Le ministre de la Défense grec, Nikos Dendias, a confirmé le 17 septembre le dépôt imminent au Parlement du projet de loi validant la commande d’une 4ᵉ frégate FDI à Naval Group. Pour Athènes, il s’agit d’un pas supplémentaire dans une trajectoire de réarmement accéléré, amorcée dès 2021 avec l’achat de Rafale et des trois premières FDI, destinée à répondre à une menace perçue comme existentielle : la montée en puissance continue de la Marine turque.
En effet, Ankara modernise à marche forcée ses forces navales et aériennes, multipliant les programmes indigènes — frégates, destroyers, sous-marins, drones et missiles — et se rapprochant chaque année davantage d’une autonomie stratégique pleine. Dès la prochaine décennie, la Marine turque disposera de moyens de projection et de supériorité navale sans équivalent en Méditerranée orientale, alors même que la Grèce, avec une population huit fois plus faible et un PIB cinq fois inférieur, voit mécaniquement ses marges de manœuvre limitées.
Dès lors, la question dépasse la simple acquisition de bâtiments modernes : comment Athènes peut-elle espérer maintenir le statu quo en mer Égée et en Méditerranée orientale, alors que son voisin turc disposera, à l’horizon 2035, d’une flotte moderne et numériquement très supérieure ? Et, plus largement, comment la France et l’Europe peuvent-elles contribuer à préserver la stabilité d’une région dont l’importance stratégique dépasse largement les rivalités gréco-turques ?
Sommaire
Le ministre de la Défense grec Nikos Dendias confirme la prochaine commande d’une 4ᵉ frégate FDI à Naval Group pour la Marine hellénique.
C’était attendu de longue date. Un an à peine après l’annonce de l’entame des négociations avec Naval Group pour l’acquisition d’une 4ᵉ FDI (Frégate de Défense et d’Intervention), le ministre de la Défense grec, Nikos Dendias, a annoncé, le 17 septembre, que le projet de loi pour valider cette commande serait présenté cette semaine au Parlement hellénique pour approbation.

Cette commande fera suite à la commande initiale de trois premiers navires en septembre 2021, dans le cadre d’un partenariat historique de défense entre Paris et Athènes, qui donna également lieu à la commande de 24 Rafale B et C, dont 12 d’occasion prélevés sur l’inventaire de l’Armée de l’Air et de l’Espace.
Aujourd’hui, la première FDI grecque, le Kimon (F-601), une version renforcée de la classe Amiral Ronarc’h dont la première unité éponyme devrait entrer en service dans les prochains jours au sein de la Marine nationale, termine ses essais à la mer, et devrait être livrée à la Marine hellénique d’ici à la fin de l’année 2025. Les deux unités suivantes, le Nearchios (F-602) et le Formion (F-603), devraient être livrées au cours de l’année suivante.
Contrairement aux FDI classe Amiral Ronarc’h françaises, les Kimon grecques emportent quatre systèmes VLS Sylver 50, et non deux, leur conférant 32 silos verticaux pouvant accueillir des missiles surface-air Aster 30B1 et B1NT à l’avenir. Elles emportent également un CIWS RAM sur le roof hélicoptère arrière, armé de 21 missiles antimissiles et antidrones à très courte portée RIM-116.
L’association des performances du VLS Sylver 50, du missile Aster 30B1(NT) et du nouveau radar AESA à faces planes SeaFire 500 de Thales confère à ces frégates de seulement 122 m et 4 500 tonnes une capacité de défense antiaérienne de zone remarquable, avec un pouvoir d’exclusion proche de celui d’un destroyer emportant deux fois plus de missiles surface-air à longue portée comme le SM-2 américain ou le 9M96 russe.
À l’appui de cette évaluation, Thales décrit le SeaFire 500 comme capable de détecter et suivre plus de 800 cibles simultanément avec une couverture aérienne allant jusqu’à 300 km en altitude, offrant un « early warning… » extrêmement avancé pour missiles surface-air de la famille Aster. De plus, selon un article de Naval News d’août 2025, l’Aster B1-NT est qualifié pour des missions de défense antimissile (BMD), en particulier contre des missiles balistiques ou hypersoniques, ce qui renforce la pertinence de la configuration « Aster + SeaFire 500 » pour Athènes.

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