Suite à la destruction par la défense anti-aérienne syrienne d’un appareil Il-20 de renseignement électronique russe, Moscou a annoncé, par l’intermédiaire de son ministre de la Défense Victor Shoigou, le renforcement des capacités de défense anti-aérienne de son allié Syrien avec la livraison d’une batterie S-300. En outre, ce dernier à également déclaré que tout adverse des forces syriennes verrait désormais ses communication et radars brouillés par les systèmes de guerre électronique russes.
La livraison de batteries S300 au régime syrien devait avoir lieux initialement en 2013, mais les protestations et menaces israéliennes avait contraint Moscou à suspendre le projet. Mais l’erreur d’identification ayant entrainé la destruction de son appareil et la mort de 15 de ses militaires, et l’implication des F16 Israéliens dans cet incident, fourni le parfait prétexte désormais pour effectuer la livraison, sans que l’Etat hébreux ne puisse trop ouvertement jouer la carte de la menace syrienne.
Toutefois, si la mesure est symbolique, on ignore sa portée véritable pour le moment. En effet, on ignore pour l’heure quelle version du S-300 sera effectivement livrée aux syriens, sachant que les performances du système sont très variables en fonction des éléments qui le compose. En outre, ce système est très bien connu des israéliens qui a pu l’expérimenté grâce à une batterie prêtée par la Grèce dans les années 2000. De fait, le choix du S-300 est un compromis visant essentiellement à protéger les avions russes d’une nouvelle méprise, le S-300 étant bien plus sophistiqué que le S-200 de ce point de vue.
L’annonce concernant le brouillage systématique des communications et moyens de localisation des « adversaires » du gouvernement syrien est, en revanche, potentiellement plus problématique, et plus dangereuse. En effet, jusqu’à présent, les appareils de la coalition, mais également syriens, russes, israéliens et turcs qui évoluent au dessus de la Syrie, parviennent à éviter les incidents et les accidents grâce a des procédures de séparation parfaitement établies. Le brouillage russe entrainant très probablement, en riposte, un brouillage de la coalition et potentiellement des israéliens, pourra engendrer des écarts de positions et de mauvaises interprétations de la nature des aéronefs évoluant dans le ciel syrien. Et si la défense antiaérienne syrienne, croyant faire feu sur des avions israéliens, venaient à abattre un appareil de la coalition, les conséquences pourraient être rapidement hors de contrôle, dans un espace ou, désormais, la majorité des appareils emportent systématiquement des missiles air-air.
Plus que jamais, le ciel syrien reste donc une zone de tensions intenses, même avec la disparition prochaine de l’Etat Islamique, et les risques de dérapages y sont particulièrement élevés.