La vente de F-35 à la Turquie à nouveau envisagée par Washington

La secrétaire d’État adjointe par intérim, Victoria Nuland, a fait savoir que la vente de F-35 à la Turquie était à nouveau une hypothèse de travail pour l’administration américaine, quelques jours seulement après que Joe Biden a ouvert la voie pour livrer les F-16V réclamés par Ankara.

Les efforts produits par le président Erdogan, pour normaliser les relations entre la Turquie et la Grèce, et l’autorisation donnée, par le Parlement turc, à l’adhésion de la Suède à l’OTAN, ont visiblement convaincu Washington qu’une nouvelle dynamique pouvait être lancée, afin de ramener la Turquie dans le giron occidental. Et le F-35 jouera, de toute évidence, le rôle de l’offrande américaine, pour convaincre Ankara de s’engager dans cette voie.

Vers une relation renouvelée entre Ankara et Washington, sur fond de changement de posture internationale de la Turquie

Le changement de posture entamé par le Président Erdogan, nouvellement réélu, sur la scène internationale ces derniers mois, porte ses fruits de manière évidente. Après avoir menacé, l’année dernière, de lancer ses missiles sur Athènes et de s’emparer manu militari des iles grecques en mer Égée, de bloquer l’adhésion de la Suède à l’OTAN, et avoir flirté, pendant quatre ans, avec la Russie, la Chine et l’Iran, le chef d’État turc présente, depuis quelques mois, un visage bien plus attrayant pour l’occident, et surtout pour les États-Unis.

Erdogan Poutine Su-57
À plusieurs reprises, le président R.T Erdogan a discuté avec la Russie pour une éventuelle acquisition de chasseurs par la Turquie.

Dans un premier lieu, R.T Erdogan s’est rendu en Grèce pour rencontrer son homologue, K. Mitsotakis, afin de normaliser et apaiser les relations avec son voisin et éternel rival. Quelques semaines plus tard, il mettait fin au blocage concernant l’adhésion de la Suède à l’OTAN, obtenant une large majorité de son Parlement lors du vote à ce sujet. Enfin, la Turquie semble avoir pris certaines distances avec Moscou et Pékin ces derniers mois, sans rompre avec eux, mais en réduisant l’intensité des relations.

Ce changement de posture, et spécialement l’accord donné pour l’adhésion suédoise à l’OTAN, ont immédiatement été salués par Washington. Le président Biden a ainsi appelé le Congrès à autoriser, « sans délais », la vente de 40 nouveaux chasseurs F-16V, ainsi que de 80 kits de modernisation vers ce standard, pour moderniser les forces aériennes turques, dans un contrat de plus de 20 Md$.

Pour faire bonne mesure, et rassurer Athènes, un important programme de transfert d’équipements et de coopération industrielle dans le domaine de la Défense a été annoncé par les États-Unis et la Grèce, alors que le Département d’État américain a autorisé la vente de 40 F-35A aux forces aériennes helléniques, pour 8,6 Md$.

Cette dynamique positive entre les États-Unis et la Turquie, pourrait bien aller bien au-delà des seuls F-16V qui seront bientôt commandés. En effet, la question d’un possible retour d’Ankara, dans le programme F-35, serait désormais évoquée aux plus hauts sommets de l’État.

Le parcours chaotique de la vente de F-35 à la Turquie

Tout avait pourtant très bien commencé pour le F-35 Lightning 2 en Turquie. Partenaire initial du programme Joint Strike Fighter, les forces aériennes turques, comme l’industrie aéronautique de défense du pays, en étaient des partenaires clés, avec 30 appareils sous commande ferme, et un besoin total de 100 appareils en 2018, soit, à l’époque, la plus importante flotte non américaine concernant le chasseur.

vente de F-35 à la Turquie
Lockheed-Martin avait déjà construit 6 F-35A à destination des forces aériennes turques lorsque le pays fut exclu du programme.

Toutefois, à la suite de la tentative de coup d’État en Turquie en 2016, les relations entre Ankara et Washington se dégradèrent rapidement, alors que la Turquie se rapprochait davantage de la Russie de Vladimir Poutine, de la Chine de Xi Jinping et même de l’Iran. Les tensions en mer Égée avec la Grèce et Chypre, mais également en Méditerranée avec les forces navales européennes assurant le blocus naval de la Libye, envenimèrent encore la situation.

Ce sont néanmoins l’intervention turque dans le nord de la Syrie, contre les alliés kurdes des États-Unis et des Européens face à Daech, et surtout la décision d’acquérir le système antiaérien S-400 auprès de la Russie, qui scellèrent le destin du F-35 en Turquie.


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