À de nombreuses reprises, dans l’histoire récente, les armées occidentales, et plus particulièrement les armées américaines, se sont engagées dans un conflit avec la certitude d’avoir l’ascendant militaire et technologique sur l’adversaire.
Ce fut le cas en Corée, en Indochine, puis au Vietnam, mais aussi lors des campagnes plus récentes en Irak, en Libye, en Afghanistan ou en Afrique Sud-Saharienne. Si l’ascendant technologique a souvent été confirmé, lors de ces conflits, et que les armées US et occidentales ont le plus souvent affiché des taux de pertes très inférieurs à l’adversaire, ces campagnes se sont souvent conclues par une défaite occidentale, face à un adversaire moins équipé, moins entrainé, mais beaucoup plus déterminé.
Pour autant, ces références historiques ne semblent pas avoir entamé la confiance des états-majors américains, dans la supériorité de leurs forces armées, combinaison d’une technologie plus avancée et d’un entrainement et d’un aguerrissement plus poussés, et ce, quel que soit l’adversaire.
Longtemps, ainsi, les états-majors occidentaux ont regardé avec un certain mépris les efforts produits par la République Populaire de Chine, et par l’Armée Populaire de Libération, pour se mettre à niveau. Si, initialement, ce sentiment de supériorité reposait sur la certitude d’équipements moins performants et moins fiables, celui-ci a basculé, ces dernières années, sur la mise en avant de l’expérience du combat des armées américaines, dont seraient dépourvues les armées chinoises.
Il est donc utile de s’interroger, aujourd’hui, sur la réalité de ces propos présentés telles des certitudes par certains hauts gradés américains, et sur la plus-value effective qu’a pu représenter l’aguerrissement des forces, lors d’un engagement de portée stratégique.
Sommaire
Les Armées chinoises n’ont pas connu d’engagement militaire majeur depuis 1979
En dehors de quelques escarmouches localisées, comme la bataille du Mont Laoshan contre le Vietnam en 1984, ou les engagements limités sino-indiens sur les plateaux himalayens et au Ladakh, la dernière guerre significative à laquelle a participé l’Armée Populaire de Libération remonte à l’hiver 1979, lors de la guerre sino-vietnamienne.

À cette occasion, Pékin envoya une force de plus de 200,000 soldats s’emparer des villes frontalières du Vietnam, et de la route menant à Hanoï, à l’issue d’une campagne éclair qui se déroula du 17 février au 6 mars, en réponse à l’invasion du Cambodge par les armées vietnamiennes, pour mettre fin au régime des Khmers Rouges, soutenu par la RPC.
Après ce coup de force, Pékin retira cependant ses troupes au-delà de la frontière, et le 16 mars, la guerre prenait officiellement fin, après que les deux armées ont tout de même perdu autour de 50,000 hommes chacune. Si Pékin revendiqua la victoire, comme Hanoï du reste, l’occupation vietnamienne du Cambodge continuera jusqu’en 1989.
Depuis, l’Armée Populaire de Libération n’a plus connu de conflit ou d’engagement majeur, ayant notamment été préservé des conflits africains et moyen-orientaux, du fait d’un interventionnisme beaucoup plus mesuré que du côté occidental.
Il est donc exact d’affirmer que, contrairement à certaines armées occidentales, comme la France, la Grande-Bretagne et surtout les États-Unis, ayant toutes participé à plusieurs conflits d’intensité variable ces 40 dernières années, l’APL n’a plus, pour ainsi dire, l’expérience du combat aujourd’hui.
Notons cependant qu’en dehors des trois pays précités, ou encore d’Israël, ce constat s’applique également à l’immense majorité des armées mondiales occidentales, y compris les précieux alliés de la zone Pacifique des États-Unis que sont le Japon, la Corée du Sud et Taïwan.
Pour le général Eric M. Smith, l’expérience au combat des Armées américaines représente un atout majeur pour dissuader Pékin
Si l’APL n’a plus combattu depuis 1979, elle n’est cependant pas restée inactive. En effet, les armées et l’industrie de défense chinoises sont parvenues, de 1990 à 2020, à rattraper les quelque 20 années de retard technologique qui étaient les leurs, en particulier face aux États-Unis.

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Ce général Smith en vient presque à contredire l’histoire militaire de son armée et de son corps. Les résultats décisifs des armées US lors des deux guerres mondiales se fondent sur un outil initialement peu aguerri, mais taillé pour vite monter en puissance.
La dépendance chinoise aux importations fait qu’elle n’est pas, en l’état, en mesure de mener une guerre longue, même au pied de chez elle. Donc l’avantage du temps long ne peut pas jouer, pour le moment, en sa faveur. Un simple blocus maritime obligerait la Chine à mettre fin au conflit très rapidement. Il lui faudrait passer d’abord par une réorganisation totale de ses approvisionnements, ce dont on est loin. Ce qui ne change rien à la problématique quantitative des armées occidentales (plus européennes qu’américaines, ne nous leurrons pas). Quoi qu’il en soit, merci pour cet article.
Autre point de comparaison édifiante : la VIe armée allemande de Von Paulus, lancée à l’assault de Stalingrad en 1942 était la meilleure armée de l’OstHeer. Aguerrise, expérimentée et disciplinée, face à des armées russes en déroute. Elle a perdu, même avec un ratio de pertes 5 fois plus élevées pour l’URSS.
Contrairement aux soviétiques, les allemands n’ont jamais réussi à compenser la perte des vétérans du début de la guerre dans des proportions suffisantes pour obtenir un succès décisif