Entre la publication de la révision de la Revue stratégique 2022, dans un contexte international plus intense que jamais depuis presque quarante ans, un sommet de l’OTAN qui a toutes les chances de devenir historique, et les annonces industrielles qui se multiplient, en Europe, autour des investissements de défense, une séquence sans équivalent débute, à présent, pour la France, ses Armées et son industrie de défense.
En effet, les décisions qui seront prises par les autorités françaises, dans les semaines à venir, pourraient bien tracer une trajectoire qui déterminera l’évolution du rôle, de la crédibilité et du poids de la France sur la scène internationale et européenne, dans un contexte d’une complexité rare.
Alors que les Armées et l’industrie de défense françaises peinent toujours à se relever de 20 années de sous-investissements, en dépit des hausses récentes de crédits, que doit-on attendre de la révision 2025 de la Revue Stratégique 2022 et du sommet de l’OTAN de La Haye, à la fin du mois de juin ?
Quelles sont les conséquences et les menaces, sur l’industrie de défense française, des hausses de l’effort de défense européen qui se dessinent ? Et comment la France peut-elle espérer rivaliser, et préserver son rang international, dans le contexte budgétaire qui est le sien ?
Sommaire
Les Armées françaises sous fortes contraintes en dépit des budgets en hausse
Depuis 2018, le budget des Armées françaises a connu une hausse sans précédent ces 30 dernières années. Celui-ci est, en effet, passé de 32,3 Md€ en 2017, à 50,5 Md€ hors pensions, en 2025, soit une hausse de 56% en huit ans, pour une inflation de 21% sur la même période.
Rappelons que sur les 17 années ayant précédé cette hausse, le budget des armées était passé de 36,4 Md€ en 2009 à 32,3 Md€ en 2017, soit une baisse de -11,2%, alors que, dans le même temps, l’activité opérationnelle avait été d’une grande intensité, avec les engagements en Libye, en Afghanistan, en RdC, au Mali puis dans la bande sud-saharienne et en Irak.
Sans surprise, donc, en 2017, les armées françaises étaient épuisées, lourdement démoralisées, et souffraient d’une érosion capacitaire très élevée, alors que de très nombreux programmes, destinés à moderniser les forces, avaient été annulés, reportés ou rabotés.
On aurait pu penser qu’avec la hausse de plus de 50% de leur budget, les armées françaises auraient retrouvé le sourire. C’est en partie vrai, mais en partie, seulement. En effet, la situation était à ce point détériorée, en 2017, que les efforts consentis jusqu’en 2021, par ailleurs relativement limitées (+21% / +6,9 Md€/an), permirent avant tout de stopper l’hémorragie capacitaire, et de rééquilibrer l’équation des Ressources Humaines, sans véritablement améliorer les choses, de manière sensible, sur le plan capacitaire.
Par ailleurs, la crise covid, et le pic inflationniste de 2021 et 2022, ont raboté une part importante des hausses budgétaires consenties jusque-là. En d’autres termes, la véritable reconstruction capacitaire des Armées françaises, a débuté en 2023, et non en 2017, ceci expliquant que ses effets tardent à se faire ressentir sur le terrain.
D’autre part, sur la période concernée, d’autres érosions capacitaires sont venues s’ajouter à une liste d’obsolescences et de sous-capacités déjà très préoccupante, accentuées tant par l’aide militaire française à l’Ukraine que par l’évolution des menaces et la nouvelle course aux armements qui a débuté.
Nulle surprise, donc, qu’en dépit de ces hausses budgétaires spectaculaires, le statut des Armées, tant en matière de formats que de capacités, demeure dégradé, et que des alertes ne cessent d’émerger, qu’il s’agisse d’un reste à payer et des reports de charges plus élevés que jamais, de contrats qui tardent à venir mettant en difficulté de nombreuses ETI-PME/PMI de l’Industrie de Défense nationale, ou de tensions sur les effectifs.
La révision de la revue stratégique dévoilée à la fin du mois de mai
Cette situation, déjà très préoccupante en elle-même, s’inscrit dans un contexte national et international engendrant contraintes et élévation des risques, qu’il s’agisse de la sécurité nationale comme autour des aspects politiques et industriels.
Accédez à l’analyse complète
Cet article est réservé aux abonnés Meta-Defense. L’abonnement vous donne accès à l’ensemble des analyses, dossiers et décryptages publiés sur le site.
Aucun engagement. Votre soutien finance une information indépendante et spécialisée défense.
Compte tenu de l’enjeu, ne pourrait-on pas vendre une partie des 2436 tonnes d’or détenu par la Banque de France. Le prix de l’or étant augmenté de 85% depuis 2020, la valeur du stock d’or est aujourd’hui de 226 Milliards d’Euros. En vendre par exemple 400 tonnes d’ici 2030 permettrait d’obtenir 45 milliards d’Euros et donc allégerait la contrainte financière.
dans une famille quand on commence à vendre les bijoux en or pour suivre le train de vie, ce n’est pas bon signe. peut être serait il plus judicieux d’adapter le train de vie aux recettes du couple, ou dans notre exemple de l’état ? quand allons nous véritablement nous attaquer aux causes de notre déficit structurel ?
pour sortir un peu de ses commentaires au mieux ignorants, il me semble pas avoir vu de réels affrontements a l’assemblée sur les sujets défence
D’une manière générale et hors LFI qui bosse pour son mécène, il y a un consensus majoritaire.
De plus depuis l’arrivée de Lecornu et du DGA, on est sur un rail et tout est plutot limpide.
Pour préciser les exagérations des collègues du dessus , le dernier sondage nationnal sur les armées et leur avenir a donné 75 % de favorable a l’augmentation des crédits défence
Après pour le pognon, c’est pas nouveau, déjà dans les annèes 70 on disait qu’on avait pas de pétrole mais qu’on avait des idées ……..
La seule manière de s’en sortir est un consensus transpartisan. Je ne suis pas certain qu’il puisse émerger. Il s’agit de force morale.
C’est malheureusement compter sur un réveil et une conscience politique qui fait défaut à la France depuis trop longtemps.
Dans les recettes , il faudrait prendre en compte l’éventuel deploiement de la force nucleaire Francaise dans certains pays de l ‘Otan comme l’Allemagne ou la Pologne qui pourrait etre financé, non pas uniquement sur le cout de déploiement mais aussi sur le cout du budget de developpement et de maintenance de l’arsenal nucléaire, diminuant d’autant le budget consacré a cet activité dans le budget des armées.
Bonjour Mr Wolf,
Vu le peu d’intérêt de la classe politique et des Français en général pour les questions de défense il paraît peu probable que nos dirigeants fassent preuve d’audace et d’ingéniosité pour parvenir à réarmer matériellement et moralement notre pays même si depuis l’attaque Russe de l’Ukraine les sujets de défense dans les « grand médias » se multiplient et relancent le débat dans la population…il n’est jamais trop tard pour bien faire!