Les Eurobonds Défense peuvent-ils rééquilibrer les acquisitions des armées européennes ?
Il y a quelques jours, la première ministre estonienne, Kaja Kallas, a proposé de recourir à des Eurobonds Défense, pour financer un plan européen destiné à financer la modernisation rapide des armées de l’UE.
À l’image des Coronabonds de la crise Covid, ces Eurobonds Défense permettraient de dépasser les entraves budgétaires qui, aujourd’hui, handicapent les armées européennes dans leur effort de modernisation, et les états dans le soutien militaire apporté à l’Ukraine.
Toutefois, cette initiative, selon la manière dont elle serait conçue, pourrait également être un précieux outil, pour étendre et moderniser l’industrie de défense européenne, en particulier en incitant les européens à se tourner bien plus qu’ils ne le font, aujourd’hui, vers des équipements militaires conçus et fabriqués sur le vieux continent.
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Seuls 22% des acquisitions des armées de l’UE concernent les entreprises de défense européennes
En effet, selon un rapport récemment publié par l’IRIS, un think tank français, la part de matériels et équipements de défense de conception européenne dans les acquisitions récentes des armées du vieux continent, ne représenterait que 22 %, alors que les États-Unis, à eux seuls, engrangeraient 63 % de l’ensemble des investissements européens dans ce domaine.
En soi, ce pourcentage n’est en rien une surprise. En effet, ces dernières années, les industriels américains se sont taillés la part du lion dans les contrats d’armement passés par les pays européens, y compris dans des domaines dans lesquels les industries européennes disposent pourtant d’offres performantes et compétitives.
On pense naturellement au raz-de-marrée F-35, choisi ou bientôt choisi par plus d’une quinzaine de force aérienne européenne, y compris dans des pays disposant d’un avion de combat performant de conception locale, comme c’est le cas de l’Allemagne, de l’Italie, et très probablement bientôt, de l’Espagne, avec le Typhoon.
C’est aussi le cas dans la défense antiaérienne, avec le Patriot choisi par 5 pays européens, là où le SAMP/T Mamba européen, au moins aussi performant, et moins onéreux, n’est en service qu’en France et en Italie, les deux pays qui l’ont conçu.
Au-delà des États-Unis, d’autres pays ont effectué des percées spectaculaires ces dernières années en Europe, en particulier la Corée du Sud avec le char K2 et le canon automoteur K9, ou encore Israël, avec le canon porté ATMOS, ou encore différents systèmes de missiles, comme le missile antichar SPIKE.
À chaque fois, il existe au moins un, parfois plus, matériel européen, aux performances identiques, voire supérieures, et pourtant ignoré par les armées et dirigeants européens qui, dans le même temps, ont validé la Boussole Stratégique européenne, visant à, précisément, accroitre l’autonomie stratégique de l’UE dans le domaine de l’industrie de défense.
Mettre l’achat de matériels européens au cœur du modèle d’Eurobonds Défense
C’est précisément là que le principe des Eurobonds Défense, proposés par la PM estonienne Kaja Kallas, destinés à financer la modernisation des armées européennes pour faire face à l’évolution rapide de la menace, peut jouer un rôle déterminant et structurant, en faveur d’un profond changement culturel au sein des armées de l’UE.
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