Que vaut la Marine russe aujourd’hui ? Exercice Ocean-2024 et Flotte sous-marine (1ʳᵉ Partie / 2)

La Marine russe a donné le départ, ce 9 septembre, de l’exercice naval général baptisé Ocean-2024. Bien qu’essentiellement centralisé autour de la flotte du Pacifique, celui-ci a l’ambition de démontrer l’efficacité et les capacités opérationnelles des VMF (Военно-Морской Флот pour Flotte militaire océanique), la Marine russe, sur presque la totalité des théâtres sur lesquels elle est engagée, à l’exception de l’Atlantique.

Comme toujours, les chiffres accompagnant la communication russe autour d‘un exercice majeur, peuvent impressionner, ainsi que sa dimension internationale, avec notamment la participation de la Marine chinoise.

Toutefois, ces chiffres masquent, dans de nombreux cas, une Marine russe en perte rapide de moyens et de compétences, qui peine à se renouveler dans certains domaines, et dont les arbitrages structuraux sont remis en question par la réalité des combats en Ukraine, mais qui, dans d’autres domaines, se révèle effectivement redoutable d’efficacité.

Que vaut donc, objectivement, la Marine russe aujourd’hui ? Doit-on la craindre, en occident, et dans quelle mesure est-elle une menace pour la sécurité européenne ? Comme souvent, la réponse à cette question ne peut pas se résumer en quelques mots seulement.

Exercice Ocean-2024 : Moscou annonce une démonstration de forces de la Marine russe du Pacifique à la Baltique

Depuis le lancement de l’exercice Ocean-2024, les médias russes internationaux, comme les agences de presse du pays, se veulent dithyrambiques autour des moyens déployés par les VMF, la Marine russe.

Marine russe flotte caspienne Ocean-2024
Exercice ocean-2024

Ainsi, selon la communication officielle du Kremlin, l’exercice rassemblerait 400 unités navales, 125 avions de combat, 7500 équipements militaires et 90.000 hommes. Outre la flotte du Pacifique, basée à Vladivostok, les flottes de la Caspienne, de la mer Noire et de la Baltique, participent également à cet exercice, ainsi que des unités navales déployées en Arctique et en Méditerranée.

Enfin, Moscou insiste, dans sa communication au sujet d’Ocean-2024, sur la participation de l’Armée Populaire de Libération, seule nation alliée à y avoir dépêché des moyens militaires, en l’occurrence, 3 navires et 15 avions, ce qui reste très modeste pour la Marine chinoise. Il semblerait, enfin, que 15 pays, non cités nommément, aient envoyé 32 observateurs internationaux pour suivre Ocean-2024.

De prime abord, donc, les chiffres avancés par Moscou peuvent impressionner. Ils sont faits pour cela, même s’il faut, pour y parvenir, exagérer quelque peu le trait. Ainsi, il convient de rappeler qu’aujourd’hui, la surpuissante US Navy, disposant d’un potentiel opérationnel incomparable avec la Russie, n’aligne pourtant que 382 navires de guerre dans son inventaire, et la Chine, seconde marine mondiale, un peu plus de 450.

La Marine russe, elle, aligne 418 unités navales, mais un tiers de ces navires est constitué de patrouilleurs légers, opérés par traditionnellement par les Gardes Cotes dans de nombreux pays, ainsi que de remorqueurs portuaires et de barges de débarquement, non décomptés par les autres forces navales. En outre, elle fait face, depuis de nombreuses années, à une très faible disponibilité de ses navires, ne lui permettant de déployer guère plus de quelques dizaines de navires à la mer simultanément.

marine russe base navale sebastopol
Flotte de la mer Noire

De fait, il est fondamentalement impossible que 400 unités navales militaires russes aient pu être mobilisées pour participer à cet exercice, et il serait même surprenant que plus d’une cinquantaine de grandes unités navales y participent.

Les photos publiées par les médias russes ne montrent, d’ailleurs, pas une autre vérité, avec des flottilles relativement réduites, et composées essentiellement de corvettes et de navires légers, entourant une ou deux frégates ou destroyers.

Il convient donc de prendre avec beaucoup de réserve les chiffres avancés par la communication russe, concernant l’exercice Ocean-2024, et plus généralement, au sujet du potentiel opérationnel des VMF.

Mais que vaut, aujourd’hui, réellement, la Marine russe ? Et dans quelle mesure représente-t-elle un adversaire potentiel crédible, pour les États-Unis et le Japon, dans le pacifique, et pour les Marines européennes, dans l’Atlantique et en Méditerranée ? Pour répondre à cette question, il convient de décomposer la Marine russe en plusieurs capacités spécifiques : sa flotte stratégique, sa flotte sous-marine, sa flotte de surface de haute mer, et sa flotte côtière. Comme nous le verrons, selon le point de vue retenu, les résultats peuvent être très différents.

La flotte sous-marine stratégique russe demeure l’atout premier de la Marine russe

Comme les quatre autres pays membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unis, la Marine russe dispose d’une flotte sous-marine stratégique. Héritée de l’époque soviétique, celle-ci se compose de sous-marins nucléaires lanceurs d’engins SSBN, dont la fonction est d’assurer la capacité de seconde frappe nucléaire du pays.

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