dimanche, novembre 10, 2024

Fin de l’aide américaine à l’Ukraine en 2025 : Zelensky s’y prépare discrètement


L’aide américaine à l’Ukraine a été, depuis le début de l’agression russe, le pilier logistique de la résistance ukrainienne, ainsi que le catalyseur de l’ensemble de l’aide occidentale, revêtant un rôle stratégique pour Kyiv. Cette aide est d’autant plus critique qu’Ukrainiens et Russes savent que la guerre durera plusieurs années, même si les médias et dirigeants occidentaux se focalisent, aujourd’hui, sur l’offensive en cours dans l’oblast de Zaporojie.

Dans ce contexte, le retour à la Maison-Blanche de Donald Trump, comme celle de Ron de Santis, pourrait représenter une menace existentielle pour l’Ukraine, tous deux ayant menacé de supprimer l’assistance militaire américaine à Kyiv. Il semble cependant que, depuis quelques mois, le président Zelensky, ait entrepris d’anticiper un tel cataclysme pour pouvoir poursuivre le combat, même sans le soutien de Washington.

La menace croissante de la fin de l’aide américaine à l’Ukraine

Avec 76,8 Md$ d’aide à l’Ukraine entre le début du conflit et juillet 2023, dont 46,6 Md€ d’aide militaire, les Etats-Unis sont, de loin, les plus importants contributeurs à l’effort de guerre face à l’agression de Moscou. En outre, chaque mois, Washington accorde à Kyiv un nouveau paquet d’aide militaire allant de 250 à 400 m$, contenant notamment de nombreuses munitions, des véhicules blindés, des drones et bien d’autres équipements.

L'aide américaine a l'Ukraine a souvent servi de détonateur aux pays européens, comme lors de la livraison des obusiers légers M777 .
L’aide américaine a l’Ukraine a souvent servi de détonateur aux pays européens, comme lors de la livraison des obusiers légers M777 ayant ouvert la voie aux Caesar, Pzh2000 et autres Archer européens.

Au-delà de cette aide directe, le soutien américain à l’Ukraine a été, en de nombreux exemples, moteur pour « débloquer » certaines réticences en Europe. Ce fut spécifiquement le cas concernant la livraison systèmes d’artillerie puis de chars lourds occidentaux, Berlin refusant de livrer, ou d’autoriser la livraison de Leopard 2 à Kyiv, avant que les Etats-Unis aient annoncé de leur côté la livraison de M1 Abrams.

De fait, lorsque Donald Trump, grand favori des primaires républicaines, mais aussi son dauphin Ron de Santis, le gouverneur de Floride, se déclarent opposés à la poursuite de l’aide américaine à l’Ukraine s’ils venaient à remporter les prochaines élections présidentielles US de 2024, le sujet a évidemment de quoi inquiéter à Kyiv.

C’est d’autant plus le cas qu’aujourd’hui, les sondages mettent Donald Trump et Joe Biden au coude à coude dans la marge d’erreur, alors que 12 à 14 % des Américains se disent encore indécis. En outre, l’âge faisant, la candidature de Joe Biden est soumise à caution, alors que l’hypothèse d’un duel entre Donald Trump et la vice-présidente Kamala Harris donne une nette victoire à l’ancien président.

Une hypothèse au cœur de la stratégie russe en Ukraine

Cette menace n’a d’ailleurs pas échappé à Moscou, qui a, en partie, réorganisé son effort de défense et sa planification, précisément pour être en mesure de profiter de l’affaiblissement ukrainien si Washington venait à mettre fin à son soutien. Ainsi, les armées russes appliquent désormais une posture strictement défensive, visant à éroder les moyens militaires ukrainiens, tout en minimisant ses propres pertes, au prix de pertes de territoire limitées.

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La production industrielle russe menace désormais les équilibres militaires en Ukraine à moyen termes

Dans le même temps, l’industrie de défense russe a été réorganisée de sorte à considérablement augmenter ses cadences de production, notamment en matière de blindés, de systèmes d’artillerie et de munition.

De fait, si le cordon ombilical américain venait à rompre en fin d’année 2024, suite à une éventuelle victoire de Donald Trump, Moscou disposerait alors d’un ascendant considérable sur les défenseurs ukrainiens qui dépendraient, ainsi, du soutien européen pour résister. Or, à ce jour, rien n’indique que les européens aient pris la mesure d’un tel risque, et de la responsabilité qui leur incomberait si le soutien américain venait à se tarir.


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