L’autonomie stratégique européenne est, depuis quelques semaines, sur toutes les lèvres dans les chancelleries du vieux continent. En quelques semaines, seulement, Donald Trump a fait voler en éclat la confiance bâtie entre les États-Unis et les Européens, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, privant ces derniers de leurs repères en matière de défense et de sécurité.
Soudain, les européens ont compris à quel point ils étaient entièrement dépendants, en matière de défense, des États-Unis, que ce soit au sein de l’OTAN, comme dans la maintenance et la mise en œuvre d’une grande partie de leurs équipements militaires, achetés outre-Atlantique avec le secret espoir d’acheter, par là-même, l’intangibilité de la protection US.
Tous les européens ? Non, un petit pays, près de l’Armorique, avait résisté aux sirènes de la protection américaine, et après avoir été décrié pour son côté rebelle, vis-à-vis du grand protecteur américain, voilà que les européens trouvent en la France, les bases de l’autonomie stratégique tant désirée, maintenant qu’elle est devenue indispensable.
Pour autant, si la France veut effectivement donner corps à l’autonomie stratégique européenne, qu’elle appelle de ses vœux depuis plusieurs décennies, elle va devoir organiser efficacement, et subtilement, la transformation qui attend les européens, tout en évitant que les vieux schémas confortables, car profitables à court terme, mais ô combien dangereux, le moment venu, ressurgissent.
Pour y parvenir, Paris pourrait engager un vaste super programme franco-européen, visant à donner corps, à l’échelle industrielle, mais aussi stratégique et opérationnelle, à cette autonomie stratégique de fait, en écartant, une à une, les tentations exogènes. Cet article, en deux parties, présente certains de ces programmes, qui ont le potentiel d’amener effectivement les européens, vers une réelle autonomie stratégique, tout en préservant les intérêts stratégiques et sécuritaires de la France.
Sommaire
La France au cœur de la construction potentielle de l’autonomie stratégique européenne
Depuis quelques semaines, la France a changé de statut sur la scène européenne défense. De pays peu fiable à visée hégémonique, tel que la plupart des chefs d’État européens percevaient la France et son ambition d’autonomie stratégique européenne, elle est devenue, pour nombre d’entre eux, un exemple, aujourd’hui.

En effet, la France a déployé d’immenses efforts, ces 60 dernières années, pour conserver son autonomie stratégique, et ainsi dépendre le moins possible d’acteurs extérieurs, et spécialement d’acteurs non-européens, pour équiper ses armées.
En effet, le pays est le seul, en Europe, à détenir une dissuasion pleinement autonome et indépendante, le seul à mettre en œuvre des avions de combat de conception et facture nationale, y compris pour les moteurs, et le seul à déployer des flottes de sous-marins à propulsion nucléaire, ne reposant pas sur certaines compétences et savoir-faire américains.
Dans le même temps, son industrie produit l’ensemble des véhicules blindés, des hélicoptères, des satellites, des navires et des munitions technologiques, employées par les armées, à quelques très rares exceptions près, comme les missiles antichars Hellfire de l’hélicoptère Tigre.
Cette singularité française, longtemps perçue, en Europe, comme lié à un caractère frondeur français lié au refus de reconnaitre la protection américaine, apparait à présent comme salvatrice dans de nombreuses chancelleries européennes, alors que l’appui des États-Unis, en cas de conflit, notamment contre la Russie, n’est plus du tout garanti.
Les européens sont à présent ouverts à l’émergence d’une véritable autonomie stratégique sur le vieux continent. Toutefois, seule la France dispose de toutes les compétences technologiques pour y parvenir. De fait, elle a, à présent, tant une opportunité qu’une responsabilité historique, pour créer le cadre permettant à celle-ci d’émerger.

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Article en deux parties – La seconde partie est accessible ici.
Bonjour,
pour le point « Missile balistique MRBM hypersonique » il semble qu’un projet ait émergé ( plutot sur du croisière mais le manque d’info actuel ne permet d’exclure totalement le balistique comme le dit l’article, notamment de par l’existence du planeur hypersonique en cours de dev au UK) pour combler le manque opértionnel. « https://www.twz.com/air/long-range-deep-precision-strike-missile-to-be-developed-by-uk-and-germany. A voir ce que fera la France.
Bonjour,
Merci pour l’article.
Concernant le développement d’un mono moteur 5G, ce serait avec quelle motorisation ?
est-il envisagebale de faire évoluer le programme T-REX de safran pour atteindre les 100kN de poussée et couvrir les besoins du Gripen et s’affranchir de la dépendance au moteur GE par la même occasion ?
Le T-REX est donné pour 9 tonnes, c’est un peu court. Mais Safran avait indiqué qu’il serait possible d’amener le M88 à 12 tonnes, mais avec des changements de masse et de dimensions. Si cela n’est pas envisageable dans le cas du Rafale, cela pourrait s’envisager, dans ce cas. L’autre hypothèse est de se tourner vers un EJ200 survitaminé.
une question, si dassault doit dévellopper un successeur au mirage, avec la suede, pensez vous qu’il va laisser tomber le rafale F5, le peut être super rafale, sachant qu’il est aussi occupé sur le scaf ? cela va faire boullir les bureaux d’étude non ?
Laisser tomber le Rafale F5 n’est pas envisageable, puisqu’il est nécessaire de disposer d’un appareil ayant une certaine allonge pour mener les missions Poker. En revanche, le développement d’un mono 5G, rendrait le développement d’u super Rafale inutile, pour se concentrer sur SCAF.
Chaque programme est pertinent même si l’on peut toujours discuter des priorités. Il me semble que les éléments clés sont :
– le rôle moteur de la france pour générer une vision (la plupart des pays n’ont pas de culture stratégique, il n’ont jamais eu d’influence sur les destinées du monde ou abandonné toute volonté, et sont gouvernés par des politiciens/gestionnaires sans culture militaire)
– la prise en compte dans la démarche dès l’origine des intérêts, atouts et contraintes de chaque pays, pour que chacun y trouve son compte dans une logique de complémentarité (au contraire de la démarche SCAF/MGS etc… qui relevait de l’idéologie déconnectée des réalités)
– une approche centrée sur les effets opérationnels dans le cadre d’une doctrine adaptée aux évolutions prévisibles de l’art de la guerre
– une recherche de cohérence et de bon sens dans ces investissements, qui prenne en compte le potentiel à l’export vers des pays non hostiles (Inde, Brésil…).
Par rapport à la liste de projets, il me semble que le nouveau VLS est une exigence opérationnelle évidente (valable pour les versions terrestres des batteries antiaériennes). Le chasseur mono-réacteur aurait dû faire partie du programme SCAF dès l’origine. Un blindé chenillé de 48 tonnes maximum avec protection active en version char (ascalon 120mm?) et VCI (moitié canon 40mm et missiles anti-char et moitié tourelles 12,7mm/lance grenade de 40mm/roquettes pour l’appui de l’infanterie et la protection anti-drones) représenterait certainement un bon rapport qualité/efficacité/deployabilité/exportabilité/prix.
PS : merci Mr wolf j’ai quand même bien aimé, il faut le dire , le couplet de la France qui se trouve à coté de l’Armorique et pas le contraire. vous avez oublié de citer notre capitale BREST qui regarde vers l’atlantique depuis toujours et est un pays de marins conquérants. on ne se refaits pas, marins en jour, marins toujours…