Selon plusieurs sources concordantes, tant russes que turques, la livraison du premier lot de S400 russes livrés à la Turquie devrait arriver sur le sol ottoman ce dimanche, soit plusieurs moins avant la date initialement prévue. Il semble que tant les autorités turques que russes ont voulu précipiter cette livraison, de sorte à mettre fin au statu quo en cours face aux Etats-Unis.
Si le président turc, R.T Erdogan, est resté ferme sur cette livraison, malgré les menaces de Washington, il a voulu également se montrer confiant, assurant à plusieurs reprises qu’il ne pensait pas que les Etats-Unis appliqueraient des sanctions à son pays. De même, il a maintenu que l’Armée de l’Air d’Ankara attendait la livraison des 100 F35A commandés, et qu’il ne doutait pas que celle-ci serait exécutée, tout en faisant valoir le respect stricte par les industries turques comme par ses armées, de leurs engagements vis-à-vis du programme F35 comme vis-à-vis de l’OTAN.
En maintenant une telle position, le président turc fait ainsi reposer toute la responsabilité des tensions probables à venir avec Washington sur les seules autorités américaines, lui dégageant de nombreux obstacles pour se positionner en victime, et donc justifier toutes les décisions qu’il sera amener à prendre le cas échéant. Cette posture est également dictée par la perte de notoriété dont il fait l’objet, notamment suite à la perte de la mairie d’Istanbul le 24 juin par son parti. Nul doute que la radicalisation de certaines positions exprimées, et la crainte d’une guerre économique avec les Etats-Unis, ont joué en sa défaveur dans ce dossier, et explique, dès lors, cet apaisement de façade.
Car si le statu quo a été maintenu face au public, de nombreuses informations ont montré que les autorités turques se sont préparées, durant cette période, à pouvoir faire face à un embargo technologique, militaire et économique, des Etats-Unis, et potentiellement de certains de ses alliés. Ainsi, le rapprochement avec Moscou s’est accéléré, avec l’annonce de la participation de la Turquie au programme S500, la commande d’hélicoptères Kamov pour la sécurité civile, et surtout l’ouverture de discussions au sujet du Su57 et d’un soutien technologique au programme T-FX de chasseur de nouvelle génération devant remplacer, dès 2026, les F16 de son armée de l’air, dans le cas ou les partenaires britanniques du programme, BAe et Rolls-Royce, devaient eux aussi se retirer. D’autres contacts auraient été pris, avec Pékin cette fois, au sujet du FC-31, dont les caractéristiques se rapprochent beaucoup du programme du constructeur TAI.
L’absence de réaction aux récentes déclarations turques laissent penser que Washington se prépare à faire face à cette livraison, tant vis-à-vis de son parlement, que de ses alliés. Quoiqu’il en soit, le dénouement de cette affaire est désormais proche.