Microsoft a créé la surprise en remportant face à Amazon, pourtant donné grand favori, le contrat de 10 Md$ pour le programme JEDI, visant à porter une grande partie des informations digitales du Pentagone, qu’elles soient ou non classifiées, sur une architecture de type Cloud. Avec cette annonce, le Pentagone va pouvoir entamer le portage de 80% de ses données numériques vers le Joint Entreprise Defense Infrastructure, ou JEDI, afin de renforcer les performances, la sécurité et l’accessibilité sécurisée aux données dans une architecture unifiée et décentralisée.
En procédant ainsi, le Pentagone veut accélérer les performances globales de son système d’informations, afin de ne plus dépendre des performances de chaque système pris individuellement. En décentralisant l’architecture grâce au Cloud, il va également renforcer la résilience de l’ensemble du système face à des attaques ciblées, notamment physiques, alors que la sécurité logique du système sera renforcée en unifiant et standardisant les protocoles de sécurité, de sorte à ne plus avoir un niveau de sécurité égal à celui de son plus faible maillon, comme c’est souvent le cas. En outre, cela permettra de standardiser les procédures en cas d’environnement dégradé, comme le Plan de Reprise d’Activité et le Plan de Continuité d’Activité, et donc, là encore, de ne pas se trouver entraver par un maillon faible susceptible de bloquer toute la reconstruction du système logique après un événement.
Le programme JEDI avait suscité de nombreux remous à Washington, notamment en raison de suspicions de favoritisme en faveur d’Amazon, considéré sur toute la durée de la compétition comme favoris avec son architecture Amazon Web Services. Une procédure en ce sens menée par Oracle est toujours en cours, mais le choix de Microsoft risque de lui faire perdre beaucoup de matérialité. Le Secrétaire à La Défense, Mark Esper, avait ainsi dû se récuser lui-même du comité décisionnaire de ce projet stratégique, pour éviter que des soupçons de favoritisme n’entravent la procédure, alors que son gendre travaille pour IBM.
Il est probable que, fort de ce succès, Microsoft cherchera à capitaliser tant sur l’image que sur l’experience acquise autour du programme JEDI, pour proposer aux alliés des Etats-Unis, en premier lieu desquels les européens, une solution équivalente. Reste à voir comment, en Europe, on appréciera de mettre la majeur partie des informations de Défense entre les mains d’un groupe tenu par la législation américaine, que l’on sait susceptible d’être rapidement modifiée pour satisfaire aux ambitions de la Maison Blanche.