Les États-Unis multiplient les initiatives pour tenter de placer leur chasseur F-16V ou F-16 Block 70/72 dans le Pacifique. Après les Philippines, c’est aujourd’hui à la Thaïlande que Washington et Lockheed Martin ont transmis une offre portant sur l’ultime version du chasseur monomoteur américain, pour s’imposer dans l’effort de modernisation de la flotte de chasse des forces aériennes royales thaïlandaises.
Il s’agit, pour l’administration Biden, de placer le F-16V face aux offres chinoises et européennes, et ainsi conserver la proximité militaire et technologique avec cet allié historique, exemplaire durant la guerre froide, mais se rapprochant de Pékin depuis une vingtaine d’années, sur un théâtre d’opération indo-pacifique sur lequel le pays occupe une position stratégique.
Pour séduire Bangkok, l’offre américaine se pare d’un volet contractuel qui n’avait plus été observé depuis longtemps outre-atlantique, concernant les exportations d’équipements de défense américains. En effet, Washington propose non de vendre, mais de louer ses nouveaux chasseurs à la Thaïlande, qui plus est par lots relativement réduits de quelques appareils seulement, répondant aux enjeux budgétaires thaïlandais, tout en renforçant le lien ainsi créé, avec cet allié stratégique sur un théâtre qui l’est tout autant.
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Les forces aériennes thaïlandaises vexées du refus américain de lui vendre le F-35A
Il faut dire que l’offre américaine partait avec un sévère handicap, face aux autres alternatives chinoises et européennes. En effet, il y a un peu plus de deux ans, le chef d’état-major des forces aériennes thaïlandaises, l’Air Chief Marshal Napadej Dhupatemiya, avait annoncé qu’il privilégiait l’achat de F-35A à celle de JAS 39 Gripen, pour remplacer ses F-5 et F-16, dans le cadre de la modernisation des forces aériennes Thaïlandaises.
La déclaration avait toutefois de quoi surprendre. Le chef d’état-major thaïlandais affirmait, ainsi, que le F-35A était plus économique que l’avion suédois, pourtant déjà en service dans la flotte de chasse Thaï, ce qui est plus que contestable, quel que soit le point de vue choisi.
Surtout, Bangkok s’est rapproché, ces deux dernières décennies, de Pékin, pour équiper ses armées, en faisant l’acquisition de sous-marins Type S26T, de LPD Type 071E, de frégates et d’OPV pour la Marine Royale Thaïlandaise, et de chars VT-4, d’APC VN-1 et de systèmes d’artilleries, acquis auprès de l’industrie de défense chinoise.
Comme on pouvait s’y attendre, les autorités américaines se sont montrées plus que rétives à l’hypothèse de vendre le précieux F-35A, à un allié de longue date, certes, mais qui a montré une réelle dynamique de rapprochement avec la Chine. Longtemps, Washington tenta de convaincre Bangkok de se tourner vers un autre modèle, comme le F-15EX ou le F-16V.
Face à l’insistance thaïlandaise, les États-Unis ont finalement dû officiellement rejeter la demande concernant l’acquisition de F-35A pour les forces aériennes royales Thaï, il y a tout juste un an, provoquant une grande déception, et une certaine colère de la part de Bangkok qui estimait, non sans raison, avoir largement mérité la confiance américaine, par sa fidélité exemplaire, notamment pendant la guerre du Vietnam et la guerre froide.
Les États-Unis proposent le F-16V accompagné d’une offre de Leasing à la Thaïlande pour s’imposer face au JAS 39 Gripen suédois.
Pékin se saisit immédiatement de l’opportunité offerte par le refus américain, en proposant, quelques jours à peine après, un partenariat stratégique étendu à Bangkok, y compris concernant l’acquisition de matériels militaires sensibles de facture chinoise.
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