Longtemps reléguée au statut d’antiquité, l’artillerie antiaérienne retrouve, ces dernières années, les faveurs des grandes armées mondiales. Aux États-Unis, après le programme MDACS de l’US Army, c’est au tour de Northrop Grumman, troisième plus importante entreprise de défense américaine, de communiquer sur un nouveau programme d’artillerie antiaérienne.
Baptisé Cannon-Based Air Defense, ou CBAD, celui-ci vise à concevoir rien de moins qu’un système antiaérien multicouche, exploitant exclusivement des canons antiaériens, et spécialement conçu pour répondre à la menace que représentent, aujourd’hui, les attaques de saturation alliant missiles de croisière, drones d’attaque et munitions stand-off.
Pour cela, l’industriel américain veut concevoir une technologie de munition d’artillerie disposant de certaines caractéristiques de guidage des missiles sol-air, et de différents calibres, pour neutraliser l’ensemble des menaces, y compris les plus nombreuses.
Sommaire
La saturation des défenses aériennes, la grande faiblesse des forces terrestres et navales aujourd’hui
La saturation des moyens de défense, en particulier concernant la défense sol-air, représente, depuis de nombreuses décennies, à la fois la plus grande crainte des défenseurs, et la plus grande opportunité des assaillants.

C’est notamment pour répondre à ce type de menaces, plus précisément des attaques menées par plusieurs dizaines de bombardiers à long rayon d’action soviétiques comme le Badger, le Blinder et le Backfire, et leurs missiles antinavires supersoniques, que l’US Navy développa le croiseur Ticonderoga, le système AEGIS et le couple F-14 + AIM-54 Phoenix.
Pendant près de 60 ans, le missile s’est imposé comme la seule option face aux avions de combat, et aux missiles antinavires. Et il fallait, dès lors, embarquer toujours davantage de missiles de plus en plus performants, guidés par des radars toujours plus puissants, à bord de navires toujours chers, pour y résister.
Ainsi, aujourd’hui, un destroyer Arleigh Burke Flight III, qui emporte 96 silos verticaux de missiles, coute plus de 2,5 Md€, missilerie comprise, soit le prix d’un porte-avions de la classe Forrestal de 80 000 tonnes, entré en service en 1956, au prix compensé de l’inflation de 221 m$ x 1067%= 2,36 Md$.
L’arrivée des missiles de croisière, d’abord, puis des drones d’attaque, plus récemment, a toutefois profondément bouleversé le statu quo qui prévalait jusque-là. En effet, là où les missiles antiaériens avaient en net avantage sur la cible en termes de couts, avec un prix allant de 0,2 à 3 m$, pour des avions de combat de 10 à 100 m$, et des hélicoptères de 5 à 30 m$, il revenait sous la parité face aux missiles de croisière, coutant autour de 2 m$, alors qu’il faut, souvent, plus d’un missile par cible.
Cet écart s’est encore creusé avec l’arrivée des drones d’attaque, comme le tristement célèbre Shahed-136, d’une portée de plus de 1500 km, et dont le prix ne dépasse pas les 40 000 $, le mettant à la portée de toutes les bourses, parfois en très grande quantité.
Les limites des missiles et des armes à énergie dirigée
Ainsi, comme évoqué dans un précédent article, un modèle de drone d’attaque comme le Shahed, d’une portée de 2000 km, transportant 50 kg de charge militaire, et produit à 30k$ pièce, permettrait à un pays quelconque de se doter d’une flotte de 30.000 exemplaires, suffisante pour lourdement endommager l’ensemble des infrastructures civiles et militaires d’un pays comme la France, pour un ticket d’entrée équivalent au prix d’un sous-marin, d’une frégate ou de dix avions de combat, soit moins de 1 Md$.

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