dimanche, novembre 10, 2024

La Conscription choisie est-elle La solution face aux difficultés de recrutement des armées européennes ?

Appliquée en Norvège et en Suède, peut-être bientôt en Croatie, la conscription choisie représente une manière originale d’appliquer la conscription obligatoire, tout en respectant l’ensemble des contraintes qui s’appliquent aujourd’hui aux armées européennes.

Alors qu’elles rencontrent des difficultés croissantes pour maintenir leurs effectifs, et que la menace internationale impose des moyens densifiés, ces armées doivent désormais envisager tous les modèles, y compris moins classiques, pour répondre aux défis sécuritaires qui se présentent aujourd’hui, et qui iront, certainement, croissants demain.

Depuis la fin de la Guerre Froide, les armées européennes ont connu une déflation d’effectif considérable, le plus souvent en lien avec la fin de la conscription obligatoire. Ainsi, les Armées françaises sont passées d’un format de 562 000 hommes en 1985, dont 280 000 appelés, contre 207 000 militaires d’active aujourd’hui. Il en est allé de même dans toutes les armées européennes.

Sur la base des bénéfices de la Paix, et de la disparition de la menace soviétique, les armées européennes ont, pour la plupart, mis à fin à la conscription, vécue alors comme une contrainte inutile, aussi bien par les appelés, que par les militaires eux-mêmes.

Exposés à des missions extérieures nombreuses auxquels les conscrits ne pouvaient pas, statutairement, participer, et des crédits en baisse, les militaires eux-mêmes privilégiaient une armée de métier, au format resserré, mais adaptée aux missions par sa professionnalisation, et la technicité accrue de ses opérateurs.

Difficultés de recrutement et fidélisation déclinante, le défi pour maintenir des effectifs déjà insuffisants dans les armées européennes

Au fil du temps, cependant, deux problèmes vinrent mettre à mal ce modèle pourtant raisonnable. D’abord, la fin de la conscription vint sensiblement éroder le brassage entre les armées et la société civile, entrainant une diminution très sensible du volume de candidats chaque année.

Reservistes garde nationale
la France prévoit de faire croitre le nombre de gardes nationaux de 40 000 à 80 000 d’ici à 2030, mais l’objectif sera difficile à atteindre.

Le problème est tel que, bien souvent désormais, le nombre de candidats ayant simplement les aptitudes physiques requises, est inférieur au nombre de postes proposés, parfois de manière très importante.

Les armées européennes, mais aussi américaines, sont dorénavant exposées à un cruel dilemme : réduire leurs critères de sélection, avec le risque que cela ne vienne se répercuter sur l’efficacité opérationnelle, ou ne pas remplir leurs quotas de recrutement, ce qui, là aussi, a des conséquences opérationnelles évidentes.

À ce problème déjà plus que sérieux, depuis le début des années 2010, s’en est ajouté un second, encore plus contraignant. Apparu en 2012, avec l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en Chine, et le retour de Vladimir Poutine au Kremlin, il n’a cessé de croitre depuis.

En effet, les deux hommes ont conjointement accru la puissance militaire de leurs pays respectifs de façon considérable, tout en se montrant de plus en plus belliqueux sur la scène internationale, en particulier vis-à-vis de l’occident, qu’il s’agisse du cas de Taïwan dans le Pacifique, ou de l’Ukraine en Europe.

Armées en Ukraine
Les armées ukrainiennes ont montré que les conscrits peuvent reprrésenter une force armée de premier rang, y compris contre des forces profesionelles.

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5 Commentaires

  1. Bonjour,
    Même si cette solution paraît avoir de nombreux avantages, il faudrait bien faire attention à ce que les conscrits choisis par l’armée ne correspondent pas à chaque fois comme par hasard aux pauvres et à ceux qui ne peuvent pas être pistonnés. Peut-être faudrait-il un tirage au sort parmi les candidats aptes.
    Cordialement,

    • Voyez comme c’est intéressant : en Norvège, c’est l’élite qui va faire son service militaire. En France, en craint que ce soit les pauvres… Le fait d’être choisi (par les armées), tend justement à ce que le pool corresponde le mieux aux besoins des armées. M’est avis qu’ils chercheront davantage des diplômés en informatique, des STAPS ou des infirmiers, que de jeunes à problème. Ceci dit, on peut très bien imaginer, également, que ce mécanisme puisse permettre à certains jeunes de recoller à la société, sous la forme d’un service militaire « sursitaire », mais uniquement vis-à-vis des profils ayant montré une réelle détermination dans ce sens (je suis un inconditionnel de la canonnière du Yan-Tsé).

  2. Votre site est passionnant. Bien des articles ont un cadre européen, un intérêt qui dépasse les frontières de l’hexagone. Vos articles sont traduits en plusieurs langues. Envisagez-vous un espace de débat qui permettrait d’échanger avec des intervenants européens?
    L’Europe de la defense se construit dans les états majors, mais aussi dans les échanges qui permettent à la société civile de comprendre le débat et se l’approprier. Hors, jusqu’à maintenant, à part Twitter et ses excès, on a difficilement accès à une matière de premier ordre pour débattre.
    Vos articles ne se contentent pas de relater les faits, ils offrent également une projection sur ce qui va advenir et est donc source d’inspiration pour les futures politiques publiques, quel qu’en soit l’élu. Certaines de ces politiques sont appelées à avoir une dimension européenne. Vous évoquer à merveille le rôle que la France pourrait y jouer et les risques ou menaces que nous devrions traiter, qu’il s’agisse de périls militaires ou industriels avec une revue complète de la chaîne de nos intérêts. Ils mériteraient d’être débattus avec des intervenants français mais aussi européens, si l’on veut faire progresser le débat.
    Je me doute que cette demande excède ce qu’un lecteur est en droit d’attendre, et vous souhaite en tout état de cause bon courage pour la suite.
    Cordialement,

    • Merci pour ce commentaire. C’est, en effet, la ligne éditoriale du site, le but étant d’élargir le débat, en Europe et au-delà, et surtout de lutter contre certaines certitudes et jugements hâtifs, qui polluent le débat.
      Pour l’instant, les commentaires sont réservés aux abonnés. C’est imposé par la solution employée pour faire fonctionner le site, et empêcher la diffusion de pub aux abonnés. Il y a toutefois des utilisateurs européens qui ont déjà commenté certains articles, en faisant l’effort de l’écrire en français. paradoxalement, s’ils l’écrivaient en langue native, leur commentaire serait traduit automatiquement dans toutes les langues, sauf en français, qui est la langue « origine » du site. j’ai remonté le sujet à l’éditeur de la solution de traduction, pour voir s’il est possible d’y remédier.
      Sinon, les articles sont débattus sur LinkedIn, un environnement bien plus courtois et agréable, que les autres réseaux sociaux.
      Bien cordialement

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