dimanche, novembre 10, 2024

Conscription, 3 % PIB : Boris Pistorius a de grandes ambitions pour la Bundeswehr

Nommé en janvier 2023 par Olaf Sholz, sur les ruines de l’épisode Christine Lambrecht, Boris Pistorius, le ministre de la Défense allemand, est rapidement devenu une personnalité politique de premier plan, que ce soit sur la scène nationale, européenne et internationale.

Particulièrement volontaire, il s’est saisi de l’application de la Zeitenwende du chancelier allemand, cette enveloppe de 100 Md€ promise à la Bundeswehr au lendemain de l’offensive russe contre l’Ukraine par Olaf Scholz, pour lui redonner de l’allant.

Alors que les hésitations du chancelier, autour des questions de défense, tendent à cristalliser les critiques au Bundestag comme sur la scène internationale, Boris Pistorius a, pour sa part, tenu un discours très offensif dans ce domaine, et a su, notamment, remettre sur rails les programmes SCAF et MGCS franco-allemands avec son homologue français, Sébastien Lecornu, les deux hommes partageant une motivation et un dynamisme communs.

Surfant sur une popularité inégalée dans l’opinion publique allemande, l’homme politique allemand est, semble-t-il, passé à une nouvelle étape, ouvrant la porte à des mesures pour faire de la Bundeswehr la première armée d’Europe, et peut-être, de lui, le prochain pivot d’une éventuelle future Grande Coalition.

En visite à Washington, Boris Pistorius dévoile ses ambitions pour la Bundeswehr

À l’occasion de sa visite aux États-Unis, le ministre allemand a, une fois encore, porté un discours particulièrement offensif, en appelant tous les membres de l’OTAN à viser un effort de défense à 3 % du PIB, et l’Allemagne à revenir vers une forme de conscription, pour permettre à la Bundeswehr de retrouver le rôle de pivot conventionnel qui était le sien pendant la guerre froide.

Boris Pistorius et Lloyd Austin - Washington mai 2024
Visite de Boris Pistorius aux Etats-Unis, pour rencontrer Lloyd Austin, le Secretaire à la Défense américain.EPA/MICHAEL REYNOLDS

Il s’agit, pour Boris Pistorius, de donner des gages à l’ensemble de la classe politique américaine, y compris les républicains trumpistes qui croient, plus que jamais, aux chances de leur champion lors des prochaines élections présidentielles américaines.

Ainsi, en appelant l’ensemble des membres de l’OTAN, à s’orienter vers un effort de défense représentant 3 % de leur PIB, y compris les États-Unis, le ministre allemand envoie simultanément plusieurs messages.

Aux américains, d’abord. En effet, non seulement celui-ci rebondit-il sur les propos de Donald Trump qui avait évoqué son intention de contraindre les européens à amener leur effort de défense à 3 % pour conserver la protection américaine, mais il laisse même entrevoir la possibilité, pour Washington, de baisser son propre effort de defense, aujourd’hui à 3,4 %, en s’appuyant, justement, sur la hausse des investissements européens.

Aux européens, ensuite, alors que plusieurs dirigeants du vieux continent, comme les britanniques, polonais ou baltes, soutiennent, eux aussi, une hausse du plancher de l’effort de défense au sein de l’OTAN, au-delà des 2 % actuels.

Aux allemands, enfin, en prenant une posture sensiblement divergente de celle soutenue par Olaf Scholz, de moins en moins apprécié par l’opinion publique, tandit que la possibilité de devoir passer par une nouvelle Grande Coalition, une alliance entre les chrétiens démocrates de la CDU-CSU et les socialistes du SPD, se dessine lors des prochaines élections législatives de 2025.

Un intérêt croissant du ministre de la Défense allemand pour la conscription choisie scandinave

Outre l’augmentation de l’effort de défense européen, donc allemand, Boris Pistorius a également plaidé pour un retour à une forme de conscription en Allemagne, à l’occasion de sa visite à Washington.

Boris pistorius en suède mai 2024
Boris Pistorius en visite en Suède en mai 2024 pour évaluer le modèle de conscription schoisie

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2 Commentaires

  1. Encore une fois l Allemagne prefere se coller aux demandes des USA (Trump) plutot que se rapprocher de la France, laquelle à une alternative nucleaire, mais dont l éventuel parapluie nucléaire européen, obligerait les autres pays bénéficiaires à mettre la main au porte monnaie , en quelque sorte cela pourrait permettre à la France d augmenter son budget miltaire

    • N’est-ce qu’une question de moyens. Je pense que c’est plutôt une question de nature de relation. Nos voisins ont été en partie muselés au lendemain de la seconde guerre mondiale. Ils respectent leur vainqueur d’alors. Ils ont une relation extrêmement complexe et pas dénuée d’arrière pensées avec la France. Ils s’affirment depuis quelques années maintenant. Laissons le temps au temps. Si le Scaf et le MGCS vont au bout, la perception mutuelle évoluera dans des proportions qu’il est pour le moment difficile à évaluer. Le consentement à une alliance de facto n’est possible que lorsque les 2 parties sont en mesure de s’engager. Ce n’est pas encore tout à fait le cas.

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