dimanche, septembre 7, 2025

Pourquoi la défense antiaérienne et antibalistique est-elle la priorité absolue des européens dès 2025 ?

Depuis quelques jours, les européens multiplient les annonces afin de tenter d’absorber le choc cognitif que représente le basculement de position des États-Unis, que ce soit concernant le soutien à l’Ukraine, comme de l’implication américaine dans la sécurité de ses alliés européens.

La brutalité des déclarations de Donald Trump et de son administration ayant créé un état de sidération compréhensible de la part d’Européens biberonnés depuis 75 ans par le discours américain d’allié indéfectible, une certaine forme de chaos semble émerger des déclarations arrivées, en ordre dispersé, des chancelleries européennes.

Pourtant, certaines mesures, limitées en engagement, permettraient de considérablement durcir les moyens de défense dont disposeraient les européens, collectivement, s’ils devaient faire face, seuls, à une agression russe. Parmi elles, le renforcement rapide et massif, des moyens de défense antiaériens et antibalistiques, représente, sans le moindre doute, le dossier le plus urgent, aux côtés de l’extension de la dissuasion franco-britannique, pour répondre à une menace russe en évolution très rapide.

Defense antiaérienne et antibalistique européenne : l’état des lieux aujourd’hui

Conformément à la doctrine américaine, la défense antiaérienne n’a jamais été le véritable point fort des armées européennes. En effet, selon l’OTAN, c’est l’aviation qui doit assurer le contrôle des menaces aériennes tactiques, grâce à une flotte de chasse et de soutien (Awacs, ravitailleurs), très supérieure en nombre, en qualité et en entraînement, aux forces aériennes russes.

lancement d'un Iskander-M russe
Tir d’un missile balistique à courte portée Iskander-M.

Pour autant, la guerre en Ukraine a montré que, désormais, il n’est plus nécessaire de survoler l’espace aérien de l’adversaire, pour mener des frappes tactiques, mais aussi des frappes stratégiques conventionnelles à longue portée, contre les forces et les infrastructures clés de l’adversaire.

Ainsi, l’essentiel des destructions enregistrées en Ukraine, concernant les infrastructures de commandement, les stocks de munitions, ainsi que les infrastructures et ouvrages d’art civils (énergie, communication…), ont été la conséquence de frappes de missiles balistiques Iskander-M et Kinzhal, de missiles de croisières Kh-35, Kh-55, Kh-101 et Kalibr, ainsi que de drones d’attaque à longue portée Geran-2, sans que jamais les vecteurs porteurs aient dû pénétrer l’espace aérien ukrainien.

De fait, face à la Russie, l’Europe est plus exposée que jamais, face à une menace contre laquelle elle ne s’est pas pleinement préparée. En effet, aujourd’hui, les armées européennes alignent, ensemble, moins de 50 batteries antiaériennes à longue portée Patriot, SAMP/T et S-300, dont la moitié seulement a des capacités antibalistiques contre des missiles à courte portée, comme l’Iskander-M.

Contre la menace des missiles de croisière, elles disposent de moins d’une centaine de batteries à moyenne portée de type Nasams, Iris-T SLM ou Kub, et d’un peu plus de 200 batteries à courte portée comme le Crotale, Aspide et les systèmes OSA, ainsi que de systèmes à très courte portée comme les systèmes canons. À cela s’ajoutent plus de 4000 missiles sol-air d’infanterie MANPADS Stinger, Mistral ou RBS 70.

Toutefois, ces chiffres, de prime abord impressionnants, doivent être profondément relativisés. D’abord, car seule la moitié d’entre eux, est de facture européenne, et ce montant baisse à moins de 35 %, lorsqu’il est question des missiles eux-mêmes. Par ailleurs, la situation, en 2029, n’ira pas en s’améliorant, avec seulement 35 % des systèmes sol-air présents en Europe, produits et alimentés en munitions produites en Europe (UE+UK).

Défense antiaérienne SAMP/T NG départ missile aster
Système SAMP/T Mamba franco-italien.

Il reste 75 % de cet article à lire, Abonnez-vous pour y accéder !

Logo Metadefense 93x93 2 Défense anti-missile | Allemagne | Alliances militaires

Les abonnements Classiques donnent accès aux
articles dans leur version intégrale, et sans publicité,
à partir de 1,99 €. Les abonnements Premium permettent d’accéder également aux archives (articles de plus de deux ans)

ABONNÉS : Si vous voyez ce panneau, malgré votre abonnement, videz le cache de votre navigateur pour régler le problème.


Publicité

Droits d'auteur : La reproduction, même partielle, de cet article, est interdite, en dehors du titre et des parties de l'article rédigées en italique, sauf dans le cadre des accords de protection des droits d'auteur confiés au CFC, et sauf accord explicite donné par Meta-defense.fr. Meta-defense.fr se réserve la possibilité de recourir à toutes les options à sa disposition pour faire valoir ses droits. 

Pour Aller plus loin

16 Commentaires

  1. Bonjour à tous,

    je comprends qu’au vue de la situation en Ukraine la défense antiaérienne et antibalistique soit identifiée comme une priorité en Europe de l’Ouest, avec cependant des préoccupations et des besoins différents selon les pays : ce n’est pas la même chose d’être un pays frontalier de la Russie et/ou de la Biélorussie ou un être pays situé à plusieurs milliers de kilomètres des bases de départ des missiles et drones russes comme la France, le Royaume-uni, l’Italie ou -plus encore- l’Espagne et le Portugal.

    Cela étant, vous ne dites rien de la participation des avions de chasse à cette défense antiaérienne et antibalistique.
    Or, lors de l’attaque iranienne contre Israël à la mi-avril 2024, cela va bientôt faire un an, plusieurs Rafale français basés en Jordanie avaient été sollicités par cet Etat et ont effectivement abattu plusieurs drones et/ou missiles (je n’ai pas trouvé de bilan précis à ce sujet). Il me semble que les aviations britanniques et américaines avaient également été engagées.
    Cela signifie donc qu’une aviation de chasse prépositionnée peut concourir à cette défense antiaérienne et antibalistique. J’imagine que cela pose des problèmes de coordination avec les défenses antiaériennes au sol (pour éviter les tirs fratricides), mais c’est donc possible et cela fonctionne comme l’a démontré la défense des territoires jordanien israélien il y a un an.
    Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
    D’avance merci et bon dimanche à tous

  2. Bonjour Fabrice, merci pour cet article très intéressant dont je partage l’analyse fondamentale.
    Concernant les intercepteurs moyenne portée, sont évoqués les IrisT SLM, les Mica Ng et les Camm. L’Aster 15 déjà largement utilisé n’est-il pas de la même gamme ? Existe-t-il uniquement en version navale?

    Vous citez l’oreshnik, mais aucune réponse potentielle. N’y a-t-il pas des solutions européennes en développement en ce qui concerne l’interception ?

      • Peut-être une filière qui pourrait monter en puissance pour participer à un réarmement rapide et une densification des systèmes terrestres courte/moyenne portée pour peu qu’une adaptation soit réfléchie. Vu sa répartition dans différents pays européens qui pourraient chacuns participer à cette production au lieu de contribuer à un système unique par pays … De la même façon que les allemands fabriquent des missiles Patriot il me semble. La fragmentation de l’offre et de l’industrie de l’armement européenne est une grande faiblesse et un des points qui sera le plus débattu si l’Europe devait construire une initiative de défense commune, il me semble en tout cas.

      • Ma pensée étant qu’il serait peut-être plus facile de promouvoir dans une conception/ fabrication d’armements partagée entre plusieurs états européens, un système déjà multinational pour lequel les pays utilisateurs pourraient chacuns allouer des moyens de production tout en développant des filières locales ?

      • De plus il serait fort intéressant (dans la mesure où des informations puissent êtres disponibles), d’avoir votre avis sur les contributions que pourraient amener les programmes Hydis Hydef européens face à l’oreshnik, pour renforcer la dissuasion française en complément d’un potentiel lanceur français de missile balistique Sol sol moyenne portée idéalement développé à l’avenir ?

  3. Bonjour Mr Wolf, n’est ce pas une chimère que de vouloir produite des systèmes de défense anti aérienne au même rythme que l’industrie russe produit des missiles.

    Une forme de dissuasion portée par un grand nombre de missiles européens capable de frapper la profondeur russe, en alliant système performant et low cost, n’aurait t-elle plus d’intérêt ?

  4. La production de missiles est prioritaire dans les plans de réarmement. L’Europe n’a pas à rougir du nombre de plateformes disponibles face aux Russes. En revanche, ceux sont les capacités de production de missiles qui manquent. Ça devrait se régler assez vite. La plan pour imposer les missiles Patriot ou Barrack vit ses derniers jours.

  5. Ce que je trouve impressionnant c’est la durée de fabrication d’un Mamba/(SAMP/T) ce qui en augmente forcément le coût mais surtout sa disponibilité rapide et par voie de conséquence son attractivité.

    Est-ce que le processus industriels autour de ces matériels est réellement pertinent et aligné avec les exigences du moment ? J’en doute.

    Mais là encore il s’agit d’un manque de vision stratégique dû en premier lieu aux responsable politique qui n’ont pas permis de constituer des stocks dissuasif.

    Ce qui m’inquiète encore plus est la dépendance de la fabrication de composants électronique nécessaire à tous ces systèmes et qui sont très largement sous-traités à des pays extra-européens.
    Il ne reste en effet qu’une poignée de fabricants de composants, indépendants d’entités capitalistique Américaine ou Taïwanaise, aujourd’hui en Europe. Elles peuvent se compter sur les doigts d’une main.

    Nous ne maitrisons pas la totalité de nos « supply chains ».

    • Non, absolument pas.
      L’origine du produit doit être européenne. Pas de fils à la pâte. On a vu le truc avec les missiles antichars Israéliens, que nos voisins européens ne pouvait pas livrer à l’Ukraine pour tirer sur les Russes… La plaisanterie Israélo américaine a assez durée. On arrête définitivement ces raisonnements foireux. On fait des armes pour faire nos guerres et on arrête de mettre des intérêts étrangers dans la défense de l’Europe.

  6. j’ai lu la semaine dernière que MBDA pensait à contruire des usines qui seraient prêtes à fonctionner au « cas ou » . c’est bien mais une usine c’est jamais très long à mettre en place, il y a suffisamment de batiment logistiques ou autres disponibles au besoin. je pense, mais je ne suis pas un expert et donc je peux me tromper, qu’il sera plus difficile de mettre en place d’une part une augmentation de la logistique des matières premières, et surtout la formation des personnels de production. en effet j’imagine que au vu de la complexité de ces missiles il faut des personnels pointus et rigoureux, ce qui ne court pas forcément les rues. de plus MBDA devrait peut être vois à implanter des usines sur le territoires de clients ce qui permettrait de multiplier les sites de production et les risques à tous les niveaux. cela serait aussi une façon de donner plus envie d’acheter européen et de pousser les « estrangers » dehors !

RESEAUX SOCIAUX

Derniers Articles

Derniers commentaires

error: La copie des articles n'est pas autorisée