Points clés :
Faisant suite à un rapport de l’US Air Force qui concluait que si les couts de maintenance du F35 ne baissaient pas de 38%, l’US Air Force allait devoir abaisser de 590 unités son objectif d’achat de l’appareil, le Chef d’Etat-Major de l’US Air Force a déclaré qu’il avait pour objectif d’aligner le prix de la maintenance du F35 sur celui du F16. La déclaration du CEMAA de l’US Air Force est très intéressante, car très significative de la stratégie de communication de l’industrie de Défense US, de Lockheed et de l’US Air Force.
Le rapport en question, un rapport officiel et archivé, identifie les couts de maintenance du F35A comme beaucoup plus élevés que prévu, remettant en question la cible de 1763 appareils que l’US Air Force veut acquérir. En décortiquant les chiffres transmis dans ce rapport, on parvient à déterminer que la maintenance du F35 pour une heure de vol coute actuellement 60.000 $, un chiffre extraordinairement élevé, susceptible de faire fuir de nombreux clients et prospects. En outre, ce rapport précise qu’il n’y a, pour l’heure, aucune piste pour à réduire ces couts de manière significative. Enfin, même en réduisant de 38% les couts de maintenance du F35, objectif de calcul qui, selon le rapport, permettrait d’éviter de devoir réduire le nombre d’appareils, ces couts resteraient très élevés, à 37.200 $ l’heure de vol, un peu plus de 30.000 €, soit plus du double de ceux du Rafale, pourtant bimoteurs.
Suite à cela, le CEMAA de l’US Air Force est monté au créneau pour annoncer que son objectif était de parvenir à un cout de maintenance pour le F35 identique à ceux du F16. Or, cette annonce est éminemment ambiguë pour les raisons suivantes :
- Il ne précise pas le périmètre ni le modèle du F16 dont il parle. En effet, les couts de maintenance des F16 Block15 Belges et ceux du dernier modèle de F16, le F16Block70 Vyper, sont du simple au triple.
- Il ne définie aucune valeur numérique, et laisse ainsi libre cours aux interprétations, sans se positionner sur le fond, les couts de maintenance et les pistes pour les faire baisser.
- Il parle d’un objectif qu’il se fixe (Our initial target), qui était celui initialement fixé au programme F35 lors de sa conception. Le programme F35 devait effectivement être dans une gamme de prix comparable au F16, et était destiné à le remplacer. Mais depuis, les prix de conception, de construction, et de maintenance, ont explosé. Alors que le F35 devait initialement viser un prix unitaire de 50 millions de $, il est aujourd’hui proposé à plus du triple, pour la version A, la moins chere. En d’autres termes, cet objectif n’est nullement contraignant, ni même d’actualité.
Dans les faits, cette déclaration du chef d’Etat-major de l’US Air Force n’est autre qu’une habile manœuvre de communication, permettant d’éluder totalement la question principale du problème, et de donner des éléments de langages aux soutiens du programme, sans aucun engagement de la part des autorités américaines, ni de Lockheed.
Au final, l’US Air Force sera déjà très satisfaite si les couts de maintenance du F35 baissaient à 37.000 $ par heure de vol, lui permettant d’atteindre son volume de flotte cible sans augmentation de l’enveloppe maximum acceptée. Quand aux conséquences pour les clients Européens et Asiatiques de l’appareil de Lockheed, force est de constater que ce paramètre n’est guère pris en compte, assurés qu’ils sont d’imposer leur avion à de nombreuses armées de l’air alliées.
La question principale concernant ce dernier point reste posée : Pourquoi les armées de l’air de ces pays sont à ce point fédérées autour du F35, dont le prix ahurissant impose des réductions de flotte drastiques, et dont les performances sont loin d’être décisives face au Rafale, au Typhoon ou au JAS-39 Gripen E/F, des avions très sensiblement plus économiques à l’achat et à la possession?