vendredi, novembre 1, 2024

Vers une nouvelle doctrine française de soutien à l’Ukraine pour contenir la montée en puissance des armées russes ?

En seulement quelques jours, les annonces faites par le président français, et le ministre des Armées, ont tracé une doctrine de soutien à l’Ukraine, radicalement différente de celle appliquée jusqu’à présent par Paris, mais aussi par les autres chancelleries européennes.

La France accepte, en effet, de consacrer une partie de la production de sa propre industrie de défense, à l’effort de guerre ukrainien, passant d’une aide ponctuelle de matériels prélevés sur les inventaires des armées, à une aide pérennisée dans la durée. Ce faisant, la France prend sa place dans le bras de fer qui oppose Kyiv et Moscou, avec l’espoir de convaincre les européens de faire même, seule alternative pour contenir la montée en puissance des armées russes.

Le front en Ukraine toujours actif, mais figé depuis un an et demi

Les premiers mois de l’agression russe contre l’Ukraine ont donné lieu à des progressions rapides, d’abord des forces russes, en particulier dans le sud du pays, puis des armées ukrainiennes, regagnant une partie significative du terrain perdu préalablement, après l’échec de l’offensive russe et l’ordre de repli donné par le général Surovikine, aux forces survivantes, dernières des lignes de défense préparées.

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La majorité des équipements envoyés en Ukraine par l’Europe ou les États-Unis, ont été prélevés sur les inventaires des armées.

Cette contre-offensive ukrainienne fut marquée par le retrait des forces russes du nord du pays, permettant aux ukrainiens de dégager Kyiv et Kharkiv, et celui, dans le sud, au-delà du Dniepr, avec l’abandon de la ville de Kherson.

Depuis la fin de cette phase, au début de l’automne 2022, le front a très peu évolué, en dépit d’une grande contre-offensive de printemps lancée par l’Ukraine en mai 2023, puis d’une contre-offensive d’hiver lancé par la Russie depuis le mois de novembre 2023.

À chaque fois, les tentatives de percées, russes comme ukrainiennes, se heurtèrent à des dispositifs défensifs bien préparés, soutenus par d’importantes forces d’artillerie, et protégés par une défense anti-aérienne dense. De fait, toutes les tentatives d’offensive ou de contre-offensive, maintenant que l’ensemble du front est protégé, de part et d’autres, par des infrastructures défensives inexpugnables, se sont conclus par des gains territoriaux marginaux, pour des pertes très élevées.

En d’autres termes, à présent que les deux armées sont retranchées, la situation opérationnelle se rapproche de celle qui s’imposa dans la dernière partie de la guerre de Corée, en 1952, alors que ni les chinois, ni les États-Unis, soutenus par leurs alliés occidentaux, ne parvenaient à obtenir des succès offensifs significatifs, sans y perdre l’ensemble des forces engagées, empêchant de fait toute exploitation mobile ulterieure.

Ce constat n’est pourtant pas surprenant. En effet, depuis le début du conflit, une seule partie du front est restée figée, la ligne de contact entre les deux armées dans le Donbass. À l’image de l’ensemble du front aujourd’hui, celle-ci était, en effet, largement protégée par d’importants dispositifs défensifs, tant du côté russe qu’ukrainien, après 6 ans de guerre dans la région.

Caesar Ukraine
L’artillerie ukrainienne parvient à contenir des offensives russes contre des lignes défensives bien préparées.

À ce titre, si l’état-major russe a fait de nombreuses erreurs lors de l’offensive initiale en février et mars 2022, il n’a jamais essayé de percer sur ce front jugé, à juste titre, bien trop difficile.

De fait, aujourd’hui, la conclusion potentielle de cette guerre en Ukraine, dépend plus que jamais de la possibilité, pour l’un ou l’autre des belligérants, de créer un rapport de force très favorable, en s’appuyant sur ses capacités de mobilisation, et ses capacités industrielles.

Dans ces domaines, Moscou dispose d’un avantage potentiel très supérieur à Kyiv, avec une population trois fois plus nombreuse et pleinement docile, et une industrie de défense déjà beaucoup plus importante avant-guerre, et désormais en croissance rapide.

La seule alternative, pour Kyiv, est donc de parvenir à obtenir de ses alliés, les moyens pour contenir l’évolution de ce rapport de force, de sorte que même si les armées russes venaient à tenter une nouvelle offensive, elles ne parviendraient pas à apporter un résultat différent de ces derniers mois.

Une nouvelle doctrine française de soutien à l’Ukraine pour contenir la montée en puissance des armées russes

Jusqu’à présent, les français, comme l’immense majorité des européens, s’étaient contentés de livrer des matériels d’occasion prélevés sur les inventaires de ses armées, ou sur des stocks d’équipements de réserve. Ainsi, les canons Caesar, les VAB, les AMX-10RC, les systèmes Crotale ou la batterie Mamba, envoyés en Ukraine en 2022 et 2023, ont été prélevés au sein des unités françaises.

Caesar production Bourges Nexter
Nexter a considérablement augmenté la cadence de production de ses canons Canon CAESAR ces deux dernières années.

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