vendredi, novembre 1, 2024

La course aux drones tueurs est bien lancée entre grandes puissances militaires en 2024.

Le sujet des drones tueurs défraie, depuis quelques années, la chronique en Europe et aux États-Unis. Association entre des drones militaires armés, et des intelligences artificielles dotées d’une grande autonomie, ils représentent, simultanément, un enjeu militaire majeur pour la conduite des conflits à venir, ainsi qu’un terreau fertile pour les imaginaires, qu’ils soient publics ou politiques.

Cette contradiction, entre le besoin militaire d’une part, et la crainte publique de l’autre, va bientôt être au cœur de nombreux débats, alors que d’autres pays, et non des moindres comme la Russie, la Chine ou l’Iran, avancent rapidement dans ce domaine porteur d’une recomposition profonde des rapports de force.

Car, qu’on le veuille ou non, la guerre des drones aura probablement lieu dans un avenir relativement proche, et la course pour s’équiper de ces systèmes, est belle et bien lancée, entre les grandes puissances militaires mondiales.

Les drones tueurs, entre imaginaire collectif et application militaire bien réelle

Si les progrès de l’Intelligence Artificielle sont, globalement, perçus positivement par les opinions publiques, l’émergence possible de « drones tueurs« , capables de choisir eux-mêmes leurs cibles, et de les frapper, embrase l’imaginaire collectif, et le débat politique, depuis de nombreuses années, au point que de nombreux parlements ont déjà pris des mesures pour tenter d’en encadrer l’apparition.

drone naval ukraine
Les drones jouent un rôle central dans le conflit en Ukraine, y compris dans le domaine naval, les drones ukrainiens ayant coulé ou endommagés plus de 20 % de la flotte russe de la mer Noire.

Cependant, les bénéfices attendus par l’embarquement d’IA à bord des drones, n’a échappé à aucun état-major dans le monde, et la plupart des programmes de drones militaires en cours de développement, sont déjà dotés de certaines capacités déléguées à l’Intelligence Artificielle, que ce soit pour alléger le travail des opérateurs, ou pour en améliorer les performances.

Comme on pouvait s’y attendre, un conflit majeur, comme celui qui se déroule en Ukraine, aura rapidement fait évoluer les certitudes dans ce domaine, y compris des militaires, et les drones en cours de développement, dans de nombreux pays, se voient dotés d’IA bien plus évoluées, et surtout, capables de substituer, au besoin, à l’arbitrage humain.

De fait, en dépit des nombreuses assurances données il y a encore quelques mois à ce sujet, la course au développement de drones tueurs, tout contestable que puisse être ce terme, est bien lancée entre grandes puissances militaires, qui désormais l’envisage comme un pilier majeur de leurs capacités militaires à venir, pour tenter de contenir, ou de vaincre l’adversaire.

Et la dynamique engagée, sera très probablement impossible à arrêter, venant profondément modifier la nature même des conflits et des rapports de force dans les années à venir.

Pourquoi l’Intelligence Artificielle change-t-elle la donne à bord des drones militaires.

Il faut dire que l’intégration de modules d’intelligence artificielle à bord des drones, démultiplie objectivement leurs performances et efficacités. En effet, si les drones ont déjà profondément changé la nature des engagements, que ce soit dans les airs, mais aussi sûr et sous les océans et, dans une moindre mesure encore, sur terre, ils souffrent encore de nombreuses faiblesses, entamant significativement leur potentiel opérationnel.

drones iran
L’intelligence artificielle va démultiplier les performances des drones d’attaque dans un avenir proche.

Ainsi, si certaines fonctions de vol et de navigation sont déjà assurées par des intelligences artificielles, la plupart de ces drones, aujourd’hui, emploient une liaison de données, permettant à un opérateur d’en contrôler la trajectoire, mais aussi la mission, y compris dans l’identification des éventuelles cibles. Surtout, la décision de feu reste encore la seule décision d’un opérateur humain.

Or, cette liaison de données, constitue aujourd’hui la plus importante faiblesse, et la plus grande limitation, concernant l’utilisation des drones militaires. Celle-ci est non seulement peu discrète, puisque le drone est émitif, ses émissions pouvant donc être détectées par certains dispositifs adaptés, mais elle représente aussi l’une des plus grandes faiblesses actuellement employées pour venir à bout des drones, à savoir sa vulnérabilité au brouillage électromagnétique.

Privée de sa liaison de données, ou simplement du signal des satellites de géolocalisation, l’immense majorité des drones employés aujourd’hui, se retrouvent incapables d’agir, et donc sans utilité au combat.

En outre, cette liaison de données oblige un opérateur à contrôler le drone. Il est ainsi nécessaire de disposer de presque autant d’opérateurs que de drones déployés, ce qui en limite le nombre, donc le potentiel d’utilisation, en particulier pour venir saturer les défenses adverses.

liaison de données TB2 Bayraktar Ukraine
Si la liaison de données offre des images spéctaculaires, elle constitue aussi l’une des plus grande faiblesses de drones actuellement employés, sensibles au brouillage, et peu discrets.

Les IA apportent des réponses à tous ces domaines. Elles peuvent naviguer avec précision, même privées d’un signal GPS. Elles peuvent rechercher, détecter et identifier des cibles, sans qu’une liaison de données soit nécessaire, renforçant de fait sa résistance au brouillage et sa discrétion. Elles permettent, enfin, à un unique opérateur, de diriger le vol et la mission de nombreux drones simultanément, que ce soit, ou non, dans le cadre d’un vol en essaim.

Bien évidemment, l’absence de liaison de données n’est pas sans imposer quelques contraintes, en particulier dans le domaine de l’évaluation de l’efficacité des frappes, mais aussi concernant les risques d’identification erronée d’une cible.

Cependant, pour de nombreux état-majors, les bénéfices de se doter de drones capables de mener une mission en parfaite autonomie, y compris avec des frappes létales, surclassent nettement les contraintes et risques.

États-Unis, Russie, Chine … : les grandes puissances se sont lancées dans le développement d’IA autonomes pour leurs drones militaires

C’est la raison pour laquelle, depuis quelques mois, maintenant, les annonces se multiplient au sujet du développement de drones militaires dotées d’intelligences artificielles bien plus étendues qu’ils ne pouvaient l’être jusqu’il y a peu.

Le conflit en Ukraine agit, dans ce domaine, comme un accélérateur puissant. Ainsi, à l’occasion du salon Army 2023, qui s’est tenu en septembre dernier à Moscou, les industriels russes ont présenté plusieurs modèles de drones de reconnaissance, mais aussi de combat, équipés d’IA avancées. Selon l’agence TASS, l’utilisation de ces drones aurait d’ailleurs débuté en Ukraine depuis quelques mois.

murnition rodeuse Lancet
La Russie aurait doté le Lancet 3 d’une IA pour en augmenter les performances et la resistance au brouillage

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