programme iAFSC à une renégociation de périmètre, voire à une réévaluation technico‑opérationnelle des alternatives.
Dans l’intervalle, la dynamique de marché reste mouvante : si le Wedgetail est un appareil éprouvé, le GlobalEye suédois s’est imposé en Scandinavie et dans le débat français. L’Alliance dispose donc de plusieurs options crédibles, mais hétérogènes par leurs coûts, profils de mission, empreintes logistiques et survivabilité. La décision néerlandaise renforce l’hypothèse d’un panier de solutions, plutôt que d’une plateforme unique, pour structurer une capacité EAW OTAN qui conjugue permanence de veille, résilience et interopérabilité.
Capacité EAW : du Sentry au Wedgetail, atouts techniques et exposition croissante
Le besoin de moderniser la détection aéroportée de l’OTAN s’enracine dans l’âge et la vulnérabilité croissante du modèle AWACS, alors que l’Alliance opère les E‑3A Sentry depuis la base de Geilenkirchen. Sur le plan technique, l’E‑7A Wedgetail se distingue par un radar AESA MESA, dont la portée est annoncée supérieure à 400 km, des contre‑mesures électroniques et un éventail complet de liaisons et communications (UHF, HF, VHF, Liaison 11/16, ICS, SATCOM). Ce socle confère une excellente capacité de détection et un effet de commandement embarqué, au service de la gestion tactique de l’espace aérien.
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