samedi, septembre 6, 2025

500 Skyranger 30, 100 Iris-t SLS : la Bundeswehr se prépare à protéger les villes allemandes

Depuis deux ans, l’Allemagne s’est imposée comme l’un des moteurs de la remontée en puissance militaire en Europe. Avec un objectif désormais assumé de consacrer 3,5 % de son PIB à la défense, Berlin multiplie les annonces spectaculaires visant à transformer en profondeur la Bundeswehr, pour en faire une force armée crédible face aux nouvelles menaces du continent.

Parmi ces annonces, l’une en particulier mérite un intérêt tout particulier : selon des informations rapportées par le site spécialisé allemand Hartpunkt.de, les armées allemandes s’apprêteraient à lancer un programme d’une ampleur inédite, visant à constituer un système de défense antiaérienne et antimissile à l’échelle nationale, combinant haute technologie et densité de feu exceptionnelle.

Au-delà des batteries Arrow 3 et 4, Patriot et IRIS-T SLM/SLX, Berlin envisagerait en effet l’acquisition de 500 à 600 systèmes Skyranger 30, une artillerie antiaérienne mobile conçue pour intercepter drones d’attaque, missiles de croisière et munitions errantes à très courte portée. Une telle densité de moyens, sans équivalent en Europe, témoigne d’un changement d’échelle stratégique, et d’une volonté de protéger directement les villes, les infrastructures et la population.

Mais ce projet titanesque peut-il suffire, à lui seul, à garantir la résilience du territoire allemand face à des frappes massives et répétées comme celles subies quotidiennement par les villes ukrainiennes ? Et surtout, quelles en seraient les conséquences stratégiques pour l’équilibre défensif européen, à l’heure où les capacités restent profondément hétérogènes d’un État membre à l’autre ? C’est à ces questions que cet article entend répondre.

L’Allemagne à portée des missiles Iskander-M/KN-23, Kinzhal, KH-101 et des drones Geran russes

L’Allemagne se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins en matière de défense aérienne. Sa position centrale en Europe, longtemps perçue comme un atout stratégique, est désormais aussi une vulnérabilité majeure. À seulement 500 kilomètres de Kaliningrad, Berlin est à portée directe des missiles balistiques russes Iskander-M stationnés dans l’enclave. Plus largement, l’ensemble du territoire allemand est exposé aux frappes de missiles Kh-101 et Kinzhal tirés depuis l’espace aérien russe, ainsi qu’aux drones kamikazes Geran opérant depuis la Russie ou la Biélorussie.

Geran drone
Avec un cout unitaire de production estimé sous les 30,000 $, et des cadences de livraison de 2000 exemplaires par mois, les drones d’attaque à longue portée représentent un défi entièrement nouveau pour les armées européennes, en charge de protéger l’espace aérien, les infrastructures et la pupulation de leur pays.

La Russie, en effet, a démontré sa capacité à mener des campagnes de saturation prolongées et massives. Dans la nuit du 28 au 29 juin 2025, elle a lancé 477 drones d’attaque à longue portée, principalement des Geran-2 et Geran-3, ainsi que 60 missiles balistiques et de croisière, dont cinq missiles hypersoniques Kinzhal, contre l’ensemble des grandes villes ukrainiennes.

Cette frappe, sans précédent dans son ampleur, s’est ajoutée aux 1200 drones et 1100 bombes planantes déjà tirés la semaine précédente, illustrant une stratégie clairement orientée vers l’épuisement des défenses adverses par volume et répétition. Selon les données consolidées publiées par les services de renseignement ukrainiens et relayées par la presse européenne, le mois de juin 2025 aurait vu un total record de 5 337 drones lancés contre l’Ukraine par la Russie, marquant une intensification inédite de ce mode d’action asymétrique (Euronews, 1er juillet 2025).

Selon les services ukrainiens, l’industrie de défense russe serait désormais capable de produire chaque mois 60 missiles Iskander-M, 45 missiles de croisière Kh-101, une douzaine de Kinzhal et plus de 2 000 drones Geran. Cette capacité industrielle transforme la menace russe en une contrainte stratégique permanente pour l’ensemble du flanc Est de l’OTAN, mais plus particulièrement pour l’Allemagne, cœur économique du continent et centre logistique clé pour tout effort militaire occidental vers l’Est.

D’après les estimations du ministère ukrainien de la Défense, relayées début juin par le média The Kyiv Independent, les lignes de production russes situées à Alabuga, dans la région du Tatarstan, fonctionneraient désormais à plein régime, permettant la fabrication de près de 2 500 drones Geran-2 chaque mois, avec un objectif affiché de dépasser les 3 000 unités d’ici fin 2025 (The Kyiv Independent, 4 juin 2025).

Face à cette évolution, Berlin a pris une décision structurante : doter la Bundeswehr non plus seulement de capacités de protection ponctuelles ou militaires, mais d’un système complet de défense aérienne et antimissile destiné à protéger directement les populations, les infrastructures critiques et les grandes métropoles. Inspiré du modèle israélien de défense multicouche, ce projet se distingue par sa densité, son ambition, et sa finalité : transformer la défense aérienne allemande en véritable rempart national — un “Dôme d’Or” à l’échelle fédérale..

Une defense antiaérienne et antimissile allemande en trois couches

Face à cette menace croissante, Berlin a entrepris dès 2023 de lancer l’initiative Sky Shield européenne, ou ESSI (European Sky Shield Initiative), visant à intégrer les défenses aériennes des pays signataires dans une architecture commune et coordonnée.

MIM-104 Patriot Bundeswehr
La Bundeswehr met en oeuvre 9 batteries MIM 104 Patriot, après en avoir envoyé 3 en Ukraine. avec les 8 batteries supplménetaires commandées, elle alignera donc 17 systèmes, soit une capacité de protection représentant 3 fois la superficie du pays, face aux menaces aérondynamiques. En revanche, face aux menaces balistiques, ces 17 batteries seont juste suffisantes pour protéger les villes de plus de 500,000 habitants.

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5 Commentaires

  1. Défense multicouches de l’Europe, bon, c’est bien d’y penser, mais….
    On se positionne seulement en système global défensif.
    Et que fait-on pour contrer la Russie de façon OFFENSIVE? On parle des kitzal et autres missiles russes quasiment interceptibles ,et nous, que faisons nous pour pour les arroser de systèmes équivalents.
    La meilleure défense est parait-il l’attaque. Non?

  2. Cela reste hypothétique mais Paris Étant à portée des missilles Geran partant de Kaliningrad, un tel système contriburait à la sécurité des français.
    Heureusement car de notre coté il semble qu’on fasse plutôt confiance en la paix et le dialogue avec Moscou

  3. Dans les faits, rien ne dit que l’Allemagne ne va pas également lancer un programme pour la frappe à longue portée. Commencer par ce qu’ils savent faire ou pourront fabriquer sur place semble plutôt cohérent…
    Les dimensions de défense civile relèvent du génie civil et sont dès lors plus ou moins du niveau de la « norme de construction ». Le fait de stocker des vivres chez sois pour qq jours à un mois « à la Suédoise » est il vraiment pertinent en Allemagne, ou la concentration de la population rend la distribution de nourriture nettement plus simple, même en environnement dégradé.
    Mais oui, bien d’accord, il y a pas mal de travail à faire. Enfin… Eux ont le mérite d’avoir commencé à le faire…

  4. Le Skyranger semble effectivement un matériel bien pensé et efficace.
    On pourrait imaginer en France une solution basée sur une caisse de VBCI équipée d’un CTA 40 et de Mistrals. Si l’infanterie blindée était dotée de VCI chenillés comme l’idée semble mûrir dans certains niveaux de réflexion, des caisses de VBCI seraient ainsi disponibles pour cette transformation et à un coup amoindri.

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