dimanche, novembre 10, 2024

La victoire russe en Ukraine est-elle inévitable, faute de négociations rapides ?

« Les ukrainiens ne peuvent pas gagner cette guerre, ils doivent négocier ». Ce discours envahit, depuis plusieurs semaines, le paysage médiatique et politique occidental, porté tant par des experts militaires et du renseignement, que des dirigeants politiques, en passant par des philosophes et, bien évidemment, un grand nombre de commentateurs plus ou moins compétents à ce sujet.

À entendre ces discours, parfois crédibles et argumentés, l’Ukraine n’aurait plus les moyens, aujourd’hui, de résister à la pression russe, alors que Moscou a su mobiliser ses capacités industrielles, économiques et sociales, tout en gardant sa population sous contrôle pour éviter toute opposition.

Alors, l’Ukraine est-elle effectivement condamnée, et doit-elle, dès à présent, tenter d’ouvrir les négociations avec le Kremlin ? Comme souvent, depuis le début de ce conflit, les discours, à ce sujet, ignorent certains des paramètres entourant de telles hypothèses, pour parvenir à des conclusions parfois contestables, ou, tout du moins, qui gagneraient à être plus nuancées…

Un rapport de force qui évolue en faveur de la Russie

Il est indéniable, aujourd’hui, que la dynamique en cours, dans ce conflit, est largement en faveur des Armées russes. Ceci n’a, d’ailleurs, rien de surprenant. Dès le mois de janvier 2023, les informations concernant la reprise en main, par les autorités russes, de l’outil industriel défense du pays, dessinaient des perspectives qui, faute d’une réponse massive et rapide occidentale, allaient engendrer une dégradation du rapport de forces en faveur de la Russie, à relativement court termes.

victoire russe en Ukraine se joue chez Uralvagonzavod
Dès le mois de janvier 2023, il était établi que la Russie avait transformé son outil industriel de défense pour soutenir un conflit de longue durée

De même, une fois qu’il a été clair que l’opinion publique russe demeurait sous contrôle du Kremlin, en dépit des pertes terrifiantes subies par ses armées engagées en Ukraine, il était certain que le rapport de forces humain allait rapidement évoluer en faveur des armées russes.

De fait, au premier trimestre 2023, alors que médias et politiques semblaient convaincus de l’efficacité de la contre-offensive ukrainienne à venir, les éléments qui ont depuis créé la présente situation, étaient tous connus, même si, le plus souvent, ignorés, volontairement ou non.

C’était aussi le cas de la stratégie appliquée par le Kremlin, pour remporter la victoire en Ukraine. En effet, depuis le printemps 2022, et la certitude que les pertes enregistrées, côté russe, étaient admises par l’opinion publique, il était établi que Moscou se satisfaisait d’un conflit d’attrition, tablant sur le fait que la Russie avait des moyens supérieurs pour remplacer ces pertes que l’Ukraine, alors que l’assistance occidentale serait, certainement, limitée dans le temps et que les ressources démographiques ukrainiennes étaient nettement inférieures..

Le Kremlin est-il prêt à négocier en Ukraine, alors qu’il pense pouvoir remporter une victoire totale ?

En d’autres termes, dès le début de l’année 2023, toutes les pièces étaient en place, pour comprendre que la Russie était entrée dans un conflit de longue durée, avec l’objectif d’user, et d’user encore, le potentiel défensif ukrainien, pour s’emparer de l’ensemble du pays.

À ce titre, si le Kremlin se satisfaisait de la prise d’une partie de l’Ukraine seulement, les armées russes seraient restées retranchées sur la ligne Sourovikine, qui leur permit de rétablir un taux d’échange soutenable dans la durée, face aux armées ukrainiennes, tout en protégeant le terrain conquis.

Combat à Bakhmout
Les offensives russes, comme à Bakhmout, montrent que le Kremlin ne se satisfait pas de la situation actuelle. Il est donc très improbable qu’il accepterait de négocier un quelconque statuquo.

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2 Commentaires

  1. malheureusement, la volonté politique n’y est pas, tant que des banquiers dicteront la politique, il n’y aura pas d’investissement dans les moyens militaires, les « démocratures » que nos chers banquiers ont financés sur l’autel du libre échange s’armes à vitesse grand V depuis plusieurs années et chez nous (heureusement que nous sommes des pays riches) nous sommes matraqué sur les préoccupations de faire des économies pour rembourser les dettes souveraines d’un argent dont on ne sait comment il est dilapidé ! on nous parle du PANG pour 2040 alors que le menace est la aujourd’hui, aucun projet (MGCS, SCAF, GCAP, ou encore missiles hypersoniques européen ?) n’est mené sérieusement avec les coups d’accélération qui sont nécessaires, pour être en accord d’une augmentation de l’aide à l’Ukraine et des armées dignes de ce nom il faudrait des investissements du budget des armées pour les 6 grands pays européens (Allemagne, Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Pologne), de l’ordre de 4 à 5% du PIB, hors seul la Pologne joue le jeu car elle à très bien perçue la menace (plus un vécu de 50 ans d’occupation Russe), les autres se contentent de déclarations et d’un peu d’action, mais pas de vrai décisions dignes de ce nom, le jour ou dans les faits ces pays se seront décidés à se consacrer à la défense (enfin une vrai CED et une vrai réindustrialisation) alors oui ce jour la Poutine réfléchira à s’assoir à une table de négociation et par ricochet Xi Jinping a réfléchir d’une action sur Taiwan, effectivement le mal pour un bien serait une arrivée de Trump à la maison blanche en espérant que cela fasse un électrochoc… comme on dit « l’espoir fait vivre »

  2. Soutenir massivement l’Ukraine est la seule politique censée.
    L’effort budgetaire reste modéré, si il est bien reparti entre les pays membres, et se rembourse en partie par les opportunités d’export que génère le « battle-proven ».
    Tout ça sans verser une seule goûte de sang européen et en reduisant notre dépendance au complexe militaro-industriel américain.

    Ça reste un sacré deal, beaucoup de pays rêveraient de pouvoir saigner comme ça leur adversaires à aussi peu de frais.

    Et pour finir sur une note un peu moins cynique il ne faut pas oublier que contrairement à l’Afghanistan des années 80 cette fois ci on arme pas des tarés d’islamistes mais une démocratie libérale europhile, un pays ami.

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