dimanche, novembre 10, 2024

Le RETEX mer Rouge plaide pour un renforcement immédiat de la défense antiaérienne des frégates françaises

De nombreux spécialistes navals ont, à plusieurs reprises, appelé à renforcer les défenses anti-aériennes des frégates françaises de premier rang, et plus généralement, des navires de la Marine nationale.

En effet, traditionnellement, la Marine française a privilégié le nombre de coques à leur armement, dans un contexte, il est vrai, de tensions géopolitiques moindres, et de vaches maigres budgétaires.

Toutefois, la dernière intervention du ministre des Armées, le 26 mars, faisant notamment référence à la consommation de missiles Aster par les frégates déployées en mer Rouge, trace une perspective difficile à ignorer, tant par le ministère que par l’Amirauté.

22 missiles Aster tirés en 4 mois par deux frégates françaises

Sébastien Lecornu a indiqué, lors de ce point presse, que les deux frégates, déployées en mer Rouge à partir de la fin du mois de novembre 2024, d’abord la frégate FREMM Languedoc de la classe Aquitaine, jusqu’à la fin du mois de janvier, et relevée depuis, par la Frégate de FREMM de défense Aérienne Alsace, de la classe éponyme, ont lancé, sur cette durée, 22 missiles Aster contre les drones et missiles Houthis, pour se protéger, et protéger les navires commerciaux escortés.

Fregates françaises classe f Alsace
L’Alsace est la premirèe frégate française a avoir réalisée une interception de missiles balsitiques au combat.

Or, ce nombre représente presque la moitié du nombre total de missiles antiaériens Aster 15 et 30 à bord de ces deux frégates, 16 pour la Languedoc, 32 pour l’Alsace, alors que l’on peut difficilement avancer que le théâtre sur lequel elles ont évolué, était particulièrement intense (toutes proportions gardées), ni que les missiles et drones lancés par les Houthis, nécessitaient une consommation supérieure de munitions.

Ce Retex montre également que, dorénavant, même les théâtres de moindre intensité technologique, les Houthis n’étant pas des réputés pour leurs armes de haute technologie, en dépit du soutien iranien, exposent les navires français à des menaces aériennes et balistiques majeures, nécessitant de disposer de capacités renforcées dans ce domaine.

Le format insuffisant à 16 Aster des frégates de la classe Aquitaine et Amiral Ronarc’h de la Marine nationale

Ce besoin de renforcement des défenses antiaériennes concerne, plus spécifiquement, deux classes de frégates représentant l’essentiel de la flotte de surface de premier rang, de la Marine nationale, les frégates FREMM de la classe Aquitaine avec six navires, et les cinq futures frégates FDI de la classe Amiral Ronarc’h.

En effet, l’une comme l’autre ne disposent, dans ce domaine, que de deux systèmes de lancement vertical SYLVER 50, pouvant accueillir, au total, 16 missiles anti-aériens Aster 15, d’une portée de 50 km, et Aster 30, pouvant dépasser les 100 km et disposant de capacités antibalistiques basses couches, ainsi que d’un canon de 76 mm.

canon 76mm FREMM
Le canon de 76mm de l’Alsace s’est révélé efficace contre les drones Houthis.

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17 Commentaires

  1. Bonsoir Fabrice,

    Il me semble avoir lu le mois dernier que le Paseo XLR allait être installé sur les frégates de classe Aquitaine et Alsace et qu’il offrait une garantie supplémentaire face au faible nombre de missiles. Cela n’est donc pas suffisant ?

    La classe Aquitaine n’est pas prévu pour de l’anti aérien, renforcé la lutte antiaérienne ne se fera t elle pas au détriment de la lutte sous marine ?

    • Bonsoir
      Le Paseo est incontestablement un atout, pour mieux employer le 76 mm. Mais ce canon n’est efficace que pour l’auto-protection, par pour l’escorte. Et il a ses limites, y compris en termes de couverture d’espace. Si ca vol un peu haut, un peu vite, ou derrière la frégate, c’est hors champs. C’est un réel atout, mais ca ne constitue pas une réponse à la hauteur de l’évolution de la menace.
      Pour les aquitaines, comme les FDI, ce sont avant tout des ASM, en effet. Mais comme nous n’avons que 15 frégates, dont seulement 4 AA, c’est bien la Languedoc que nous avons envoyé en mer Rouge, ou les sous-marins n’étaient pas légion.
      Densifier tel qu’évoquer les capacités AA, ne viendrait pas détériorer l’ASM. Par contre, il est très difficile de faire les deux à la fois, pour ne pas dire impossible.

  2. Deux VLS SYLVER 50 supplémentaires sur les 5 FDI de la classe Amiral Ronarc’h et deux supplémentaires sur les Forbin et Chevalier Paul, pour efficient que seraient ces modifications, entraineraient de facto une augmentation sensible des besoins en missiles pour équiper les bâtiments concernés (160 Aster pour les FDI et 128 pour les FDA) donc par définition le coût des bâtiments. A cela il faudra augmenter encore plus significativement le volume de munitions en stock.
    Il s’agira comme toujours d’un problème de budget : si ces modifications se réalisent, ce sera au détriment d’un autre ou d’autres programmes.

    • C’est absolument exact. Maintenant, il faut également considérer d’autres facteurs, comme le prix humain, politique et budgétaire, qu’entrainerait la perte d’un navire à 700/800 m€ avec plus d’une centaine de marins français à son bord, car insuffisamment protégé.
      À périmètre budgétaire fixe, se pose la question de savoir s’il vaut mieux 15 coques moyennement armées, susceptibles d’avoir des trous dans le dispositif de protection, ou 14 ou 13 coques, armées comme il conviendrait de le faire, eu égard à la menace. Je n’ai pas la réponse, mais force est de constater que la MN a toujours privilégié le nombre de coques, à l’armement, et je trouve cela discutable. Il me semble que l’on devrait définir l’armement embarqué sur une frégate de premier rang, par rapport aux besoins de calcul, et non par rapport aux calculs budgétaires pour en déduire les possibilités. En passant du SEM/F-8 ou F1/Jaguar/2000 au Rafale, on a fait un bond énorme en matière de potentiel opérationnel, mais on a accepté de diviser la flotte par deux, parce qu’il fallait un Rafale pour être efficace. J’aurai tendance à appliquer le même raisonnement ici. À choisir entre 300 Mirage (15 frégates) et 200 Rafale (13 frégates bien mieux armées), ne devrions-nous pas nous diriger vers la seconde hypothèse ?
      Enfin, entre une FDI Marine Nationale avec 16 Aster, 8 Exocet et un 76 mm, et une FDI a 32 Aster, 32 Mistral 3, 8 Exocet (donc au total 72 missiles), un 76 mm et un Rapid Fire, m’est avis que c’est la seconde qui attirera l’œil sur la scène internationale. 72 missiles, on n’est pas si loin des 90 missiles des Burke, et exactement au même niveau que les Constellation (grâce à l’ESSM et avec deux fois moins de missiles Surface-air longue portée), qui coutent deux fois plus cher, et qui ne seront pas aussi efficaces en ASM (parce qu’en ASM, les meilleurs, c’est nous, et pi c’est tout !).

      • Je partage votre opinion mais étant donné que nous sommes déjà short pétrole en termes de bâtiments de premier rang, je vois pas comment on pourrait décemment diminuer leur nombre pour financer un armement à niveau pour les restants.
        Quant au choix de privilégier le nombre, c’est, à mon sens, le résidus du vieux principe de fleet in being qui a, par exemple, valu au Hood de se faire envoyer par le fond avec son équipage de 2000 hommes à la seconde salve du Bismark : sa modernisation n’avait pas été complétée par le renforcement de son pont blindé mais sur le papier la Home Fleet avait un croiseur de bataille de 48 000 t.

  3. De même le MISTRAL 3 peut être utilisé contre les petits navire vu qu’il a neutraliser un char AMX-30 au cours d’un test il y a plus de une décennie, donc pas besoin d’AKERON ou de roquettes de 70mm pour le LMP mais que du MISTRAL 3 en quantité massive.

    • Jamais entendu parler d’un tir de Mistral contre un AMX-30. Et je vois mal comment ce missile pourrait percer un char, vue sa tête militaire conçue pour lancer des billes de tungstène pour créer un cône de destruction. C’est l’équivalent d’une volée de 12,7, et ca ne peut pas percer un char. Il peut être employé contre des véhicules non blindés, éventuellement contre des navires, mais son autodirecteur n’est pas vraiment fait pour, sur un tir tendu en mer formée. Je ne parierai pas dessus. L’Akheron, lui, commence par prendre de l’altitude, ce qui lui confère une vision bien plus claire de la cible.

    • Un Oto-Melara de 76 mm et un Rapid Fire, ce n’est pas la même empreinte au sol, ni la meme profondeur. On ne peut pas comparer les deux. Par contre, en effet, le Strales et l’obus DART sont très efficace. En revanche, il souffre d’une limite de tir, qui ne peut évoluer que par l’augmentation du nombre de pièces.

  4. Quelle est l’intérêt d’équiper un bâtiment en LMP si c’est pour lui laisser à demeure 4 modules mistral ?
    Le jour ou les autres besoins (leurres, MMP, roquettes de 70 mm, charges de profondeurs )se feront sentir , combien de dizaines de minutes seront nécessaires pour remplacer un module ?
    Y aura t’il des espaces de stockage de modules de réserve prévus ?
    Les lanceurs mistral doubles ou sadral ne sont ils pas équivalents au LMP pour l’antiaérien ?
    Ne serait il pas temps de faire une commande grouppée de 50 Rapid Fire livrables sur 5 à 7 ans pour faire des économies d’échelle ? 8 sur pétroliers ravitailleurs , 2 sur PA, 13 sur frégates, 10 sur patrouilleurs , 2 à l’ile Longue …

    • Précisément, la modularité du LMP permet d’en adapter sa charge à la menace immédiate. Vous avez besoin de durcir le CIWS, vous pouvez aller jusqu’à 16 Mistral. Vous anticipez des drones navals ? Vous pouvez mettre un module Akeron et un module de roquettes de 70 mm, ainsi qu’un module lance-fumigènes. C’est assez brillant comme système.
      Les Rapid Fire sont déjà prévus pour les trois BRF (pétroliers ravitailleurs), les dix patrouilleurs hauturiers et les six GBGM (guerre des mines). Il est vrai qu’en ajouter aux quinze frégates de premier rang, aux trois PHA et au PAN, serait certainement bienvenue.

  5. Merci pour la synthèse !
    Quid des MICA VL également ? Peut-être moins coûteux pour plus de vecteurs.
    Par ailleurs, il me semble que MBDA travaille sur une solution simplifiée pour les lanceurs Sylver, en ce qui concerne la compatibilité des différents missiles du catalogue (déjà évoqué dans vos articles et confirmé par une de mes sources sûre).

    • En effet, mais cela suppose de mettre de nouvelles armoires de tir, d’adapter le système de combat etc.. C’est bien plus long, et plus lourd, que d’ajouter deux Sylver. Après, il n’y a pas vraiment d’intérêt aujourd’hui à mettre du Mica VL NG plutôt que de l’Aster 15. L’écart de prix est minime, et pas de gain de performances. Cela aurait de l’intérêt si le MICA VL pouvait être multipacké sur du Sylver. Mais ça, c’est encore plus long et cher, puisque cela suppose de redessiner les SYLVER, conçus à l’économie.

      • Justement, quel serait l’ampleur des travaux sur le système SYLVER si on souhaite multipacker des MICA NG ?

        En effet, comme déjà indiqué dans au moins 2 articles sur ce site, amener le Système SYLVER à une modularité proche de celle du Mk-41 américain aurait un intérêt.

        Au vu des performances annoncés du MICA NG dans la version air-air, il pourrait être un concurrent sérieux pour le RIM-162 ESSM. Sauf que ce dernier est par défaut « quadpacké » (4 missiles par cellule de tir). Et qu’il enchaine les victoire à l’export de ce fait.

        Quand au LMP, c’est une solution intéressante mais limitée à la portée (et l’altitude maximale) du missile Mistral SATCP. Et donc surtout efficace contre les drones légers et autre minidrones. Contre les drones lourds et les différents missiles, il faut du missile anti-aérien plus lourd comme l’actuel MICA VL minimum.

        • Cela nécessiterait de redessiner les VLS presque entièrement, tout au moins, les conteneurs eux-mêmes, et les connexions aux armoires. Cela aurait évidemment de nombreux atouts, mais c’est un vrai chantier, probablement de plusieurs années. Dans cet article, il est plus question de quickwin, pouvant être déployés sur un calendrier beaucoup plus court, et pour des couts plus réduits.

          • Effectivement, les délais seront surement trop long pour le conflit actuel en Mer Rouge. Vous serait-il possible d’en parler plus précisément dans un prochain article ?

          • Je n’ai pas précisément plus d’infos que cela, à ce sujet. Mais si des informations venaient à sortir sur le sujet, je n’y manquerai pas. Ceci dit, rien n’indique que cela soit dans les tuyaux aujourd’hui.

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