Les traités sur les interdictions de type d’armes ont-ils encore du sens ?

Armes à sous-munitions, mines unipersonnelles, armes incendiaires, laser aveuglants.. La France, comme de très nombreux pays occidentaux, est signataires d’un nombre important de conventions et de traités sur l’interdiction de fabriquer et d’utiliser certaines armes. Issues pour la plupart de la période post-guerre froide, ces accords internationaux sont, dans leurs grandes majorités, non contraignants pour les pays non signataires, engendrant des déséquilibres notables dans les rapports de force de pays belligérants.

Or, dans cette période de retour des tensions internationales, le respect de ses accords pose plus que jamais question.

D’un coté, il y a les pays non signataires, donc non tenus de les respecter. A l’exception notable des armes de destruction massive, nucléaires, radiologiques, bactériologiques et chimiques, les réactions de la communauté internationale contre l’emplois d’armes prohibées s’est la plupart du temps limitée à une protestation diplomatique, d’autant moins audible que le pays utilisateur représente un enjeu économique important. C’est par exemple le cas des mines anti personnelles utilisées par les deux belligérants au Yémen, largement moins évoquée que l’assassinat du journaliste Jamal Kashoggi.

D’un autre coté, il y a les armes qui respectent officiellement les restrictions, mais qui ne leurrent personne. Ainsi, le système Iskander russe respecte, officiellement, la portée maximum de 500 km imposé par le traité INF sur les armes balistiques de courte et moyenne portée en Europe. Or, la version export du même système, destinée à des pays non contraints par cet accord, est donnée pour atteindre 1500 voir 2000 km.

Enfin, il y a les pays qui signent un traité, sachant pertinemment qu’ils ne le respecteront pas. Là encore, les pays du Moyen-Orient tiennent souvent un double discours à peine masqué.

Au delà des considérations légales et de relations internationales, les pays européens aujourd’hui, sont pour la plupart engagés dans de multiples traités dont la Russie, pas plus que la Chine ou les Etats-Unis, ne sont signataires. Alors que le situation de dégrade lentement mais surement entre l’OTAN et la Russie, ces traités deviennent un lourd handicap pour les armées, qui doivent envisager de se battre une main dans le dos, face à un adversaire en pleine possession de ses moyens. Ainsi, les systèmes à sous-munitions, bombes ou roquettes, sont massivement employés par les forces russes, de manière doctrinale. Elles permettent notamment d’interdire des déplacements à l’adversaire, réduisant ses options de manœuvre. 

En tout état de cause, dans la situation actuelle, les occidentaux en général, et la France en particulier, seraient bien avisés de réévaluer leur participation à ces traités aux vues des impératifs opérationnels, quitte à devoir faire preuve de beaucoup plus de pédagogie avec leurs opérions publiques respectives.

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