Les enseignements de la guerre qui se déroule en Ukraine depuis bientôt une année sont nombreux, et portent sur la presque totalité de l’action militaire. Mais le plus flagrant, ou plutôt celui qui engendre le changement de posture le plus rapide au sein des armées européennes depuis cette date, n’est autre que le rôle central qui revient à nouveau à l’artillerie dans ce type d’engagement. Alors que les forces aériennes ukrainiennes et même russes ont été neutralisées par l’omniprésence de la défense anti-aérienne, que ls stocks de munitions de précision tendent à s’épuiser bien plus vite que l’adversaire, et que l’emploi des drones offre de nouvelles opportunités pour détecter et frapper les forces adverses, les capacités des nouveaux systèmes d’artillerie ont en effet fait de cette arme le pivot de l’action tant sur la ligne de front que dans la profondeur du dispositif de l’adversaire.
Malheureusement pour les armées européennes, l’artillerie a été, précisément, l’une des armes les plus négligées ces 3 dernières décennies pour les armées occidentales, avec une diminution bien plus rapide du nombre de tubes que des forces à soutenir, mais également des stocks de munition ainsi que des capacités de production industrielles. Ainsi, alors que l’Ukraine tire chaque jour 3000 obus de 155/152mm, la production quotidienne conjointe des européens et des américains dans ce domaine n’atteint pas la moitié de ce volume. De même, l’Armée de terre française, qui pourtant a une tradition quasi-séculaire de l’emploi de l’artillerie, ne dispose aujourd’hui que d’une centaine de « tubes » (canons et obusiers) en service, dont une trentaine de canons automoteurs AuF1 datant de la guerre Froide, et seulement 59 canons CAESAR après avoir fait don de 18 exemplaires à l’Ukraine. En terme d’artillerie à longue portée, elle ne peut s’appuyer que sur 7 Lance-roquettes unitaires effectivement opérationnels, équivalents aux HIMARS, pour soutenir une force pouvant potentiellement atteindre une division.
La situation est sensiblement la même pour la plupart des armées européennes, tout comme c’est le cas pour la British Army. En effet, celle-ci n’aligne, aujourd’hui, qu’un parc théorique de 89 canons automoteurs AS-90, un obusier de 155mm chenillé sous casemate de 39 calibre, dont la portée n’excède pas 25 km; ainsi qu’une centaine d’obusiers légers tractés L118 de 105 mm ne portant au mieux qu’à 20 km, des équipements à la fois moins performants et considérablement plus vulnérables que les systèmes modernes comme le Caesar ou le Pzh2000 armés de tubes de 52 calibres, et atteignant 40 km, voire plus de 50 km avec des obus spécialisés. La seule capacité moderne en devenir à ce jour pour la British Army repose sur la modernisation de ses 29 systèmes lance-roquettes multiples Guided Multiple Launch Rocket System (GMLRS), pour leur permettre d’atteindre des cibles jusqu’à 150 km d’ici 2025. Pour le Secrétaire à la Défense Ben Wallace, s’exprimant devant le parlement britannique le 16 janvier, il est désormais urgent de moderniser à marche forcée cette artillerie indispensable sur les champs de bataille modernes de haute intensité.
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