vendredi, novembre 1, 2024

La menace des drones d’attaque sur les navires de surface est-elle transitoire ?

Mi-février 2024, un rapport obtenu par la chaine américaine CBS, mit en évidence la menace des drones d’attaque sur les navires de surface, et en particulier sur les destroyers et croiseurs de l’US Navy.

Celui-ci affirmait, en effet, que les escorteurs américains déployés en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, avaient déjà tiré presque une centaine de missiles antiaériens Standard SM-2 et SM-6, pour intercepter les missiles, et surtout les drones lancés par les rebelles Houthis contre eux, ou contre les navires marchands escortés.

Ces drones Houthis, comme les drones de surface employés par les Ukrainiens en mer Rouge, ont fait apparaitre une nouvelle menace, contre laquelle les unités d’escorte navales alliées, ne sont pas équipées efficacement, provoquant une utilisation rapide et peu efficace de missiles antiaériens onéreux, sans pouvoir remplacer, à la mer, les missiles tirés. La situation est encore plus préoccupante pour la Marine russe, obligée de mettre fin à la majorité de ses opérations navales en mer Noire.

Dans ces conditions, de nombreuses voix se sont élevées pour mettre en évidence la menace drone sur les navires militaires, allant jusqu’à remettre en question la pertinence, pour les états, de se doter d’une couteuse marine militaire de surface, incapable de se prémunir contre ces drones peu onéreux et pouvant être employés simultanément en grand nombre, pour saturer les défenses, et en venir à bout.

Alors, les drones vont-ils signer l’arrêt de mort des grandes unités de surface navales ? C’est loin d’être certain, car les parades, pour répondre à ces menaces, existent déjà, et sont activement déployées à bord des navires militaires.

Utilisation massive de drones d’attaque en mer Rouge et épuisement des magasins des navires d’escorte

Depuis le début des attaques, en novembre 2023, les rebelles Houthis ont lancé de 300 à 350 drones, ainsi qu’une centaine de missiles antinavires, pour une cinquantaine d’attaques contre les navires marchands croisant en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, ainsi que contre la vingtaine de destroyers et frégates occidentales évoluant dans cette zone, pour les protéger. Plusieurs navires marchands ont été endommagés, et un cargo battant pavillon du Bélize, le Rubymar, a coulé suite à ces attaques, le 2 mars 2024.

Cargo Rubymar coulé mer rouge
Le cargo Rubymar a coulé après avoir été touché par des drones d’attaque Houthis au debut du mois de mars 2024

Pour protéger ce trafic commercial, depuis le début de cette campagne Houthis « en soutien à la cause Palestinienne », l’US Navy, mais aussi la Royal Navy, la Marine nationale, ainsi que plusieurs autres Marines occidentales, ont déployé des destroyers et des frégates. Jamais, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les marines occidentales n’avaient tiré autant de missiles, et abattu autant de vecteurs aériens, que lors de cette mission.

En dehors de quelques incidents spécifiques, concernant la frégate allemande Hessen, et la frégate danoise Iver Huitfeldt, les navires d’escorte occidentaux, comme leurs systèmes embarqués, se sont bien comportés face aux drones et missiles Houthis, y compris contre les missiles balistiques antinavires interceptés par des missiles Aster 30 français et SM-6 américains.

Toutefois, l’intensité des tirs Houthis a rapidement mis à mal les magasins de missiles et VLS des escorteurs déployés. Ne pouvant être réapprovisionnés à la mer, ces navires ont fait davantage usage d’autres moyens au fil du temps, comme les missiles sol-air à courte portée ESSM ou Ram, l’artillerie navale de 127 et 76 mm, et même leurs hélicoptères embarqués, pour intercepter les drones Houthis, des cibles relativement lentes et faciles à intercepter.

Pour autant, s’agissant d’intercepter les drones restés hors de portée pour attaquer les navires marchands, ainsi que les missiles de croisière plus rapides, les missiles à moyenne et longue portée Aster et SM-2, ont souvent été privilégiés, épuisant rapidement les réserves des navires, et limitant, donc, leur autonomie de combat.

Aster frégate Alsace
Bien que très efficaces, les missiles surface-air à moyenne et longue portée, n’ont pas été conçus pour intercepter des drones légers et économiques.

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