Quelques jours ร peine aprรจs avoir quittรฉ les docks des chantiers navals Rosyth, le second porte-avions de la Royal Navy, le HMS Prince of Wales, a pris la mer pour entamer ses premiers essais, afin d’รฉvaluer les qualitรฉs nautiques, la propulsion et la manoeuvrabilitรฉ du bรขtiment. Le navire emporte pour cela un รฉquipage de 600 personnes, renforcรฉs de plus de 300 sous-traitants et spรฉcialistes civils. Les essais techniques dureront entre 1 mois et demi et 2 mois, suite ร quoi le navire rejoindra le port militaire de Portsmouth ou, au cotรฉ de son sister-ship le HMS Queen Elizabeth, il entrera officiellement en service dans la Royal Navy avant la fin de l’annรฉe. Le HMS Prince of Wales et son groupe aรฉrien devront alors passer par une longue et minutieuse procรฉdure de qualification, avant d’รชtre admis au service opรฉrationnel, probablement au dรฉbut de l’annรฉe 2021.
Commandรฉs en 2008, les deux porte-avions britanniques, dont la construction a dรฉbutรฉ en 2009, sont destinรฉ ร reprendre la longue tradition des porte-avions de la Royal Navy, malgrรฉ l’interruption entre le retrait du service du HMS Illustrious en 2014, et l’entrรฉe en service du HMS Queen Elizabeth en 2018. Ces bรขtiments de 282 m et de 65.000 tonnes, sont les plus importants bรขtiments de combat jamais construits en Europe. Armรฉs par un รฉquipage de 1450 hommes, et pouvant emporter 250 marines, ils sont conรงu pour mettre en oeuvre plus de 50 appareils, dont des hรฉlicoptรจres lourds CH-47 Chinook et des V-22 Osprey, ainsi que des F-35B ร dรฉcollage et atterrissage vertical. En mission classique, le groupe aรฉrien sera composรฉ de 12 F35B, et de 24 voilures tournantes de diffรฉrents types. Sa propulsion, de type Propulsion Electrique Intรฉgrรฉe, repose sur 4 moteurs รฉlectriques GE de 20 MW alimentรฉs par 2 turbines ร Gaz de 36 MW et de 4 diesels de 9MW (x2) et 11MW (x2), permettant au navire de naviguer jusqu’ร 25 noeuds et d’avoir une autonomie de 10.000 nautiques, soit assez pour un aller-retour sans ravitaillement entre Portsmouth et New-York.
Avec ce deuxiรจme bรขtiment, la Royal Navy retrouve son rรดle proรฉminent en Europe, et dans sa capacitรฉ ร proposer une capacitรฉ de projection de force importante au pouvoir politique. Mais il faudra encore plusieurs annรฉes pour que le parc de F35B en service dans la RAF atteigne un volume suffisant pour permettre une utilisation optimale des 2 navires. Toutefois, contrairement ร la France, les autoritรฉs britanniques n’ont pas nรฉgligรฉ l’intรฉrรชt de disposer de 2 porte-avions, d’autant que la construction du second exemplaire aurait coutรฉ 20% moins cher que celle du Queen Elizabeth selon les autoritรฉs. En outre, le choix d’une propulsion conventionnelle n’entrave que peu le navire, qui dispose dรฉjร d’une autonomie plus que consรฉquente, alors que l’impact sur le prix aurait รฉtรฉ, lui, plus que sensible si le navire avait choisit une propulsion nuclรฉaire.
Surtout, avec ce type de propulsion, la Royal Navy anticipe ce qu’elle fait trรจs bien depuis des dรฉcennies, ร savoir proposer le navire sur le marchรฉ de l’occasion si, d’ici 25 ans, une opportunitรฉ pour construire une nouvelle classe apparaissait. Enfin, et ce n’est pas nรฉgligeable, cette technologie permet de ne pas devoir constituer d’รฉquipage ยซย nuclรฉaireย ยป, que l’on sait รชtre une denrรฉe rare aujourd’hui, surtout quand on met en oeuvre une flotte de 4 SNLE et 7 SNA. En revanche, le choix d’un porte-avions ร tremplin, et non dotรฉ de catapultes, limite grandement les possibilitรฉs du groupe aรฉrien embarquรฉ, le condamne ร n’utiliser que des F35B, des appareils trรจs chers et manquant d’allonge, et interdit la mise en oeuvre d’avion de veille comme l’E-2D Hawkeye, ce qui handicape l’ensemble du groupe aรฉronaval.