vendredi, novembre 1, 2024

Le char EMBT peut-il bénéficier de l’arrivée de l’Italie dans MGCS ?

À l’occasion du salon IDEX 2023, KNDS a présenté, à la surprise de tous, le char EMBT, comme une alternative pour le Caire afin de moderniser son important parc blindé. Cette proposition était soutenue par Paris, qui entretient d’excellents rapports avec les autorités égyptiennes sur fond de convergence stratégique régionale.

Si l’EMBT est désormais proposé sur le marché export, rien n’indique, à ce jour, que Paris entende s’y intéresser pour ses propres forces armées. Mais, l’arrivée, annoncée il y a peu, de l’Italie au sein du programme MGCS, pourrait profondément rebattre les cartes dans ce domaine, et offrir simultanément moyens et opportunités aux autorités françaises, pour developper, et acquérir, ce char de génération intermédiaire.

Le char EMBT, un concept prometteur

À ce jour, le char EMBT n’a de char que le nom. Il s’agit, dans les faits, davantage d’un démonstrateur entièrement focalisé sur une tourelle et un aménagement intérieur d’une caisse de Leopard 2, pouvant d’ailleurs être aisément remplacée par un châssis Leclerc, au besoin.

Cependant, les concepts avancés dans la conception de cette nouvelle tourelle, et du partage des tâches à bord du blindé, sont suffisamment innovantes pour qualifier le véhicule qui en résulterait, de char de génération intermédiaire, à l’équivalent du nouvel Abrams M1E3 ou encore du KF51 Panther de Rheinmetall.

Tourelle EMBT
Le démonstrateur EMBT porte d’abord et avant tout sur une nouvelle tourelle de génération intermédiaire, dotée de toutes les fonctionnalités que l’on peut attendre de celle-ci.

On y retrouve, en effet, toutes les caractéristiques propres à cette génération intermédiaire, dont une vetronique globale de nouvelle génération, des tourelleaux télécommandés pour assurer la protection rapprochée contre l’infanterie et les drones, un système de protection active associant protection hard kill et soft kill, une connectivité avancée pour opérer de la bulle de combat infocentrée, ainsi que son lot de drones et munitions guidées, pour l’engagement au-delà de la ligne de visée. Seule manquerait, à cela, une propulsion hybride-électrique, pour en faire ce qui pourrait être l’équivalent de ce que promet de devenir le M1E3 américain.

Comme nous nous en étions faits l’écho lors de sa présentation officielle lors du salon Eurosatory 2022, l’EMBT apporte avec lui un concept des plus intéressants, emprunté probablement à l’aviation de combat. En effet, là où les chars équipés d’un système de chargement automatique du canon, comme c’est son cas, ont un équipage à trois membres (pilote, tireur et chef de char), l’EMBT s’appuie, lui, sur un quatrième membre, assurant la fonction d’opérateur systèmes et systèmes d’arme.

À l’instar des OSA (Officier Système d’Armes) qui prennent place à bord des versions biplaces du Rafale, du Mirage 2000, du F-15 ou du Super Hornet, celui-ci a pour fonction de mettre en œuvre les systèmes de détection et d’engagement à longue distance du blindé, comme les drones, les missiles antichars, voire les systèmes de guerre électronique.

Canon CN120-26 EMBT
L’EMBT peut mettre en œuvre le canon de 140 mm Ascalon développé par Nexter, même si le démonstrateur est équipé d’un canon CN120-26 comme le Leclerc.

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4 Commentaires

  1. Bonjour Fabrice,

    J’ai l’impression qu’on peut tenir un sacré seigneur de bataille dans cette histoire !

    Imaginez l’EMBT avec l’ascalon, le diamant et ce genre de groupe propulseur ( https://www.forcesoperations.com/comment-arquus-peut-offrir-un-second-souffle-aux-chars-de-combat/ )
    et vous obtenez un truc probablement terrifiant.

    Je serais le ministère je mettrais ca en haut de la shopping liste et je demarererais un lobbying intense avec l’Inde et le Moyen-orient

    Bel article comme d’habitude.

    • Je n’ai guère de doutes sur le potentiel de la BITD à produire un équipement performant, mais surtout mobile et bien protégé, adapté à la doctrine d’emploi de l’AT. Le problème, ici, est avant tout politique et budgétaire. Politique, car se lancer dans l’EMBT, c’est d’une certaine manière, reconnaitre que MGCS est un programme à risque. C’est d’ailleurs l’analyse qui a été faite du Rafale F5 + Neuron, qui représentent, ensemble, bien plus qu’une simple solution intérimaire. Budgétaire, ensuite, car si en redirigeant les économies MGCS liées à l’arrivée de l’Italie, on peut probablement financer en grande partie le développement d’EMBT, il n’y a aucune ligne de crédits dans la LPM permettant d’acquérir le blindé en quantité suffisamment significative pour justifier son développement. Pour le Rafale F5, il reste la quarantaine d’appareils à commander au-delà de 2030. Mais pour l’EMBT, on a 0. Donc s’engager dans cette voie, c’est revenir derechef sur la LPM…

  2. Bonjour, vous avez laissé une typo dans le quatrième paragraphe où vous parlez du « KF51 Blanck Panther », en lieu et place du KF51 Panther, petite confusion avec le K2 Black Panther sud-coréen.

    En même temps, il va peut être falloir lâcher les noms de félins pour les véhicules militaires, on commence à tourner en rond.

    Je retourne à ma lecture. Bonne journée à vous !

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