Le salon du Bourget n’a pas encore débuté que Dassault Aviation focalise déjà une grande partie de l’attention médiatique. Pour représenter le Rafale F5, le futur standard de son avion de combat attendu pour 2030, l’avionneur français y a envoyé un Rafale B de l’Armée de l’Air et de l’Espace., la version biplace du chasseur qui comporte trois versions : C monoplace, B biplace, et M Marine, embarqué à bord du porte-avions Charles de Gaulle..
Mais le B envoyé à Paris n’est pas tout à fait le même que les appareils en service en France, en Grèce, en Égypte ou en Inde. Celui-ci arbore, en effet, deux réservoirs conformes, préfigurant l’une des capacités évoquées il y a deux ans pour le Rafale F5. Pour enfoncer le clou, Dassault a envoyé, pour accompagner son Rafale New Look, ce qui ressemble beaucoup au Neuron, 12 ans après la première apparition du démonstrateur de drone de combat furtif lors du salon du Bourget 2013 — là encore, pour présenter une vision de ce que sera le futur standard F5.
Bien évidemment, la présentation de ces appareils par Dassault Aviation invite à toutes les spéculations autour du Rafale F5, dont les contours exacts sont toujours inconnus, en particulier sur certains aspects cruciaux comme la furtivité de l’appareil et le turboréacteur T-REX, deux des points déjà évoqués publiquement par les industriels français de la Team Rafale.
Mais cette offensive de l’avionneur français n’a pas pour seul but de générer un intérêt médiatique. Elle s’inscrit surtout dans un contexte de recomposition très rapide du marché mondial des avions de combat, d’accélération du tempo technologique mondial de défense, et d’un ministre des Armées qui, pour la première fois, semble plus critique que protecteur vis-à-vis du programme SCAF, face aux difficultés qui se dessinent à nouveau avec la fin de la phase 1B.
Sommaire
Le Rafale B01 présenté avec des réservoirs conformes au Salon du Bourget 2025
Le salon Paris Air Show (le salon n’ayant pas résisté à l’anglicisation de son nom), qui se déroule du 16 au 22 juin au Bourget, est le plus important salon international aéronautique, avec le salon britannique de Farnborough. Ils sont d’ailleurs apparus presque simultanément à l’après-guerre, 1948 vs 1952 (même si le salon aéronautique de Paris remonte à 1909). Les deux salons rythment, depuis, l’histoire aéronautique mondiale, se partageant, une année sur deux, l’attention de l’ensemble de la sphère aéronautique mondiale, qu’elle soit civile ou militaire.

Pour les avionneurs et grandes entreprises européennes, et plus particulièrement françaises, ce salon est l’occasion de présenter les nouveaux modèles et nouvelles avancées technologiques, autant pour créer un intérêt médiatique que pour susciter l’intérêt des éventuels futurs clients mondiaux.
L’édition 2025 du PAS ne manquera pas de nouveautés et d’annonces, dans le domaine civil, avec des annonces de commandes de transporteurs Airbus, Boeing, Embraer et Bombardier, attendues des compagnies indiennes, saoudiennes ou encore marocaines. Mais, indubitablement, l’édition 2025 verra surtout le retour de la Défense comme pilier majeur du salon.
Dans ce domaine, l’avionneur Dassault Aviation, fleuron de la BITD française, et ses partenaires de la Team Rafale ont mis les petits plats dans les grands, provoquant l’émoi médiatique avant même que le salon ne débute, avec l’arrivée du Rafale B01 équipé de réservoirs conformes.
Pour rappel, un réservoir conforme est un réservoir de carburant additionnel ajouté directement sur la cellule de l’appareil, et non de manière pendulaire, comme c’est le cas des bidons que l’on observe à présent presque systématiquement sur les avions de combat modernes, comme le Rafale, le Typhoon, le Gripen ou le Super Hornet.
Or, ces bidons ont deux inconvénients majeurs. Ils augmentent sensiblement la traînée (la résistance à l’air) et entravent donc les performances de l’appareil en termes de plafond, de vitesse et d’accélération. En outre, ils augmentent la section radar, modifient le centrage du chasseur, et créent des contraintes parfois importantes sur la cellule, ce qui limite les capacités d’évolution du chasseur, tout en le rendant plus facilement détectable.
En outre, et contrairement à ce qui est parfois avancé, ces bidons supplémentaires ne sont pas toujours largables, comme c’était le cas des bidons équipant les chasseurs d’escorte de la Seconde Guerre mondiale comme le P-51, le P-47 ou le P-38, qui permettaient aux pilotes alliés de larguer les bidons pour retrouver toute l’agilité et les performances de leur chasseur avant d’engager un combat.

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Pour le SCAF, La France a fait le choix de le faire en coopération car elle estime que seule elle pourrait le faire mais avec moins d’items que celui qui est dans le pipe. Ce n’est qu’une question financière et de temps imparti pour avoir à disposition tous ces items opérationnels au moment voulu.
Pour le Rafale avec 2 réservoirs sur le dos, je pense que c’est le choix qui a été fait plutôt que de rajouter 1m de fuselage au Rafale pour y loger un réservoir supplémentaire. Je rappelle que c’est l’AAE qui avait demandé à Dassault de réduire le fuselage avant que le Rafale ne rentre en production.
Pour le ou les Rafale indiens, on est (le grand public) toujours dans l’incertitude, c’est pénible. L’explication de F Wolf est plausible mais pas certaine et la Chine a intérêt à dire ce qui l’arrange au mieux de ses intérêts (le résultat final recherché est grâce au tout chinois). Si un pays prospect est prêt à signer un contrat d’achat Rafale, les équipes techniques qui supervisent le projet avant signature sont en droit de savoir et comment remédier au pb rencontré par la chasse indienne. Car ils ont la lourde responsabilité de dire au décideur final vous pouvez signer le contrat Rafale les yeux fermés. Donc et Dassault et le ministère des armées qui pilotent les ventes d’armement sont au courant depuis le début afin d’expliquer ce qui est arrivé et d’avoir réfléchi à des contre arguments.
Vous aviez évoqué dans un précédent article une révision de la revue stratégique pour fin mai 2025 (qui aurait du entraîner des annonces concernant le budget des armée) nous sommes mi-juin et toujours rien. Savez-vous pourquoi il y a ce retard et quand doit-on s’attendre à avoir cette révision de la revue stratégique ?
Article interessant sinon
Aucune idée. Pour l’instant c’est la stratégie de l’abonné absent au ministère des Armées et à l’Elysée à ce sujet. Je pense que la RRS 2022/2025 est intimement liée au budget 2026, et que tant que les arbitrages budgétaires n’auront pas été faits à ce niveau, il ne se passera rien. Autre possibilité, l’Elysée attend le sommet de l’OTAN de la Haye pour se prononcer, afin de voir jusqu’ou ils peuvent aller sans provoquer l’émois en europe.
Le projet SCAF est toujours le centre de nombreux points d’interrogation, il serait intéressant de montrer une estimation entre le cout du projet global en mode (franco-germano-espagol) et celui en mode franco-club Rafale, car il n’est pas sûr que le projet actuel nous coutera moins cher que celui via la France avec peut etre le club Rafale, de plus comme Fabrice l’avait déja démontré les retombées économiques de l’exportation ne seront pas négligeables sauf frein allemand. L’alternative d’Airbus DS de rejoindre le projet (GCAP) est hasardeuse si il souhaite conserver les mêmes avantages sachant que BaE comme Dassault est frileux de partager ses propriétés intelectuelles, peut être si le Japon abandonne le projet sous la pression des USA ,cela libérera une place?
Ceci ? : https://meta-defense.fr/2024/08/05/programme-scaf-cout-cooperation-europe/
Il reste toujours le choix du timing qui sera fait par les armées de l’air européennes apres l’investissement de F35, il est possible que la Luftwaffe, pousse vers un avion complémentaire au F35, de même l’integration du F35 dans la bulle SCAF, risque d’influencer les différents piliers en dehors du NGF, sachant que les USA vont créer leur propre bulle intégrant le F35 et le F47 dans laquelle ils voudront embarquer leurs clients F35.
Berlin et Madrid ne signeront jamais blanc-seing à Dassault. Ils veulent leur part d’emplois et la clé des techno ; pas question d’être de simples sous-traitants français.
Dassault refuse de lâcher le volant. Architecte unique du NGF ou rien : c’est son mantra depuis le début.
Blocages concrets :
Retour industriel : l’Allemagne doit nourrir Airbus DS, l’Espagne, Indra.
Propriété intellectuelle : Paris verrouille, Berlin/Madrid veulent ouvrir.
Cahier des charges : nucléaire et appontage pour la France ; compatibilité OTAN pour les autres.
Chacun brandit sa menace :
Airbus agite la fusion avec le Tempest (GCAP).
Paris accélère le Rafale F5/F6 pour montrer qu’elle sait se débrouiller seule.
Issue la plus probable (mais pas dûr):!compromis :
Dassault garde l’avion piloté.
Airbus prend le « système de systèmes ».
33 % de charge de travail à l’Allemagne, 10-15 % à l’Espagne, accès IP graduel.
Sans accord d’ici fin 2025 : chacun repart de son côté.
And the winner is: « the best athlete »
oui bonne fin pour le film, on garde l’avion piloté, on s’en fiche du reste, on aura déjà le drone (neuron bis) et pour le rest thales, mbda et autres français savent faire. donc enfin une histoire qui finit bien ouf.
bon que des bonnes nouvelles , pour finir la semaine, merci fabrice, petit cadeau de la fête des pères. globalement si l’on reprend le scaf à notre propre compte les retombées supplémentaires , au niveau fiances, seront plus intéressantes que le débours supplémentaire engagé pour la mise au point. what else, juste ou trouve t’on le pognon la maintenant, c’est la bonne question, macron va nous sortir une pirouette, comme il a les secret, c’est pour cela que personne ne moufte actuellement. il aime bien les effets d’annonces le bougre. bon il n’y a plus beaucoup à attendre …
Merci pour ces derniers articles très prenants et intéressants, comme à votre habitude.
Un petit mot sur le conflit Iran/ Israël, dont les implications politiques et sociales dépassent largement le Moyen-Orient ?
Un grand merci et bonne fête aux Papas
Honnêtement, pour le moment, je n’ai rien de particulier à ajouter par rapport à ce qui largement diffusé en boucle sur les chaines d’information continue, si ce n’est que les israéliens se préparent à cette depuis bien plus longtemps que novembre 2024. On peut spéculer sur la géométrie de l’attaque et des moyens mis en œuvre par Israël, mais en l’état, ce serait de la spéculation pure. J’attends d’en savoir un peu plus pour faire un article sur la manière dont la H’eil Ha’Avir est parvenue à prendre le dessus sur la bulle de déni d’accès iranienne.
Je reconnais aussi que mes domaines de prédilection sont l’Europe, les États-Unis, la Russie, la Chine et tout ce qui se passe entre eux. Je ne suis pas spécialement au fait du conflit Israël-Iran, comme je ne le suis pas du conflit au Yemen, du conflit indo-pakistanais, ou des conflits africains. Plutôt que de dire des bêtises ou des platitudes, je préfère me concentrer sur ce au sujet de quoi je pense pouvoir apporter un supplément de compréhension. D’autant que les sujets ne manquent pas, et que l’actualité tend largement à les masquer.
Merci d’avoir pris le temps de me répondre. Ce que vous écrivez est deja très captivant, et de Nouvelle Calédonie c’est un plaisir de vous lire.
D’ici la stratégie Indo-Pacifique nous semble bien loin mais le monde bouge fortement et le manque d’analyses pertinentes est criant, sans même parler de la censure des actualités locales, en ce qui nous concerne.
Personnellement, et là je donne juste mon avis, la France devrait développer et vendre ses technologies, car elle maîtrise beaucoup de sujets, sans se soucier des compromis avec les pays Européens qui sont plus près des menaces que nous. Viennent ensuite amener leurs pierres à l’édifice ceux qui le constatent et le veulent .
Le manque de financements et l’inertie des politiques à ce sujet sont flagrants, et c’est un leadership et la force de frappe commerciale qui nous manque.
Commencer par affirmer notre présence militaire en Nouvelle Calédonie serait déjà un pas décisif, au-delà des débats actuels.
De plus, avec tous les Rafales vendus, j’ai du mal à concevoir que Dassault n’ai pas conceptualisé une cellule furtive pour un avion de chasse national.
L’avenir risque d’être chargé de développements et d’informations intéressants, que l’on prendra plaisir à analyser au fil de vos articles.
Bien cordialement, from NC
Par curiosité, quelles sont vos sources sur la tactique employée par les Pakistanais pour abattre ce fameux rafale? C’est la première fois que j’entends cette explication, et elle démontre un niveau de maturité du C4I Pakistano-chinois assez impressionnant !
C’était dans la presse spécialisée chinoise, relayée subrepticement par Globaltimes. Mais il a très vite été retiré.
Il ne faut pas le prendre pour argent comptant, venant de Chine, mais cela a le mérite d’expliquer pourquoi un Rafale aurait été abattu le 7, et plus aucun après, alors que les indiens frappaient directement les bases aériennes et la DCA pakistanaise. Cela a indirectement été corroboré par le CEM de l’IAF, qui a declaré que celle ci avait analysé ce qui avait mal tourné le 7, pour s’adapter et répondre le 9 avec une stratégie différente, qui pour le coup a très bien fonctionné.
Le nombre d’ingénieurs requis pour le Rafale F5, le Scaf et quelques autres programmes majeurs comme les nouveaux réacteurs nucléaires serait très conséquent, pour la France seule. Par contre, ce serait un excellent signal pour tous nos jeunes, cela éviterait la fuite des talents et nous permettrait d’attirer des talents étrangers pour combler des vides. Le fait pour un gouvernement de montrer que l’on croit en nous même, en notre propre génie serait de nature à revitaliser l’industrie française après les années de désespoir résultants de la mondialisation pour l’ensemble de la société.
On verra si certains ont l’estomac pour cela. J’admire les allemands pour pas mal de chose: les dirigeants allemands n’ont jamais trahis leurs industriels et leur peuple. J’espère que l’on aura à nouveau des dirigeants qui croient en leur peuple en France.
J’ai même trouvé un Mirage G8 il me semble sur la photo de 1973…
Bonjour Fabrice,
Le Rafale B équipé de ses réservoirs conformes ( photo publiée sur X ) n’est pas, à mon humble avis, le B 01 …
On peut distinguer sur la dérive l’insigne de l’E.C.E. 1/30 Côte d’Argent de Mont-de-Marsan, de même que la mention » Armée de l’Air et de l’Espace » ; la passerelle empêchant malheureusement de pouvoir lire l’immatriculation.
Le Rafale B 01 sert à l’instruction sur le site d’Aérocampus de Latresne, près de Bordeaux, depuis janvier 2019.
Vous avez certainement raison, j’ai modifié l’article en conséquence. Je me suis fait berner par la photo publiée en entête de TWZ montrant le B01 équipé de réservoirs conformes. Mais à présent, je pense que cette photo date de 2001, pas une photo volée en préparation de l’édition de 2025. Je me demandais pourquoi la photo était déjà protégée par GettyImage….En tout cas, merci de votre vigilance !