L’OTAN organise le plus important exercice depuis la « première » guerre froide

Après les exercices russes ZAPAD2017 ayant rassemblé plus de 100.000 h en Russie et Bielorussie, et l’exercice VOSTOK 2018 en SIberie orientale ayant rassemblé, selon les autorités, presque 300.000 hommes, l’OTAN se devait de réagir et de montrer qu’elle était, elle aussi, capable de rassembler dans un exercice un nombre important de pays et de soldats. C’est aujourd’hui le cas avec l’exercice annuel TRIDENT JONCTURE 2018, qui rassemble pendant une semaine 40.000 hommes, 150 aéronefs et 70 bâtiments de 31 pays.

Si l’on pouvait encore douter du retour d’une situation de type « Guerre Froide », les formats des exercices ces dernières années, sur le Théâtre européen comme Pacifique, et les annonces concernant les programmes de Défense lèvent tout doute à ce sujet.

Mais cette nouvelle guerre froide diffère nettement de la première, et les risques de dérapage vers des conflits ouverts sont plus importants. En effet, là où l’opposition était avant tout idéologique entre les deux blocs, elle est aujourd’hui hégémonique, dans une logique se rapprochant bien d’avantages de la situation au début du XXème siècle que dans les années 50. Les 3 grandes puissances, et leurs alliés, jouent une partition visant à garantir et renforcer leur position sur la scène internationale. 

En Europe, l’élimination du bouclier du Pacte de Varsovie est également de nature à accroitre les risques. Paradoxalement, ces pays formaient un tampon modérateur entre les deux blocs, et Moscou savait qu’il n’était pas envisageable d’exiger de ses « alliés » le même niveau d’engagement que de ses propres forces. Paradoxalement, si l’immense majorité des pays européen ont rejoins l’OTAN et l’UE, la puissance militaire européenne est très inférieure à ce qu’elle était pendant la guerre froide, et le poids relatif des Etats-Unis dans l’Alliance a doublé, passant de 35% à 70%. En revanche, les Etats-Unis ne se sont pas physiquement rapprochés de l’Europe, il reste toujours l’Océan Atlantique entre les deux continents. De fait, les 2 tiers de la puissance militaire de l’Alliance Atlantique sont positionnés à 6000 km de distance, alors que désormais, la Russie partage presque 1600 km de frontière avec les pays de l’OTAN. 

Le théâtre indopacifique, quand à lui, est devenu prépondérant dans la géopolitique mondial, et dans l’opposition entre les Etats-Unis et la Chine. Les forces chinoises se sont adaptées à cette perspective en développant une flotte de guerre de premier plan dans des délais très courts. Au point que, selon plusieurs analystes, les Etats-Unis seront contraints de consacrer l’immense majorité de leur arsenal militaire à ce théâtre si un conflit venait à se déclencher à partir de 2025.

Pour l’heure, les importants échanges commerciaux entre les différents acteurs majeurs de la géopolitique mondiale ont un effet modérateur important sur les risques de dérapage. Malheureusement, comme nous le voyons depuis quelques mois, les tensions géopolitiques semblent prendre le pas sur les échanges commerciaux, et sont même désormais instrumentalisés dans cet affrontement global, au travers des droits de douanes américains sur les produits chinois, ou la loi CAATSA.

Là encore, la situation rappelle dramatiquement celle qui prévalait au début du XXème siècle, et qui entraina les pays Européens dans une logique de guerre qui donnera naissance à la première guerre mondiale.

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