Le renforcement militaire turc bouleverse les équilibres en méditerranée occidentale

Depuis son accession au pouvoir 2002 lorsque l’AKP obtint la majorité parlementaire en Turquie, Recep Tayyip Erdogan a entrepris un très important programme de modernisation et de renforcement de la puissance militaire turque, comme de son industrie de Défense. En 15 ans, le budget dédié à la défense turque est passé de 7 Md$ à plus de 18 Md$, une progression a peine ralentie par la crise de 2008. En livres turques, le budget est passé de 13,5 Md en 2202, à 70 Md en 2018, révélateur de la volonté très affirmée du dirigeant.

Cette augmentation se traduit dans d’importants programmes d’armements. Dans la décennie à venir, les forces turques recevront ainsi 100 F35A et probablement une vingtaine de F35B, 250 à 500 chars de combat modernes Altay de facture locale, 4 destroyers anti-aérien FT-2000 et 8 frégates polyvalentes FT-100 du programme MILGEM, 2 porte-hélicoptères d’assaut capable de mettre en œuvre les F35B, 6 sous-marins AIP Type214, ainsi que les systèmes S-400 et Patriot PAC3 de défense anti-aérienne, pour ne citer que les programmes les plus importants.

Parallèlement, la flotte de 250 F16 turcs va être portée au standard Block50+, avant d’être progressivement remplacée par le programme de chasseur de 5eme génération local co-développé avec la Grande-Bretagne, le TFX.

De fait, en 2030, soutenue par une croissance démographique élevée vis-à-vis des standards occidentaux, et une croissance économique soutenue, les forces armées turques constitueront une force de tout premier ordre en Méditerranée orientale, en mer noire, et au Moyen-Orient.

Ce renforcement massif n’est pas sans soulever de très vives inquiétudes, notamment parmi les voisins de la Turquie. Et ce d’autant que, depuis 2012, le président turc s’est donné comme mission de rétablir la Turquie dans ses frontières précédant la première guerre mondiale. Or, de nombreux pays ont intégré ces territoires depuis plus d’un siècle, d’autant plus facilement que le pays, alliée de l’Allemagne, était dans le camp des perdants, et que la majorité de ces territoires avaient été conquis par la force par l’empire Ottoman.

Ainsi, en Grèce, le renforcement Turc génère de très vives inquiétudes, dans la population comme dans les Etats-Majors. La péninsule hellénique, toujours très largement contrainte par son plan de redressement visant à apurer sa dette atteignant 170% de son PIB, peine à financer la modernisation de ses forces armées, de sorte à maintenir une situation d’équilibre avec son turbulent voisin.

L’inquiétude est d’autant plus importante que les deux pays sont membres de l’OTAN, et donc que la notion de défense collective ne pourra être invoqué en cas d’attaque turque sur le territoires ou les iles grecques, et que la résilience et la cohésion européenne en matière de Défense est discutable, d’autant que plusieurs pays européens hésiteront à intervenir face à la Turquie du fait de l’importante diaspora turque en Europe.

Ce cas pourrait bien représenter l’avènement ou la Némésis de la réalité de l’Europe de la Défense…

Lire l’article en anglais (3 min)

http://www.defenseworld.net/news/24021/US_Technical_Team_to_Explain_Risk_to_F_35_Jets_from_Turkish_S_400_Air_Defence_System#.XDSkcBS5DzA

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