Les succès export de l’industrie de défense peuvent-ils financer les armées ?
Si les armées et l’industrie de défense collaborent dans de nombreux domaines, elles peinent à trouver, aujourd’hui, un terreau mutuellement fertile lorsqu’il s’agit de soutenir les exportations d’armement. Pourtant, un changement de modèle pourrait permettre d’étendre considérablement cette coopération, aux bénéfices aussi bien des industriels que des armées, et de leurs capacités d’investissement pour l’acquisition de nouveaux équipements.
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Depuis 2017, les dépenses de défense française ont sensiblement augmenté, passant de 34 Md€ en 2016 à 44,9 Md€ en 2023, et 47,2 Md€ en 2024, soit une hausse de presque 40 % en seulement 8 ans. L’effort de défense, quant à lui, est passé de 1,55% du PIB, à 1,95% aujourd’hui, avec l’objectif de rester au-dessus de la barre des 2 % sur l’ensemble de la LPM 2024-2030.
Un déficit de crédits d’équipements des armées malgré les hausses des budgets défense
Malgré cette manne budgétaire supplémentaire, les Armées françaises sont toujours contraintes à de difficiles arbitrages dans leurs programmes d’équipement. Ainsi, les hélicoptères Gazelle de l’ALAT (Aviation légère de l’Armée de terre), pourtant déjà obsolètes depuis longtemps, continueront à voler jusqu’au milieu de la prochaine décennie, dans l’attente de la dotation complète de H160M guépard issus du programme HIL.
De même, seuls 7 des 10 patrouilleurs hauturiers ont été commandés pour remplacer les Patrouilleurs de haute mer A69, qui naviguent toujours malgré leur âge canonique dépassant les 40 ans.
Enfin, de nombreux besoins, comme dans le domaine de la défense aérienne, l’arme blindée, l’artillerie ou la flotte de chasse, sont couverts a minima dans cette LPM, ce qui n’ira pas sans handicaper sévèrement les performances des armées françaises au combat, surtout face à un adversaire symétrique, le cas échéant.
Les causes de ce manque de crédits sont multiples. En premier lieu, une grande partie de la hausse de l’effort de défense français, a été absorbée par l’inflation de ces dernières années, divisant par plus de deux la réalité de la hausse des crédits de ces dernières années.
D’autre part, le budget des armées de départ, en 2016, était très inférieur au budget nécessaire pour couvrir le fonctionnement normal des armées françaises à cette date, et ce, depuis plus de 20 ans. De fait, les armées ont dû reporter de nombreux programmes industriels, et doivent désormais faire face à des besoins accumulés dépassant de beaucoup ses capacités d’investissement.
Dans le même temps, les capacités d’investissement de l’État français sont fortement contraintes, avec une dette publique dépassant les 110 % du PIB et aujourd’hui menacée par la hausse des taux d’intérêts, des engagements fermes pris vis-à-vis de Bruxelles concernant la maitrise des déficits, et une croissance qui, bien que souvent meilleure que celle de ses voisins, demeure insuffisante pour libérer les marges budgétaires qui seraient nécessaires aux armées, et à leurs capacités d’investissement.
L’Industrie de défense, un outil au potentiel sous-exploité par les armées françaises
Dans ce contexte, il parait inutile de tenter d’accroitre les investissements de défense, en particulier dans le domaine des acquisitions d’armement, au-delà de l’effort planifié par la Loi de Programmation Militaire 2024-2030.
Si solution il y a, celle-ci ne peut émerger que par l’application de nouveaux paradigmes, susceptibles de profondément modifier l’organisation des investissements industriels de défense, ainsi que la libération des crédits pour y parvenir. Il se trouve que la France dispose d’un outil adapté à un tel défi, son industrie de défense.
Celle-ci est présente sur la presque totalité des segments technologiques de défense, conférant au pays une réelle autonomie stratégique, en équipant presque totalement les armées nationales de matériels performants. En outre, elle est très exportatrice avec, en moyenne, 40 % de son chiffre d’affaires global annuel de 15 Md€, réalisés à l’international.
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