Depuis 2018, les forces armées américaines ont fait de la Confrontation, avec la Marine chinoise et l’Armée Populaire de Libération, le pivot de leur stratégie militaire et industrielle, qu’il s’agisse des programmes navals, aériens ou terrestres.
Cette hypothèse a considérablement pris de l’ampleur, lorsqu’en mars 2021, l’amiral Phil Davidson, alors commandant américain du théâtre indopacifique, déclara que Pékin et ses forces armées, seront en capacité d’attaquer Taïwan, à partir de 2027.
Cette date, qui n’avait pas été détaillée par l’amiral Davidson, est devenue, depuis, l’échéance au cœur de l’effort de modernisation des forces armées américaines, en particulier pour l’US Navy, l’US Air Force et l’US Marines Corps, les plus concernées par l’hypothèse d’un conflit avec l’Armée populaire de libération.
Et pour cause ! Cette date n’a rien d’arbitraire. C’est, en effet, à partir de 2027, que la Marine chinoise aura l’avantage numérique sur l’US Navy, dans un scénario de blocus ou d’assaut amphibie sur Taïwan.
Sommaire
2027, une échéance clé pour le Pentagone concernant Taïwan
Depuis les déclarations de l’amiral Davidson, l’échéance de 2027 s’est, ainsi, imposée comme la date pivot pour beaucoup de programmes de défense américains, qu’il s’agisse de la modernisation et l’extension des capacités de production des chantiers navals américains, comme de l’entrée en service des nombreux programmes de drones, de munitions rôdeuses et de missiles hypersoniques pour l’ensemble des forces américaines.
À ce titre, il convient de préciser que dans les propos de l’amiral Davidson, confirmés, depuis, par plusieurs analyses émanant de différents Think Tank outre-Atlantique, 2027 ne représente pas la date anticipée la plus probable, pour une action militaire chinoise contre Taïwan, mais le début d’une période durant laquelle la Chine disposerait des capacités militaires relatives suffisantes pour estimer pouvoir mener une telle action contre l’ile autonome.
C’est donc à compter de cette échéance que les trajectoires de modernisation des forces armées des pays, auront la plus grande influence sur l’équilibre des forces autour de Taïwan, d’abord, puis dans l’ensemble du bassin indo-pacifique, après cela.
On comprend, dans ce contexte, les raisons ayant amené, par exemple, l’US Navy a reporté certains grands programmes de modernisation de ses forces, comme le destroyer DDG(x), le sous-marin nucléaire d’attaque SSN(x), et l’avion de chasse embarqué F/A-XX, pour libérer des ressources budgétaires à courte échéance, afin de piloter, au mieux, l’évolution des subtiles évolutions du rapport de force avec l’APL, de 2026 à 2040.
Plus récemment, c’est l’US Air Force qui a annoncé la remise en question des paradigmes entourant le programme NGAD de chasseur de 6ᵉ génération, prévu jusqu’ici pour entrer en service à partir de 2030, en partie pour donner la priorité au programme de drones de combat CCA, à une échéance beaucoup plus proche, et considéré, a raison, comme la clé du rapport de force face à la Chine, y compris à court terme.
Évolution des flottes de l’US Navy et de la Marine chinoise jusqu’en 2040
Pour comprendre les raisons ayant amené l’amiral Davidson, et les think tank, après lui, à considérer l’année 2027, comme le début d’une phase à haut risque, autour de la question taïwanaise et de la possibilité d’un affrontement sino-américain dans le Pacifique, il convient d’étudier l’évolution du rapport de force militaire entre ces deux super-puissances autour et après cette date.
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De toute facon ce conflit se reglera par l’economie et pas par la guerre.
Avec une Chine au bord du gouffre qui survit que par sa balance commerciale extérieur, comment va t’elle survivre a des contre-mesures commerciales ?
On voit déjà les dégats des malus auto électrique alors des mesures a grande échelle ……
Il faut se méfier de ce type de prédictions. Il faut ainsi se rappeler de ceux qui prédisaient l’effondrement économique rapide de la Russie en mars 2022. Même si l’économie Russe va beaucoup plus mal que ne l’affirment les rapports officiels de Moscou, je ne vois aucune influence sur la politique menée par le Kremlin, ni sur un possible retournement de la population contre V. Poutine. Bien au contraire, la main mise sur les esprits semblent s’être raffermie ces deux dernières années. Et il pourrait en être de même en CHine, qui par ailleurs dispose d’un confortable tapis de devises et de réserves de materiaux beaucoup plus difficiles à contourner que le pétrole et le gaz russe ….
Excellente analyse, merci. Deux autres éléments de réflexion:
1. Dans l’hypothèse d’un blocus de Taïwan suivie d’une intervention directe des Etats-Unis, le rapport de force conventionnel ne serait en effet pas favorable, et les risques ne sont pas vraiment maîtrisables. Les Etats-Unis seraient ainsi tentés d’une escalade conventionnelle dans le Pacifique pour tenter de rétablir le rapport de forces en utilisant les éléments capacitaires en leur faveur et en dispersant les forces chinoises. Par ailleurs, la Chine est évidemment un pays doté, et les risques d’escalade nucléaire seraient élevés. Est-ce que les Etats-Unis voudront prendre ce risque pour une petite île de l’autre côté du Pacifique?
2. S’ils décidaient de faire ce choix malgré tout, ils seraient condamné à emporter la décision rapidement. A ce stade, l’industrie chinoise est infiniment plus puissante que l’industrie américaine (la Chine représente 60% des capacités de construction navale mondiale), son industrie civile peut basculer en mode de guerre assez rapidement. De l’autre côté, on connait les difficultés de l’industrie navale américaine. Bref, dans cette seconde guerre du Pacifique, ce ne sont plus les Etats-Unis qui ont les capacités industrielles pour l’emporter, et la Chine serait sûr de gagner une guerre d’attrition.
Pour une petite ile dans le Pacifique, probablement pas. D’ailleurs, avec la bascule de 1970, ayant permis l’éviction de Taïwan de l’ONU au profit de la RPC, les États-Unis avaient déjà signifié que leur résolution à défendre Taïwan était toute relative. Depuis, cependant, l’ile est devenue le pivot mondial des semi-conducteurs, avec 60 % des pdm mondiales. Si Pékin met la main dessus, contrôlant déjà 80 % des terres rares raffinées mondiales, la Chine disposera d’un contrôle presque total sur les capacités industrielles et technologiques de l’immense majorité des pays industrialisés. Tant que les compétences et capacités industrielles supplétives n’auront pas été déployées en occident, je n’ai guère de doute sur la volonté de Washington de maintenir le statu quo, et d’empêcher Pékin de mettre la main sur l’ile. Après, par contre ….