vendredi, septembre 5, 2025

Paris et Londres, derniers remparts contre la prolifération nucléaire et ses dangers

Dans un récent article, le Financial Times met en garde contre les risques de prolifération nucléaire, en particulier en occident, alors que les craintes, quant au bouclier américain nucléaire, ont atteint le plus haut niveau depuis plusieurs décennies.

En effet, que ce soit en Allemagne, au Japon, en Corée du Sud ou en Pologne, des voix très audibles se sont élevées, pour appeler à la création d’une dissuasion nucléaire nationale, avec le risque de créer en emballement mondial faisant passer le nombre de nations dotées de 9 aujourd’hui, à 25 d’ici à quelques années, alors que les risques de conflits nucléaires suivraient une courbe géométrique, voire exponentielle, sur la base de cette augmentation.

Dans cet article, nous étudierons les risques liés à cette prolifération nucléaire, y compris pour les premiers concernés, probablement peu conscients des menaces qu’une telle initiative ferait peser sur eux-mêmes.

Au-delà, nous étudierons la manière dont la France et la Grande-Bretagne, pourraient, et même devraient, contenir ce phénomène, en créant une offre de dissuasion étendue bicéphale conçue pour garantir la sécurité de la sphère occidentale, et ainsi, contenir les risques de prolifération nucléaires, et ses dangers mortels.

Face à l’anxiété provoquée par Donald Trump, un vent de panique se lève dans les capitales occidentales, concernant le bouclier nucléaire américain.

Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, Donald Trump, et son entourage qui s’apparente de plus en plus à une secte, et de moins en moins, à un gouvernement, ont créé une anxiété sans commune mesure depuis la Seconde Guerre mondiale, en Europe, mais aussi auprès de l’ensemble des alliés des États-Unis.

B2 spirit dissuasion US
Le bombardier stratégique B-2 Spirit de l’US Air Force.

En effet, depuis 1945, l’ensemble de ces pays ont organisé leur architecture de défense, autour de l’assurance, donnée par Washington, de la présence d’un bouclier nucléaire américain, les protégeant en cas de menace nucléaire adverse.

En outre, durant la guerre froide, les États-Unis n’ont jamais prêté le flanc à la remise en question de leur implication dans ce domaine, comme l’a montré le déploiement des missiles Pershing 2 en Europe, dans les années 80, face aux SS-20 soviétiques, provoquant la crise des Euromissiles.

De fait, à l’exception notable de la France qui, à la sortie de la crise de Suez, choisit de suivre une trajectoire singulière vers l’autonomie stratégique, et la création d’une dissuasion propre, tous les pays européens, et plus largement, tous les pays du bloc occidental, ont accepté de céder une part de leur propre souveraineté à Washington, contre la garantie de ce bouclier nucléaire américain, véritable ciment de l’OTAN, et des alliances dans le Pacifique avec le Japon ou la Corée du Sud.

On comprend, alors, aisément que les incertitudes portées par Donald Trump et son équipe, depuis leur arrivée à la Maison-Blanche, dans ce domaine aussi fondateur pour le bloc occidental, puisse engendrer une immense anxiété, en Europe face à la Russie, comme auprès des alliés Pacifique de Washington, faisant face à la Corée du Nord et à la Chine, toutes trois, des nations disposant de capacités de frappes nucléaires.

Trump réduction des dépenses de défense poutine
Les positions exprimées par Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche ont engendré une anxiété dans equivalent dans tout l’occident, donnant naissance à des veléhités de prolifération nucléaire.

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Pour Aller plus loin

16 Commentaires

  1. Pas plus que les Américains n’ont fait obstacle militairement à la Corée du Nord, la Chine ne pourrait s’opposer à ce que le Japon possède l’arme nucléaire. Les Russes ne pourront s’opposer à ce que la Pologne ou l’Allemagne s’équipent .

  2. Vous dites « Dès lors, comme les États-Unis, et peut-être même la France et la Grande-Bretagne, interviendraient pour prévenir un allié proche de la Russie ou de la Chine, de se doter de l’arme nucléaire », mais cela est déjà arrivé : la corée du nord s’est dotée de l’arme nucléaire après un très long développement dont tout le monde était conscient, et pourtant personne n’est intervenu. Cela peut donner des idées à certains pays mencés.
    D’autre part l’extension de la dissuasion nucléaire ne peut se concevoir que si une crédibilité minimum est admise par tous, or cette crédibilité n’est pas du tout claire si l’on parle de protéger le japon ou la Corée du sud depuis la France. Compte tenu des menaces à leur porte, il serait compréhensible que ces pays soient tentés par le développement de leur propre arsenal nucléaire ( s’ils n’ont pas déjà commencé ). On comprend bien le souci de limiter la prolifération nucléaire, mais je crains qu’elle soit, à terme, inéluctable.

  3. « Dès lors, comme les États-Unis, et peut-être même la France et la Grande-Bretagne, interviendraient pour prévenir un allié proche de la Russie ou de la Chine, de se doter de l’arme nucléaire, il ne fait aucun doute que Moscou et Pékin feraient de même, et probablement avec plus de détermination et de fermeté, face à un allié occidental dans la même situation. »

    Je n’ai aucun doute sur le fait que la Russie ou la Chine interviendraient pour empêcher un pays occidental de se doter de l’arme nucléaire.
    En revanche, quand on voit comment sont intervenus les États-Unis pour empêcher la Corée du nord de se doter de cette arme, j’ai un sérieux doute sur leur potentielle intervention si le Kazakhstan, la Biélorussie ou l’Algérie décidaient de faire de même…

  4. Question : pour rassurer les pays capables de construire leur propre dissuasion (Allemagne par exemple), est-il judicieux d’étendre nos dissuasions (FR/UK) à des pays encore plus à risque mais incapables de se doter eux même (Estonie par exemple) ?
    Pour faire plus simple : est-ce que déployer des ASMPA en Estonie est une bonne idée pour « calmer le jeu » ?

    ça me semble être une zone un peu floue : si on refuse, ça endommage la crédibilité de notre ambition d’autonomie européenne, si on accepte, ça va aggraver fortement les tensions avec les russes (est-ce seulement possible de ne pas les antagoniser…)

    • On ne déploiera certainement pas de moyens dans ces pays, mais rien n’empêche de les protéger doctrinalement. Comme le faisaient les États-Unis, d’ailleurs. Il serait, au contraire, particulièrement désolant que notre extension de dissuasion exclut ces pays. Cela dit, si nous avons 4 Rafale ASMPA-R en Pologne, ou en Suède, ils peuvent aisément couvrir les Pays Baltes, la Rep Tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Finlande, la Norvège et le Danemark.Il n’est certainement pas nécessaire d’en mettre 4 par pays.

  5. Apprendre la culture de la dissuasion dans les décennies à venir et disposer rapidement de Rafales/ASMPA-NG + missiles balistiques IRBM (pendant du « noisetier » russe) de manière à « réassurer » géographiquement l’Europe (Pologne, Allemagne, Italie, etc.), pourquoi pas.
    Même si nous n’avons ni vaincu ni sauvé ces pays lors de IIeGM, des liens de confiance se sont développés depuis (j’ai un gros doute avec les Allemands cependant ; qui passent en quelques mois du pacifisme, au réarmement industriel et aujourd’hui parle de doctrine nucléaire nationale…)

    En revanche, penser que le Japon accueillera cette autorité de fait sur leur territoire, de la France et du R-U, alors que nous ne les avons jamais défait, est illusoire.
    Toute l’autorité U.S a tenu du fait de la terrassement militaire et de la reddition sans conditions de l’Empire Nippon et de son empereur en 1945 ; c’est une soumission de fait, vécue, concrète.

    On ne décrète pas comme cela une autorité sur un pays tiers (car ce sera une perte, ou un transfert de souveraineté de fait), sans crédibilité tangible.

    • Qui aurait pu dire (à part meta-defense -> https://meta-defense.fr/2024/09/19/paris-londres-protection-americaine-24/) il y de cela 6/7 mois, que l’Allemagne et la Pologne pourrait considérer de se mettre sous la protection nucléaire de la France et de la Grande-Bretagne. Comme le fait remarquer Olivier Cosson dans son commentaire du 21 octobre sur cet article « Il me semble que l’histoire des mobilisations européennes (en 1914 ou 1940) montre quels changements psychologiques profonds peuvent advenir en quelques semaines, une fois un pays en guerre, et s’accompagner d’ailleurs de mutations industrielles fulgurantes. Des changements restés souvent inimaginables quelques mois ou années plus tôt, hélas. »
      La question, pour Tokyo comme pour Séoul ou Canberra, n’est pas tant de savoir si un tel revirement est naturel, mais s’il existe d’autres possibilités, à celui-ci, en dehors de la prolifération nucléaire, qui serait, d’ailleurs, anticonstitutionnelle au Japon, et immédiatement stoppé par Washington, en Corée du Sud.
      Même le Canada semble s’interroger sur le sujet.
      Je ne dis pas que cela se fera. En revanche, si effectivement les États-Unis se replis sur eux memes en matière de bouclier nucléaire, il ne faut certainement pas exclure que la Fr+UK doive prendre le relais, y compris sur ce théatre, pour ces pays.

      • Il est certain que la dissuasion française, ajoutée à celle britannique, représente soudain quelque chose de quasi (ça manque encore quand même d’effecteurs à ce jour) crédible, pour une couverture de la moitié de l’hémisphère nord.
        Aussi, comme je l’ai précisé, notre relation avec l’Allemagne, et la façon dont elle s’est rebâtie ces 80 dernières années, est assez unique (et a fait des petits en Europe), et donc, malgré des doutes (Merz a parlé, mais à date : rien n’est fait) : c’est du domaine du possible, de l’envisageable.
        Le Japon, culturellement, historiquement (nous ne sommes pas leurs vainqueurs), et géographiquement : c’est un sacré pas dans le futur, voire dans la SF.
        À ce jour en tout cas.
        Dans 30 ans, si nos capacités ont drastiquement changé, et que nous pouvons déployer une Marine pour, déjà, protéger notre ZEE, je dis pas.
        Mais je parle là des 5-10 ans à venir.

  6. Je trouve que le raisonnement va un peu loin. Construire une alliance strictement défensive européenne avec la mise à disposition de Rafales/ASMP aux états clés pour sanctuariser leur territoire (y compris Italie, Allemagne et Pologne) : ok. La France peut faire selon le modèle OTAN en cours. Je pourrais même leur laisser les clés pour que ce soit plus crédible et pour les responsabiliser.

    On peut s’engager pour les pays baltes et menacer Kaliningrad en miroir avec des forces conventionnelles, mais leur faire bénéficier d’un parapluie nucléaire ne me semble pas crédible : ces territoires ne sont pas un sujet existentiel pour la France, et tout le monde le sait. Y déployer des armes nucléaires serait insupportable pour les russes. Idem pour le Japon, la Corée ou l’Australie : en aucun cas des sujets existantiels pour les français, quant à réellement se coordonner avec les anglais sur des sujets aussi sensibles alors qu’on n’est déjà incapable de se coordonner sur les forces conventionnelles… C’est bien d’ouvrir des réflexions mais je suggère de rester dans des approches un minimum réalistes.

  7. vous n’avez pas fini l’analyse, je trouve, il manque le dévelloppement du volet financier commun. nous savons ce que coute un snle, et tout ce qui va avec . des escadrons de rafales supplémentaires et le retour des successeurs des haddes ( que les allemands nous avaient demandés de retirer). vous en rajoutez une couche sur le pacifique, ben voyons… il nous manque le principal , MONEY. nos alliés ont ils une idée du cout du dévelloppement d’une disuasion nucléaire et de son maintien, je ne le pense pas. nous engloutissons, à raison, depuis 60 ans des centaines de MDs dans celle ci, l’étendre oui, pourquoi pas, mais pas à nos frais. je l’ai déjà évoqué, vous bottez en touche en faisant l’autruche ! si extension il y a, il y aura nécessairement une contribution des états aux couts faramineux ce celle ci, cela semble aller de soi. quand à l’étendre aux nations du pacifique, on en est loin, même si nous avons des intérêts la bas, cela me semble plus que compliqué à vendre à nos populations. mais bon je ne fais pas de politique ,

    • L’argent est le nerf de la guerre, Trump sur ce sujet a mis les pieds dans le plat, mêm si Biden avait déja commencé, en ne certifiant que le F35 pour porter la bombe nucléaire. Donc comme Trump , la France et le Royaume uni n’engloberont pas le parapluie nucléaire gratuitement, ce qui pourrait d’ailleurs améliorer notre budget défense.

  8. Ça ne marchera pas, même en augmentant le nombre de vecteurs. Ça ne marchera que parce que l’interdépendance sera évidente aux yeux d’un agresseur extérieur. Si le risque de perdre la Pologne, c’est une perte d’accès au Placki ziemniaczane, Putin ne croira pas que le président de la France puisse sacrifier son pays pour une telle cause. Ce n’est pas le bon mécanisme.

    • Vous vous méprenez sur le rôle de la dissuasion nucléaire. Elle n’a pas pour objet d’interdire l’agression ni la prise de territoires, mais d’empêcher l’adversaire de l’utiliser, soir pour prendre un avantage militaire, soit pour forcer la reddition.
      Les usa n’auraient jamais employé leurs moyens nucléaires pour empêcher la prise de territoire en Europe. Ce n’était pas même prévu par la doctrine post guerre froide, lorsque l’utilisation des armes nucléaires tactiques, fut abandonnée pour des raisons évidentes.

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