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  • Programme MGCS : l’heure des mauvaises solutions se rapproche pour la France

    Programme MGCS : l’heure des mauvaises solutions se rapproche pour la France

    Il n’y a de cela que quelques semaines, la planification française au sujet de sa flotte de chars de combat, demeurait ancrée sur un début des livraisons en 2035, visée par le programme franco-allemand Main Ground Combat System ou MGCS, qui devait permettre de remplacer les Leclerc français comme les Leopard 2 allemands à cette échéance.

    Cette posture avait alors de quoi surprendre, et même inquiéter, puisque de nombreuses déclarations outre-Rhin semblaient faire état d’un probablement glissement du programme au-delà de 2040, et plus probablement de 2045.

    Il y a tout juste un mois, l’acquisition par la Bundeswehr de 18 Leopard 2A8, une nouvelle version du char allemand, champion des exportations depuis le milieu des années 80, donna beaucoup de poids aux différentes déclarations allemandes au sujet du calendrier de MGCS, ceci amenant le Chef d’État-Major de l’Armée de terre, le général Pierre Schill, à envisager une possible extension de vie du Leclerc français pour atteindre cette échéance de 2045, lorsque interrogé par un député de la commission défense de l’Assemblée Nationale.

    La menace du Leopard 2A8 sur le programme MGCS

    Depuis cette annonce, il y a juste 2 semaines, le contexte entourant le programme MGCS a une nouvelle fois sensiblement évolué, puisque la République Tchèque a annoncé avoir mandaté sa ministre de la Défense pour acquérir 70 des nouveaux Leopard 2A8 allemands dans le cadre de la modernisation de ses armées.

    En outre, plusieurs autres forces armées, notamment en Europe, avec les Pays-bas et probablement l’Italie, semblent également en lice pour acquérir le nouveau blindé de Krauss Maffei Wegmann.

    Cette dynamique, pour peu qu’elle se prolonge et s’intensifie, risque fort, en effet, de bouleverser en profondeur le marché adressable export du programme MGCS lorsque le char entrera en service en 2045, tout en confortant KMW dans son ambition de concevoir une nouvelle version du char encore plus avancée, le Leopard 2AX, que l’on imagine aisément faire la synthèse du A8 et des avancées technologiques réalisées par Rheinmetall avec le KF51 Panther, ce dernier voyant les opportunités commerciales s’éloigner à mesure que les succès du Leopard 2 qui se multiplient.

    Le programme MGCS est menacé par le KF-51 Panther de Rheinmetall
    L’hypothèse d’une fusion des programmes Leopard 2 et KF51 pour donner naissance au Leopard 2AX, a du sens alors que le marché adressable par Rheinmetall avec le Panther tend à se réduire alors que le Leopard 2A8 progresse

    Bien évidement, une telle hypothèse serait des plus problématique pour l’Armée de Terre, mais également pour Nexter et même pour le programme MGCS. En effet, si une nouvelle version hybride du Leopard 2 avec le Panther venait à émerger, il est probable que celle-ci rencontrerait un important succès sur la scène internationale.

    Il s’agirait de remplacer les flottes de Leopard 2A4 encore en service, mais également en Allemagne, d’étendre le potentiel opérationnel de la Bundeswehr, et éventuellement remplacer ou moderniser les Leopard 2A6 actuellement en service vers ce standard bien plus performant.

    Dès lors, même l’échéance de 2045 actuellement considérée viendrait à être menacée, puisque les nouveaux blindés livrés auront une durée de vie opérationnelle au moins égale à 30 ans, amenant l’échéance de leur remplacement au-delà de 2055.

    Pour l’industrie allemande et la Bundeswehr, une telle évolution est neutre, et même positive puisqu’elle permet de se saisir à nouveau d’un marché de manière autonome avec des investissements réduits tout en conférant aux armées des matériels modernes et performants.

    La France en position difficile

    La situation est tout autre pour la France, qui risque fort de devoir faire face, dans des délais relativement courts, à des options concernant le devenir de sa flotte de chars comme de son industrie défense dédiée aux blindés lourds, dont aucune n’est satisfaisante, bien au contraire.

    Au demeurant, ici, le Ministère des Armées comme l’Armée de Terre auront trois possibilités, prolonger les Leclerc, développer un nouveau char ou acheter un blindé sur étagère. Comme nous le verrons, chacun d’elle repose sur bien plus de contraintes que d’opportunités.

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    Pour l’industrie allemande, un nouveau report de MGCS lié au succès du Leopard 2, ne serait certainement pas une mauvaise alternative

    La première solution n’est autre que celle déjà envisagée par le général Schill concernant le report du programme MGCS de 2035 à 2045, à savoir l’extension de vie des Leclerc. Or, si l’hypothèse avait déjà fait plus que sourciller les spécialistes du sujet, lorsque évoquée par le CEMAT, elle n’a, pour ainsi dire, aucune chance de constituer une alternative efficace pour atteindre 2055 ou au-delà.

    En effet, les blindés en service en France, peu nombreux, sont souvent sollicités, et donc éprouvés par 25 années de service. De fait, la prolongation de la flotte se fera non seulement au détriment de son efficacité, mais également de sa masse, l’attrition par usure exagérée venant éroder le parc de manière certaine au fil des années à venir.

    En outre, les possibilités d’évolution du Leclerc sont limitées, sauf à procéder à une profonde refonte comme dans le cas du Leopard 2AX allemand ou du Challenger III britannique.

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    Non seulement l’hypothèse n’est pas satisfaisante pour les armées, mais elle ne l’est pas non plus du point de vue industriel et technologique. En effet, contrairement à KMW, Nexter n’a plus la possibilité de fabriquer des Leclerc aujourd’hui, et ne peut dès lors ni concevoir un char neuf modernisé basé sur ce modèle comme c’est le cas du Leopard 2A8, et encore moins l’exporter, de sorte à maintenir ses compétences et ses savoir-faire dans le domaine.

    Dans ce contexte, en 2035/40, lorsque le programme MGCS pourrait être éventuellement relancé, Nexter pourrait bien avoir perdu de nombreux savoir-faire critiques dans ce domaine, alors que le parc visé par Paris ne justifiera probablement pas un partenariat comme aujourd’hui pour Berlin et les industriels allemands.

    Dit autrement, la prolongation des Leclerc de l’Armée de Terre pourrait sonner le glas des capacités de l’industrie française à concevoir des chars de combat, et plus globalement, des blindés lourds chenillés.

    MGCS Konzept 130 mm Turm ohne BEsatzung 211361 1 Rheinmetall PS Général Pierre Schill CEMAT
    Si le succès du Leopard 2A8/AX venait à se confirmer, il est probable que le programme MGCS devra être annulé, car la prochaine opportunité de marché pour un remplacement des chars lourds occidentaux n’interviendra pas avant 2055

    Achat sur étagère ou programme intermédiaire

    La situation est sensiblement la même dans l’hypothèse d’une acquisition sur étagère, par exemple du futur Leopard 2AX allemand. Certes, dans ce cas, l’Armée de terre disposera effectivement de chars modernes et neufs, pouvant aisément atteindre l’échéance de 2055, voire 2060, ce qui permettrait à la France et à l’Allemagne d’évoluer de concert sur le même calendrier opérationnel.

    En revanche, comme précédemment, les industriels allemands n’auraient tout simplement aucun intérêt à collaborer avec une industrie française qui n’aura plus conçu de blindés lourds chenillés modernes, et plus spécifiquement de chars lourds, depuis plus de 40 ans, et aura donc sans le moindre doute perdu l’immense majorité de ses compétences dans ce domaine.

    En outre, il convient de rappeler qu’un échec de MGCS aurait des conséquences dépassant largement ce seul programme, puisque coté allemand, il a toujours été clair que les programmes SCAF et MGCS étaient liés, notamment concernant le partage industriel entre la France et l’Allemagne.

    La troisième et dernière alternative permettrait de résoudre les deux problèmes identifiés ici. En effet, en développant un char de génération intermédiaire français, non seulement l’Armée de Terre bénéficierait d’un équipement efficace, moderne et surtout, neuf, mais l’industrie de défense aurait l’activité requise pour maintenir et même accroitre ses compétences jusqu’à lé nouvelle échéance de MGCS.

    Malheureusement, une telle solution, rapportée à un parc de 200 ou 250 chars, serait extraordinairement onéreuse, et viendrait nécessairement handicaper de nombreux programmes en cours ou à venir indispensables à la modernisation des armées françaises.

    En outre, face au K2/K2PL coréen, au Leopard 2A8/AX allemand, au T-90M russe, au VT-4 chinois, ainsi qu’à l’Altay turc et au M1A2 américain et à son possible successeur, le marché adressable à l’exportation d’un tel char, qui ne serait disponible qu’au début de la prochaine décennie, sera des plus réduits.

    tank k2 chernaya pantera 07 PS Général Pierre Schill CEMAT
    Le temps nécessaire au développement d’un nouveau char lourd français aboutera probablement à une disponibilité sur un marché en grande partie renouvelé et donc saturé

    L’Armée de terre et Nexter menacés

    Or, et c’est bien là tout le paradoxe mis en avant dans un récent article du spécialiste des blindés français marc Chassillan qui se veut volontairement provocateur, de tels investissements et contraintes budgétaires ne se justifient pas en France au regard de la composition de la flotte de blindés lourds de l’Armée de Terre, particulièrement réduite, et donc n’apportant qu’une plus-value de représentation alors que la plus-value opérationnelle, elle, est portée par d’autres capacités comme l’infanterie motorisée, les unités légères de l’Armée de Terre ou l’artillerie à longue portée.

    De fait, tant que l’Armée de terre, dans sa planification, ne considèrera pas le char lourd comme une composante majeure de son action opérationnelle et visera donc une flotte plus imposante, consentir à de tels investissements n’aurait, dans ce contexte, tout simplement aucun sens.

    On le voit, les scénarios qui se dessinent aujourd’hui pour l’Armée de terre et le Ministère des Armées, sont loin d’être satisfaisants. Une solution, au-delà de l’abandon industriel total et opérationnel partiel dans le domaine des chars lourds, pourrait reposer, comme nous l’avons déjà évoqué, sur la conception d’un blindé de combat dédié à la haute ou la très haute intensité, sans être un char lourd.

    Ce char « moyen » braderait la protection offerte par le lourd blindage passif, au profit de celle offerte par la conjonction d’une grande mobilité, de systèmes de protection actifs, y compris hard-kill, et par des systèmes de camouflage multispectraux, répondant efficacement aux besoins, mais également à la doctrine de l’Armée de Terre.

    Il permettrait en outre de maintenir et de développer les compétences industrielles et technologiques, et évoluant sur un marché export relativement vierge, comme le fit le CAESAR avant lui.

    Canon Automoteur CAESAR francais en Irak PS Général Pierre Schill CEMAT
    L’audace conceptuelle ayant donné naissance au CAESAR pourrait être reproduite pour concevoir un char moyen dédié à la très haute intensité pour l’Armée de terre

    Reste qu’un tel projet ne serait pas, lui non plus, dénué de risques, en l’absence de données objectives sur sa possible efficacité au combat, mais également sans connaitre l’attractivité du blindé sur la scène internationale, les armées de tous les pays partageant une même valeur, le conservatisme.

    Une décision du Ministère des Armées est nécessaire

    On doit ainsi garder à l’esprit que le pourtant très original et prometteur Terminator BMPT russe, dans sa version 1 ou 2, n’a ni convaincu les armées russes elles-mêmes, ni les clients exports. En dehors d’une démonstration non équivoque des performances du blindé au combat, son potentiel export doit donc être considéré comme réduit, ce qui tend à en réduire l’intérêt.

    Une chose est certaine, cependant. Si aucune des hypothèses n’est ici pleinement satisfaisante ni dénuée de risques et de couts, il sera toutefois indispensable d’en choisir une, car en l’absence d’une solution alternative au Main Ground Combat System préalablement préparée, la France n’a plus, aujourd’hui, la possibilité de peser sur le déroulement de ce dossier.

    Dès lors, il ne s’agit probablement pas, ici, de choisir la solution la plus économique ni la plus performante militairement, mais la plus équilibrée, quitte à devoir prendre certains risques industriels comme opérationnels.

    Nous verrons bien, et ce, dans un avenir relativement proche, à quel point les autorités françaises sauront résoudre cette difficile et pourtant inévitable équation.

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  • L’Armée de Terre veut prolonger ses chars Leclerc jusqu’en 2045 malgré les risques opérationnels et industriels

    L’Armée de Terre veut prolonger ses chars Leclerc jusqu’en 2045 malgré les risques opérationnels et industriels

    Alors que plusieurs signes laissent présager d’un glissement du programme MGCS au delà de 2040, l’Armée de terre envisage de prolonger ses chars Leclerc jusqu’en 2045 au besoin, ce en dépit des nombreux risques qu’un telle décision engendrerait.

    Si la question de la modernisation et l’extension du segment lourd des forces armées terrestres est au coeur de nombreux débats publics en Europe, en France, le sujet a été passé sous silence pendant de nombreux mois, y compris lors de la présentation de la future Loi de Programmation Militaire 2024-2030.

    Ainsi, alors qu’outre-Rhin, industriels et militaires se sont accordés pour décaler de 10 ans (au moins) le calendrier du programme franco-allemand Main Ground Combat System devant remplacer les chars allemands Leopard 2 et français Leclerc initialement pour 2035, aucune prise en compte officielle de cet état de fait n’avait été effectuée, ou tout du moins communiquée.

    C’est désormais chose faite, et la solution retenue par l’Etat-major français, n’est pas sans poser plusieurs interrogations critiques quant au devenir des armées et de l’industrie de défense françaises.

    Interrogé par le député LFI-Nupes des Hauts de seine Aurélien Saintoul lors des audiences de la commission défense de l’assemblée nationale autour de la nouvelle Loi de Programmation Militaire, le chef d’Etat-major de l’Armée de Terre, le général Pierre Schill, a en effet indiqué à la représentation nationale qu’il entendait étendre la durée de vie des chars Leclerc jusqu’en 2040 voire 2045 pour faire la jonction avec le programme MGCS.

    Pour y parvenir, le CEMAT a précisé qu’il faudrait moderniser les blindés, au travers de la numérisation de la tourelle, de la modernisation du viseur et de la pérennisation du moteur.

    En revanche, aucune référence n’a été faite à certaines nouvelles capacités retenues par d’autres pays comme l’Allemagne avec le Leopard 2A8 ou la Grande-Bretagne avec le Challenger 3, notamment l’ajout d’un système de protection actif hard-kill ou de capacités complémentaires à l’armement principal, comme l’ajout de missiles, de drones ou d’un tourelleau à fort débattement pour engager la menace drone.

    On notera également qu’aucun calendrier n’a été proposé pour cette nouvelle modernisation du Leclerc, alors même que la modernisation actuelle, qui consiste à ajouter le système Scorpion à ce char qui n’a presque pas évolué depuis les années 90, est déjà entamée.

    L'armée de terre pourrait devoir prolonger ses chars Leclerc jusqu'en 2045 face au glissement du programme MGCS
    L’Armée de Terre veut prolonger ses chars Leclerc jusqu’en 2045 malgré les risques opérationnels et industriels 15

    De fait, le général Schill, comme le chef d’Etat-major des Armées le général Thierry Burkhard avant lui, a exclu toute possibilité de doter l’Armée de terre d’un char de combat de génération intermédiaire qui aurait permis non seulement de renforcer les capacités d’engagement de l’Armée de Terre en matière de combat de haute intensité, mais également de constituer une alternative efficace si le programme MGCS venait à être annulé, comme cela a déjà été le cas des programmes franco-allemands d’artillerie CIFS, de patrouille maritime MAWS et plus récemment, de l’hélicoptère de combat Tigre III.

    Au delà de ces risques pourtant déjà clairement caractérisés, la décision de l’Etat-Major français va probablement créer d’importantes menaces sur l’industrie de défense française et le maintien de ses compétences dans le domaine des blindés lourds, tout en entérinant, probablement de manière définitive, le basculement de la France d’un statut de nation cadre et protectrice en Europe, à celui d’une nation protégée par ses alliés formant un tampon entre le territoire nationale et le bloc russe.

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    Il faut dire que dans cette décision, plusieurs forces sont à l’oeuvre concomitamment. D’un coté, l’Etat-major français est caractérisé depuis de nombreuses années par la sur-représentation des forces de projection légères comme les troupes de marines, les unités parachutistes et la légion étrangère, au détriment des capacités de ligne, comme la cavalerie lourde, l’infanterie mécanisée ou encore l’artillerie, alors que les armes de soutien (génie, transmission, train ..) n’ont presque jamais eut droit de citer à des postes clés.

    De fait, la doctrine française met largement l’accent sur ces capacités faisant appel à une grande mobilité et une haute autonomie opérationnelle, plutôt qu’à la puissance de feu ou la protection sous blindage. A ce titre, si l’Armée de Terre française est, proportionnellement parlant au PIB ou à la population du pays, l’une des moins bien dotées en matière de chars lourds et de blindés chenillés en Europe, elle dispose en revanche du plus important parc de blindés médians sur roues, allant du VBCI au VAB, ces derniers étant aujourd’hui remplacés par la gamme Scorpion (Jaguar, Griffon, Serval).

    VBMR Griffon Mali PS Général Pierre Schill CEMAT
    L’Armée de Terre veut prolonger ses chars Leclerc jusqu’en 2045 malgré les risques opérationnels et industriels 16

    Dans le même temps, l’exécutif, quant à lui, a fait le choix de ne pas modifier le format définit par le Livre Blanc de 2013 pour les Armées lors de la LPM 2017-2025, mais également lors de la LPM 2024-2030 à venir, qui préserve une force opérationnelle terrestre composée de 2 divisions, forte de 77.000 militaires et disposant de seulement 200 chars, 110 pièces d’artillerie de 155mm, et 13 lance-roquettes à longue portée en matière de moyens lourds, mais de presque 4000 blindés sur roues appartenant au segment médian.

    Pourtant, ce format avait été conçu pour la projection de puissance dans un contexte international sans commune mesure avec le présent sur des théâtres de faible intensité et de guerre hybride, ce pourquoi nombreux observateurs jugeaient dés 2014 après l’annexion de la Crimée par Moscou, qu’il était déjà obsolète.

    En outre, de nombreux faisceaux laissent penser que l’exécutif permet désormais l’amputation de certaines capacités industrielles clés pour l’autonomie stratégique française, au profit d’une plus grande intégration européenne.

    En effet, d’un point de vue opérationnel, la décision annoncée par le général Schill, confirme que désormais, la France n’entend plus jouer le rôle de nation cadre dans la défense européenne au sein de l’OTAN, les moyens de l’Armée de Terre en 2030 étant, dans l’état actuel des projections, 6 fois plus réduits que ceux dont devrait disposer l’Armée de terre polonaise, et au niveau d’un pays comme la Roumanie, dont le PIB est pourtant 9 fois plus faible que celui de la France.

    Impossible, dans ces conditions, que la France puisse revendiquer un statut quelconque au sein de l’OTAN, d’autant que contrairement à la Grande-Bretagne qui a fait le choix assumé de la spécialisation de ses forces en sacrifiant une partie de la British Army au profit de la Royal Navy et des capacités de soutien, la France ne s’est engagée dans aucune trajectoire similaire en dehors du renforcement de sa propre dissuasion qui, rappelons le, n’est pas partagée dans le cadre de l’OTAN.

    De même, en admettant que la guerre ne pourra arriver jusqu’au sol français, l’Etat-major entérine sa dépendance à la protection que devront assumer les pays d’Europe de l’Est mais aussi l’Allemagne et l’Italie, pour protéger ses frontières.

    De nation protectrice lors de la guerre froide, la France se dirige donc, dans le domaine conventionnelle, vers une nation protégée. Mieux vaut, dans ces conditions, éviter de commenter les acquisitions de nos alliés, même lorsque ces derniers choisissent de se tourner vers les Etats-Unis ou Israel pour renforcer leurs capacités défensives.

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    Outre cet aspect qui conduit de manière presque irrémédiable à l’abandon définitif de l’autonomie stratégie française héritée du gaullisme, la prolongation des Leclerc va également faire peser une menace existentielle sur l’industrie de défense terrestre française.

    Rappelons en effet que si aujourd’hui, celle-ci est sous tension pour produire les blindés du programme Scorpion, elle n’aura en revanche, dans la planification actuelle, aucune activité industrielle significative entre 2035 et 2045, au delà de la maintenance et modernisation du parc existant, notamment de la flotte de VBCI.

    Une telle période d’inactivité va immanquablement engendrer des pertes de compétences importantes au sein des grandes entreprises de ce secteur comme Nexter ou Arquus, mais également l’effacement quasi-définitif de la France sur le marché international des blindés lourds, pour ne plus s’appuyer que sur la marché allemand dans le cadre du programme MGCS.

    Dit autrement, non seulement l’industrie va perdre des compétences et peut être même des infrastructures indispensables à l’autonomie stratégique du pays, mais elle se coupera d’une partie de son porte-feuille clients au profit de l’Allemagne, de la Corée du Sud ou encore de la Turquie.

    Pourtant, les industriels eux-mêmes, Nexter, Thales ou encore MBDA en tête, n’ont pas manqué de promouvoir des solutions alternatives pour palier ces risques tant industriels que capacitaires.

    Ainsi, comme abordé la semaine dernière, le PdG de Nexter, Nicolas Chamussy avait clairement positionné le démonstrateur EMBT comme une solution de transition pour l’Armée de Terre, mais également pour l’industrie de défense nationale, face au report du programme MGCS.

    Rappelons à ce titre que ce report, imposé par Berlin, résulte de considérations purement industrielles pour préserver le marché adressable à court terme de KMW avec le Leopard 2AX et de Rheinmetall avec le KF-51 Panther, de sorte à bloquer le chemin au K2 sud-coréen ainsi que de l’Altay turc, le cas échéant. Pour Paris, visiblement, la défaite sur ce marché est d’ores et déjà consommée faute de volonté de se battre.

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    Au delà des conséquences déjà plus que significatives de l’arbitrage de l’Etat-major et de l’exécutif français autour du parc de chars de l’Armée de terre, cet épisode est également la parfaite démonstration de l’obsolescence des processus encadrant la programmation militaire dans le pays, marqués par l’absence presque totale de débat et d’avis contradictoire, voire par une culture marquée du fait accompli aux mains d’un nombre réduit d’individus à l’agenda parfois opaque.

    Ainsi, le diagnostique des menaces (Revue stratégique), l’analyse des solutions envisageables pour les neutraliser (Livre Blanc), l’arbitrage politique et budgétaire (Loi de programmation militaire), et même le contrôle de l’exécution du processus, sont effectués par un cercle restreint le plus souvent à huis clos, ceci ayant donné, par exemple, des aberrations comme dans le cas de la rédaction du Livre Blanc 2013 obsolète avant même que l’encre d’imprimerie n’avait séché.

    Il s’agit, incontestablement, d’un des processus de planification les moins démocratiques et ouverts de l’ensemble des grandes démocraties mondiales, ceci expliquant d’ailleurs en partie l’absence d’intérêt d’une majeure partie de l’opinion publique française pour les questions de défense. Quoiqu’il en soit, aujourd’hui, la messe semble dite, et les recours presque inexistants pour tenter d’infléchir la trajectoire visée tant dans le cadre de la Loi de Programmation que du pilotage de l’industrie de défense.

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  • Quelles sont les forces et faiblesses de l’Armée de terre française ?

    Quelles sont les forces et faiblesses de l’Armée de terre française ?

    Lors de son audition devant la commission des affaires étrangères et de La Défense du Sénat, le Chef d’Etat-Major de l’Armée de Terre (CEMAT), le général Schill, a déclaré qu’il serait prioritaire de redonner à son armée des capacités accrues en matière d’artillerie et de défense anti-aérienne rapprochée à l’occasion de la prochaine Loi de Programmation Militaire. Il est vrai, et nous avons à plusieurs reprises abordé le sujet dans nos lignes, que ces deux domaines font parti aujourd’hui des points faibles de l’Armée de Terre, en particulier pour s’engager dans un conflit de haute intensité. Mais à travers les déclarations du Général français, et le constat de la réalité des forces en présence notamment face à un adversaire puissant, l’Armée de Terre, si elle dispose de qualités et de forces intrinsèques particulièrement notables, souffre dans le même temps de faiblesses importantes. Dans cet article, nous allons aborder les deux sujets, afin de comprendre les enjeux programmatiques à venir dans un contexte international particulièrement tendu.

    Des capacités opérationnelles avancées et parfois uniques

    Il est commun de dénigrer systématiquement les Armées françaises, et notamment l’Armée de Terre, en particulier lorsque l’on veut la comparer à d’autres forces comme l’Armée russe. Pourtant, celle-ci dispose de nombreux atouts propres, constituant des plus-values opérationnelles importantes sur le champs de bataille. On pense naturellement à l’excellent niveau opérationnel des hommes qui composent la Force Opérationnelle terrestre, le bras armé de l’Armée de Terre, rompus au combat avec de nombreux engagements au Moyen-Orient et en Afrique. A l’exception de la British Army, et des Armées russes, aucune force armée en Europe n’affiche un tel aguerrissement et savoir-faire au combat de ses personnels, une donnée critique lors d’engagement notamment de haute intensité.

    VBMR Griffon Mali PS Général Pierre Schill CEMAT
    Le remplaçant du vénérable VAB, le VBMR Griffon, est depuis peu déployé en opération extérieure au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane. L’Armée de terre est l’une des armées disposant du meilleur taux de mobilité sous blindage au monde.

    En outre, l’Armée de Terre française dispose du plus grand nombre de véhicule blindé en Europe et dans l’OTAN, en dehors des Etats-Unis. Avec plus de 3000 véhicules de transport de troupe blindés et véhicules de combat d’infanterie, épaulés par plus de 1200 véhicules blindés légers, l’Armée de Terre dispose du plus haut taux de transport sous blindage pour ses forces, lui conférant une mobilité au feu sans aucune équivalence en Europe. Même les forces russes, avec pourtant plus du double d’APC (Transport de troupe blindés) et de VCI (véhicule Combat d’Infanterie) en ligne, n’atteint pas la moitié de ce taux français. En outre, au delà de ses chars lourds Leclerc en nombre insuffisant, l’Armée de terre dispose également de nombreux véhicules de combat légers automoteurs, comme les chars légers AMX-10RC et son successeur l’EBRC Jaguar, augmentant encore cette composante qui offre une capacité de manoeuvre blindée inégalée.

    Dans le domaine de l’aeromobilité, l’Armée de Terre dispose également d’une flotte d’hélicoptères de manoeuvre conséquente de plus de 100 NH-90, Puma et Cougars, ainsi que d’un savoir faire avéré dans ce domaine, toujours au profit d’une manoeuvre se voulant fulgurante et décisive. Enfin, elle aligne plusieurs régiments hautement spécialisés, dans l’assaut amphibie, l’engagement en milieu montagneux, l’assaut aéroporté et le renseignement, lui conférant des capacités de réponse spécifiques de très haut niveau, parfois même enviées par nos plus puissants alliés. Dans ces conditions, on peut penser que l’Armée de Terre est aujourd’hui largement à niveau pour soutenir la comparaison avec les armées du théâtre européen et méditerranéen. Malheureusement, elle souffre également d’importantes faiblesses héritées de 25 années de laisser-aller budgétaire et capacitaire.

    Des faiblesses capacitaires significatives

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    Comme l’a souligné le Général Schill, deux des plus importantes faiblesses capacitaires actuelles de l’Armée de terre, pour répondre aux besoins de l’engagement de haute intensité, se concentrent sur les domaines de l’Artillerie et de la défense antiaérienne. En matière d’artillerie, pourtant un des points forts de l’Armée française depuis le 15ème siècle, la situation est effectivement critique, avec seulement 77 systèmes CAESAR en service et une poignée de Lance-roquettes unitaires ou LRU, épaulés de mortiers tractés de 120mm et de quelques dizaines de canons automoteurs AUF1 hérités de la guerre froide et plus à même de mener des engagements modernes. Rapporté aux effectifs de la Force Opérationnelle terrestre, le taux de pièces d’artillerie des forces françaises est 5 fois moindre que celui des forces russes, un écart de puissance très significatif, aggravé qui plus est par le manque de capacité à moyenne et longue portée.

    Canon Automoteur CAESAR francais en Irak PS Général Pierre Schill CEMAT
    Le CAESAR a montré son efficacité et sa précision en opération extérieure. Mais avec seulement 77 pièces en service, l’Armée de terre a un coefficient d’appui d’artillerie 5 fois inférieur à celui de l’Armée russe.

    La situation est encore pire dans le domaine de la défense anti-aérienne rapprochée. En effet, en l’absence de menace réelle, l’Armée de terre a progressivement abandonné ses capacités d’autodéfense et de détection dans ce domaine, au profit de la simple utilisation de missiles d’infanterie Mistral, certes performants mais incapables de répondre aux besoins d’une guerre de haute intensité dans leur configuration actuelle. Il n’existe d’ailleurs à ce jour aucun programme destiné effectivement à répondre à cette menace de plus en plus prégnante avec l’arrivée des drones et des munitions vagabondes, ou dans le domaine de la défense C-RAM contre les missiles de croisière, les roquettes et les obus d’artillerie et de mortier. En d’autres termes, aujourd’hui, en l’absence d’une protection dans ce domaine offerte par un éventuel allié, les unités françaises engagées dans une conflit de haute intensité seraient très vulnérables à la majorité des frappes et menaces aériennes.

    Ces deux dimensions sont effectivement critiques, mais elles ne constituent pas les seules faiblesses capacitaires de l’Armée de terre nécessitant une réponse rapide. Ainsi, si elle dispose de nombreux blindés, ceux-ci manquent de puissance de feu, notamment pour ce qui concerne les 650 VBCI de combat d’Infanterie équipés seulement d’un canon de 25mm bien trop léger pour faire face aux canons de 35, 40 voire 57mm dont sont équipés les autres VCI modernes. En outre, désormais, la majorités des tourelles de VCI se voit adjoindre des missiles antichars pour accroitre cette puissance de feu, missiles qui là aussi font défaut aux VBCI français. Il en va de même pour les transport de troupe blindés, y compris les nouveaux Serval et Griffon, qui ne seront équipés, dans le meilleur des cas, que d’un tourelleau armé d’une mitrailleuse lourde ou d’infanterie, là ou les APC russes se voient équiper de mitrailleuses lourdes ou de canons légers.

    VBCI Mali PS Général Pierre Schill CEMAT
    Mobile et performant, le VBCI a fait merveille au Mali. En revanche, son faible blindage et don canon de 25mm semblent insuffisants dans un contexte de haute intensité

    Outre le manque de puissance de feu, les blindés français sont également vulnérables, si ce n’est en s’appuyant sur leur mobilité et sur les systèmes soft-kill qui équipent les VBMR et EBRC. En effet, aucun blindé français n’est équipé, ni n’est prévu de l’être à court ou moyen terme, de systèmes de protection actifs de type Hard-kill, pourtant en bien des points indispensables pour accroitre la survivabilité de ces véhicules au combat, et protéger les militaires transportés. Ceci est notamment critique pour les blindés de première ligne, comme les chars Leclerc et les VBCI, qui profiteraient grandement de ce regain de protection dans un contexte de haute intensité.

    Enfin, certaines capacités pourtant critiques sont aujourd’hui absentes ou très largement sous-représentées dans l’arsenal de l’Armée de terre. C’est le cas par exemple des systèmes de guerre électronique offensifs et défensifs, ainsi que des drones et plus particulièrement des munitions vagabondes, ou encore des capacités amphibies et de franchissement. Ces problématiques, en partie oubliées depuis la fin de la Guerre Froide, sont à nouveau indispensables pour assurer une manoeuvre fluide et efficace, notamment sur le théâtre européen et dans un contexte étendu au spectre électro-magnétique par exemple. Là encore, faute de pouvoir s’appuyer sur un allié susceptible de compenser ces déficiences opérationnelles, les unités de l’Armée de terre engagées dans un conflit de Haute Intensité face à un adversaire avancé, pourraient se retrouver très exposées.

    Un format inadéquate face aux enjeux

    Mais le plus important enjeu mis en avant par le général Schill lors de son audition, et pourtant passé inaperçu des sénateurs, dépasse de loin ces aspects techniques et technologiques. En effet, selon lui, il va être indispensable à l’Armée de terre d’être en mesure d’engager une force armée à l’échelle d’une division, c’est à dire une force opérationnelle rassemblant 15 à 20.000 combattants agissants de manière coordonnée sur le champs de bataille. Si le système de commandement et de communication au coeur du programme SCORPION et son évolution TITAN permet en théorie cela, le format de l’Armée de terre aujourd’hui, ne lui permet pas de déployer une force dépassant le format d’une brigade à court terme, et de deux brigades dans un délais de 3 mois, et ce dans le meilleur des cas, selon les études prospectives de l’OTAN.

    Armee de terre PS Général Pierre Schill CEMAT
    Malgré ses atouts, l’Armée de Terre souffre de sérieuses lacunes capacitaires, et d’un format trop contraint pour répondre aux enjeux sécuritaires qui se dessinent

    Dès lors, pour être en mesure d’engager simultanément une division, soit 3 brigades, dans des délais raisonnables de quelques semaines, l’Armée de terre va devoir profondément faire évoluer son format actuel. Il serait alors nécessaire d’être en mesure de soutenir le déploiement d’une brigade en action continue en opération extérieure, comme c’est le cas aujourd’hui de Barkhane dans le Sahel, mais également de maintenir une division entière, soit 3 brigades, prêtes à l’engagement dans des délais ne dépassant pas 3 ou 4 semaines. Cela supposerait, dans les faits, d’augmenter les effectifs opérationnels de l’Armée de terre de prés de 40.000 à 50.000 hommes, soit 35 à 40 régiments, mais également de les équiper, de les entrainer et de les logers.

    Pour y parvenir, il serait nécessaire d’augmenter le budget dédié à l’Armée de terre de 6 à 8 Md€ par an, ainsi que de mettre en place des procédures de recrutement largement renforcées pour augmenter le nombre de candidats, ainsi que la fidélisation des militaires eux-mêmes. En effet, rien ne garantit, aujourd’hui, que l’Armée de terre puisse maintenir ses standards et exigences de recrutement pour atteindre un tel format, surtout si l’objectif est d’y parvenir dans des délais relativement courts en cohérence avec l’évolution de la menace. On peut naturellement envisager la remise en place d’un Service National, mais cela s’avèrerait totalement contre-productif pour répondre aux enjeux de défense. En effet, la technicité demandée aux militaires modernes, y compris aux fantassins ou aux équipages de blindés, dépassent de loin ce qu’il serait possible d’inculquer à des appelés en une année ou moins. En outre, cela mobiliserait des capacités immenses en matière de formation et de personnels, sans aucun bénéfice opérationnel effectif. Il s’agirait, là, incontestablement de la plus mauvaise solution pour l’Armée de terre, qui en subirait les plus importantes contraintes.

    Armee de terre Recrutement e1626187514815 PS Général Pierre Schill CEMAT

    En revanche, il pourrait être possible d’envisagé la constitution d’une forme de Garde Nationale, composée en majeure partie de réservistes encadrés par des militaires de carrière, et spécialisée précisément dans l’engagement de Haute Intensité. Cette hypothèse avait déjà fait l’objet d’une analyse détaillée il y a quelques mois, et pourrait représenter une solution privilégiée pour répondre à ces enjeux dans un contexte budgétaire, RH et un calendrier contraint. Quoiqu’il en soit, d’une manière ou d’une autre, l’Armée de terre devra impérativement accroitre ses effectifs disponibles pour répondre aux enjeux de défense qui se profilent dans un avenir de plus en plus proche.

    Conclusion

    On le comprend, l’Armée de terre française aujourd’hui dispose de sérieux atouts à faire valoir sur le champs de bataille, mais également de certaines lacunes très problématiques dès lors que l’on envisage un engagement majeur de haute intensité. Les réponses qui doivent être apportées sont désormais contraintes par un calendrier qui n’est plus du ressort des autorités françaises, ni de leur agenda politique ou budgétaire, mais qui est piloté par les tensions internationales qui se multiplient sur la planète, y compris en Europe.

    Une chose est en revanche certaine, en dépit des qualités indiscutables dont font preuves aujourd’hui les unités et les hommes et femmes de l’Armée de Terre, celle-ci va devoir, très rapidement, évoluer en profondeur pour répondre aux transformations en cours sur l’échiquier international. Il en va, d’ailleurs, de même pour la Marine Nationale et l’Armée de l’Air et de l’Espace, toutes deux étant comme l’Armée de Terre, contraintes par des formats et des doctrines d’engagement hérités d’une période révolue. On peut même se demander si, aujourd’hui, il est pertinent d’attendre les résultats de la prochaine élection présidentielle et législative pour arbitrer dans ce domaine, tant il apparait clair que le fossé se creuse rapidement face à certains adversaires potentiels. A trop vouloir rester dans sa zone de confort, la France risque bien d’envoyer ses soldats au combat sans qu’ils ne disposent des moyens nécessaires pour remplir leur mission, ou plus prosaïquement, sans qu’ils aient les capacités de se défendre efficacement.

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    Quelles sont les forces et faiblesses de l’Armée de terre française ? 27

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