vendredi, septembre 5, 2025

Oreshnik, J-36, Geran-2… : les occidentaux ont-ils perdu l’initiative stratégique et technologique mondiale en 2024 ?

Si 2022, et le début de l’agression russe contre l’Ukraine, aura été, pour beaucoup, un point de bascule marquant la fin de l’après-guerre froide, la dynamique alors engendrée a pris plusieurs années afin de se révéler pleinement.

2024 aura été une année charnière à ce sujet, marquée par plusieurs événements majeurs qui vont, sans aucun doute, profondément influencer l’avenir des relations internationales et des rapports de force, dans une géopolitique mondiale en pleine mutation.

Pour comprendre la portée des bouleversements générationnels qui interviendront probablement dans les 12 mois à venir, et qui dessineront une nouvelle carte stratégique mondiale sans aucun rapport avec celle qui fit suite à 1989, il est donc nécessaire, en ce début d’année, de revenir sur les événements intervenus en 2024, qui préparent la transition géostratégique historique à venir.

Dans cette première partie, nous étudierons les quatre événements les plus significatifs concernant le bloc sino-russe, qui apparait de plus en plus, depuis 2022, comme l’adversaire désigné du bloc occidental dans les années à venir. Et comme nous le verrons, la situation, dans ce domaine, au 1ᵉʳ janvier 2024, est à la fois très différente et bien plus préoccupante, qu’elle ne l’était un an plus tôt.

Oreshnik, KN-23, Kinzhal…: le retour au premier plan des missiles balistiques

Jusqu’il y a peu, les missiles balistiques étaient considérés, en occident, comme des armes onéreuses et complexes à employer, ce qui en limitait l’utilisation aux missiles stratégiques de portée intercontinentale. En outre, le traité limitant les armes de portée intermédiaire INF, interdisait à Washington et à Moscou, de posséder ou déployer des missiles balistiques sol-sol d’une portée allant de 500 à 5500 km.

RS-26 Oreshnik IRBM Départ
Oreshnik, J-36, Geran-2... : les occidentaux ont-ils perdu l'initiative stratégique et technologique mondiale en 2024 ? 5

Même après que le traité INF fut dénoncé par les États-Unis et la Russie en 2019, le premier accusant le second de ne pas le respecter (à juste titre semble-t-il), aucune dynamique propre, en occident, ne semblait s’imposer, en dehors de la Corée du Sud.

Dans ce domaine, 2024 aura été une année de transformation, en lien avec l’efficacité constatée de ces systèmes mis en œuvre par les armées russes pour attaquer des cibles en Ukraine, avec des taux d’impact très supérieurs à ceux des missiles de croisière.

Ainsi, en dépit de leurs limitations, les Iskander-M et Kinzhal russes, ainsi que les KN-17 et KN-23 nord coréens, ont mené la vie dure, tout au long de 2024, aux batteries antiaériennes Patriot et SAMP/T ukrainiennes, seules capables de s’opposer à ce type de menace. Dans le même temps, le 30 septembre 2024, une frappe massive de 181 missiles balistiques MRBM iraniens, est parvenue à mettre à mal la défense antibalistique multicouche israélienne, la plus performante et la plus dense en occident, pour atteindre une base aérienne militaire.

Dans le même temps, des attaques menées par des missiles balistiques antinavires de conception iranienne, contre des navires commerciaux transitant en mer Rouge, ont montré l’efficacité de ce concept, mis en œuvre depuis deux décennies en Chine avec des missiles comme le DF-21D.

DF21D
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3 Commentaires

  1. Autant je vous suis sur le fait que la Corée du Nord joue à fond la carte russe, autant parler de « bloc sino-russe » ne me semble pas en l’état refléter la dynamique d’une relation sino-russe complexe.

    Pour l’instant en tout cas, la Chine ne fournit pas d’armement à la Russie (sauf peut-être des drones FPV commerciaux), se contentant de, et c’est déjà énorme, des produits commerciaux, ou de servir de débouché à son gaz et à son pétrole, soutenant ainsi indirectement l’effort de guerre russe. Il y a aussi évidemment une convergence idéologique – le nationalisme comme fondement politique, le désir de remettre en cause l’ordre international dominé par les Etats-Unis de la fin de la guerre froide, le communisme (passé en Russie, encore puissant en Chine dans sa variante oligarchique). Mais il semblerait qu’il y a une certaine morgue chinoise à l’égard d’une Russie sur le déclin, il y a le poids du passé et des conflits sino-russes, il y a une prudence traditionnelle de la diplomatie chinoise qui refuse les « alliances », le dépit peut-être de voir la Corée du Nord (l’un des états clients traditionnels de la Chine) diminuer sa dépendance stratégique à l’égard de Pékin … Tout cela fait que ces convergences ne peuvent se décrire comme un « bloc ».

    La Chine a sans doute intérêt à ce que le conflit avec l’Ukraine dure sous sa forme actuelle. alors qu’il consomme une partie significative des capacités de production américaine, elle peut comme vous le montrez bien se renforcer de façon continue, avec un différentiel de production « utilisable » finalement plus élevé. Idem soit dit en passant pour le conflit au moyen-orient, où Israël absorbe aussi une partie des productions américaines. Qu’est-ce qui pourrait changer le status quo et pousser la Chine et la Russie vers une alliance plus formalisée? A part un conflit ouvert à Taïwan, je ne vois pas. Mais il faut noter que le soutien chinois à la Russie peut se doser en fonction des effets recherchés. Par exemple, si la Russie venait à être en difficulté en Ukraine, rien n’empêcherait la Chine de fournir du support de façon discrète, par exemple en permettant certaines production sous licence, et en soutenant cette production, sans implication ouverte.

    Mais cette question de « bloc » est finalement secondaire. Votre conclusion sur la perte d’initiative des pays occidentaux en matière d’armement, malheureusement, est elle en plein dans le mille.

    • En plein dans le mille c’est regarder en mode micro les powerpoint des pays concerné. Le retour Indien laisse penser que les avions miraculeux chinois sont de sacrées daubes ( le communisme institualise le mensonge ?)

      Les bateaux sont en coque aluminium et du cout c’est pas une situation d’avenir de prendre une torpille avec

      Tout ce qui est missile vient de l’héritage soviétique et donc on l’a découvert en Ukraine c’est pas foufou non plus.

      Reste les drones, on le voit en ce moment sur Koursk avec des moyens pas trop dégueu on brouille finalement assez facilement.

      Après il reste quand même un critere fondamental dans le tableau présenté : la partie OTAN

      Comment la Russie ou la Chine tank les 5000 chasseurs de l’alliance ?
      L’Irak lors de tempete du desert avait du tanker 5000 tirs de micile sur les premières 24 heures.

      Moi je veux bien qu’ils ont l’initiative mais dire ca c’est soit ne pas connaitre les stocks americains d’arme, soit les ignorer volontairement.

      Enfin dernier argument imparable : comment la Chine ( et en ce moment la Russie ) se dépetre de ce merdier sans marché interieur de consommation et du coup sans marché d’exportation ( sanctionné évidement par l’occident ) ?

      • Quelques éléments de réponse:
        – La distance sera un profond élément d’égalisation en cas de conflit entre la Chine et les Etats-Unis. Taïwan est à 200 km des côtes chinoises, alors que l’île est à 2500 km de Guam, 8200 km de Pearl Harbour et 11.000 km de San Diego. Le temps et les ressources et le temps perdus en transit seront énormes, sans même parler de l’éventuelle interdiction par les chinois sur le chemin. Autre effet de la distance: le F-35, le F-22 ont les pattes courtes sur ce théâtre, alors que ce n’est pas un problème pour les chinois. D’où nécessité de ravitailler, mais le ravitaillement est devenu un faiblesse américaine avec les faiblesses du programme KC-46. etc etc
        – Personne ne dit que les armements chinois sont meilleurs 1 contre 1 que les armements occidentaux. Le fait est, en revanche, qu’ils sont probablement *assez* bons. La Chine a maintenant la capacité de tout faire. Couplé avec une capacité de production bien supérieure, et l’effet réducteur de la distance, ils ont maintenant l’initiative. Et pour pousser l’analogie : les alliés n’avaient pas nécessairement la supériorité technique sur tous les plans pendant la 2e GM – le Sherman était moins bon qu’un panther, mais il a été produit en quantités 10x plus grandes … Et enfin, on observe qu’au delà d’une simple copie des concepts occidentaux, les chinois ont désormais une capacité d’innovation propre.
        – Dernier point, même si les Etats-Unis arrivent à taper sur la Chine, on parle de la première puissance industrielle mondiale, pas de l’Irak. La capacité de la Chine à absorber des dommages sera infiniment plus grande. Et si je ne suis pas dans le secret des inventaires, j’ai l’impression que personne, fut-ce les USA, n’ont les stocks et les capacités de production suffisantes en missiles de précision pour les affaiblir durablement.
        – En ce qui concerne l’OTAN, les débats sont nombreux sur ce que ferait l’alliance. A mon humble avis, les membres junior de l’OTAN risquent de ne pas faire grand chose mis à part prêter des bases aux USA (ex. Diego Garcia, Noumea etc). Défaut de volonté politique et défaut de capacités à un moment où la menace russe est très présente.
        – Quand à votre point sur l’économie, il est indéniable. Si les chinois sont des acteurs économiques rationnels, cela les empêchera d’agir. Mais le sont-ils? Ou bien seront-ils aussi « irrationnels » que Poutine avec l’Ukraine? C’est la question à 100 milliards.

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