L’Armée de terre allemande se prépare à changer de catégorie

Depuis plus de trente ans, l’armée de terre allemande, naguère pivot du dispositif conventionnel de l’OTAN, semblait condamnée à un rôle secondaire, victime de la « paix des dividendes » et des arbitrages budgétaires de la réunification. Avec à peine 62 000 hommes en 2025, Das Heer paraissait bien loin de l’époque où elle alignait douze divisions mécanisées et près de 2 000 chars Leopard face au Pacte de Varsovie.

Pourtant, en quelques mois, le ton a changé. Sous la pression des menaces russes et des exigences de l’Alliance, Berlin s’est engagé sur une trajectoire qui pourrait transformer radicalement son armée de terre : passer de 62 000 à 150 000 soldats d’ici à 2035, créer de nouvelles brigades blindées et mécanisées, et reconstruire un outil conventionnel de premier plan.

Cette mutation, si elle est menée à son terme, ne serait pas un simple ajustement capacitaire : elle bouleverserait l’équilibre militaire en Europe. Car au-delà de la hausse budgétaire, déjà spectaculaire, c’est bien une dynamique politique et industrielle inédite qui s’esquisse en Allemagne. Dès lors, une question centrale se pose : l’Europe est-elle prête à accepter et à encadrer le retour de la Bundeswehr comme première puissance terrestre du continent, et la France, en particulier, saura-t-elle définir sa place dans ce nouvel équilibre ?

Das Heer, l’Armée de terre allemande, aujourd’hui

Durant la guerre froide, l’Armée de terre ouest-allemande, Das Heer, était une composante centrale du dispositif défensif de l’OTAN. Celle-ci alignait, en effet, un très puissant corps mécanisé fort de 3 corps d’armées et de 12 divisions blindées ou mécanisées, avec notamment une flotte de près de 2000 chars de combat Leopard 1 puis 2, ainsi que plus de 2000 véhicules de combat d’infanterie Marder et une puissante artillerie de campagne.

En 1991, avec la réunification, l’Allemagne disposait d’une force armée représentant 680 000 militaires et conscrits, et près de 200 000 civils. Toutefois, pour faire face aux coûts de cette réunification, la Bundeswehr vit ses effectifs et ses moyens décroître très rapidement pour n’atteindre que 203 000 militaires en 2025, dont seulement 62 000 servent au sein de l’Armée de terre.

armées allemandes Bundeswehr
Soldats de l’Armée de terre allemande à l’entrainement

Elle se compose aujourd’hui de 5 divisions : la 1ʳᵉ panzer division, basée à Oldenbourg, composée de deux brigades blindées (9ᵉ Panzerlehr et 21ᵉ Panzer) ainsi que d’une brigade mécanisée (41ᵉ Panzergrenadier), de la 10ᵉ panzer division de Veitshöchheim, avec deux brigades blindées (12ᵉ et 45ᵉ Panzer), d’une brigade d’infanterie mécanisée (37ᵉ Panzergrenadier), ainsi que de la brigade franco-allemande.

À cela s’ajoutent la Brigade des forces rapides, basée à Stadtallendorf, composée de la 1ʳᵉ brigade aéroportée, de la 23ᵉ brigade parachutiste, du commandement des forces spéciales et du commandement des hélicoptères, ainsi que de la Division de défense territoriale, dont le commandement est basé à Berlin, et qui se compose de 6 régiments d’infanterie territoriale. Le commandement divisionnaire de l’entraînement, enfin, est basé à Leipzig, et regroupe les 9 centres de formation et d’entraînement de Das Heer.

Les huit brigades de mêlée allemandes disposent d’un armement proportionnellement dense et moderne, avec 380 chars lourds Leopard 2 A6, A7 et bientôt A8, 360 véhicules de combat d’infanterie Puma, autant de VCI Marder en cours de remplacement par les Puma, plus de 400 transports de troupe blindés 8×8 Boxer en différentes configurations, plus de 800 APC Fuchs 6×6, 300 véhicules blindés de reconnaissance Wiesel, et plus d’un millier de blindés légers 4×4 Fennek, Dingo et autres.

L’artillerie allemande se compose de 134 canons automoteurs chenillés PzH2000 de 155 mm, d’une cinquantaine de mortiers autotractés ainsi que de 33 lance-roquettes multiples M270 portés au standard Mars II. Plus de 500 blindés et systèmes mobiles de génie, ainsi que plus de 10 000 camions et véhicules de transport logistiques complètent cet inventaire terrestre. Enfin, 82 hélicoptères de manœuvre NH90, 51 hélicoptères de combat Tigre et une vingtaine d’hélicoptères de soutien H135 forment la composante d’aérocombat de Das Heer.

Comme en France, les effectifs de Das Heer sont aujourd’hui exclusivement professionnels, la conscription dans le pays ayant été annulée en 2011. Et comme c’est le cas dans la plupart des armées occidentales, elle peine aujourd’hui à maintenir ses effectifs, faisant simultanément face au vieillissement de ses personnels engendrant des départs programmés élevés, aux difficultés de recrutement et à la concurrence de la Deutsche Marine et de la Luftwaffe qui, elles aussi, entendent augmenter leurs effectifs dans les années à venir.

Passer de 62 000 à 150 000 hommes d’ici à 2035 : l’incroyable transformation demandée par l’OTAN à Berlin

Jusqu’à présent, le plan publiquement approuvé par les autorités allemandes visait à atteindre un effectif global de 260 000 militaires actifs d’ici à 2035, ce qui représente déjà un enjeu de taille en partant des 203 000 personnels en uniforme aujourd’hui, sachant qu’un mur RH se profile, alors que 30 % des effectifs devront quitter le service en limite d’âge dans les 5 ans à venir.

Bundeswehr Soldat allemand das Heer
En fait, il est super contant !

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Pour Aller plus loin

19 Commentaires

  1. Article très intéressant.
    Ce dont vous parlez est cohérent par rapport à vos précédent articles qui parlent de spécialisation des armées françaises dans certains domaines : https://meta-defense.fr/2025/05/21/specialiser-armees-francaises-globale/#lequation-strategique-francaise-pour-la-decennie-2030-et-au-dela
    Je ne pense pas qu’il faille pour autant trop délaisser le secteur terrestre, nous passerions pour un partenaire « faible » même si nous avions d’autres capacités uniques en Europe sur le cyber/spatial/projection de puissance.

    Pour renforcer les capacités terresteres, pour moins cher comparé aux polonais et aux allemands, nous pouvons déjà nous appuyer sur le programme Scorpion avec le Griffon, Serval, Jaguar et Caesar. Turgis et Gaillard développes aussi le Foudre pour la frappe dans les profondeur, cela devrait aussi rester une plateforme relativement économique.
    Pour compléter cela, Nexter pourrait s’associer avec un industriel européen pour développer un blindé chenillé. Nous pourrions nous associer aux espagnols/autrichiens qui proposent l’Ascod 2 ou aux suèdois qui ont le CV90 et en faire deux versions principales : canon de 120mm et tourelles T40.
    Les deux concepts existent déjà, tous deux dérivés de l’Ascod:
    – les britanniques ont développé l’ajax avec une tourelle 40mm CTA, cela peut sûrement être amélioré avec une tourelle téléopérée,
    – le M10 Booker a été fait pour les américains et l’Ascod 2 « Sabrah » pour les philippins, nous pourrions faire de même, pourquoi pas avec un canon plus gros comme l’ascalon?
    Il existe d’autres plateformes en Europe à partir desquels on pourrait faire un tel blindé chenillé comme le Puma, KF41, Borsuk mais elles sont moins éprouvées.
    L’armée française serait sûrement intéressée pour en acquérir si on lui donnne les crédits nécessaires.

  2. Je trouve que ces derniers temps, il y a beaucoup d’annonces de montées en puissance spectaculaires sur les effectifs et la dotation en matériel de nos voisins européens : pour la marine notamment en Grande-Bretagne et Italie, pour l’armée de terre en Allemagne.
    Et on lit en parallèle des articles intéressants disant combien ces mêmes armées peinent ne serait-ce qu’à conserver leur format actuel, fidéliser leurs troupes, problèmes qui nous concernent aussi en France (mais il me semble moins voir passer d’annonces ronflantes style coq gaulois, ces derniers temps nos voisins nous auraient donc volé la vedette).

    Dans ce contexte, le souhait des dirigeants allemands de passer sur une période de temps assez courte de 62.000 à 150.000 soldats me semble relever de l’incantation ou du voeu pieux, comme vous préférez.
    Juste pour rappel, l’armée de terre français annonce pour 2024 (chiffres ministères de La Défense défense.gouv.fr) 77.000 combattants, ce qui fait déjà un joli petit delta par rapport à l’Allemagne, avec une armée qui a plus l’habitude des conflits que celle de nos voisins d’outre-Rhin.
    Donc, il est urgent de relativiser ces « annonces ».

    Par contre je suis d’accord sur le fait qu’il ne faut pas chercher à vouloir concurrencer Allemagne et Pologne dans leur souhait/course vers la plus grosse armée de terre, mais adopter une vision stratégique et mettre l’accent sur ce que l’on peut apporter à une Europe de La Défense tout en défendant nos intérêts ici et ailleurs dans la Caraïbe, l’Océan indien, le Pacifique, notamment sur et sous mer et dans les airs. Merci Fabrice de nous faire partager ces informations et analyse.

    PS : j’ai trouvé ridicule il y a environ deux ans les discours alarmés et alarmistes de journalistes et soi-disant experts qui s’inquiétaient de ce que l’armée de terre française seule ne pourrait pas défendre plus de 80 kms de front (donnée vérifiable?) en oubliant (ce qui la fout mal pour de soi-disant experts) :
    1) de nous préciser que la France depuis des décennies s’intègre dans des coalitions et ne mène pas de conflits seule (même au Sahel, pour le soutien logistique);
    2) de nous indiquer quel est celui de nos voisins qui pourrait bien nous attaquer en étant capable de tenir, lui, plus de 80 kms de front : le Luxembourg, la Belgique, l »Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne, la Suisse ?
    De temps en temps, regarder une carte peut servir…
    Car effectivement entre la Russie et la France il y a la Pologne et l’Allemagne (je ne compte pas la Biélorussie), et donc non, on ne peut pas s’attendre un beau matin prochain à constater la présence de plusieurs divisions russes à nos frontières sans que personne ne s’en soit rendu compte.
    Cordialement à tous

  3. bonjour à tous, je vous rejoins, fabrice, sur le fait qu’essayer de courir derriere les deutchs ne sert à rien, et mieux vaut de capitaliser sur nos différences. petite apparté ce sont « les dividendes de la paix  » et non la « paix des dividendes » , je pense qu’il y a eu une petite inversion, mais tous le monde a compris le sens.

  4. Je trouve tout à la fois l’ article passionnant – tres stimulant intellectuellement- et fort criticable par le recours à des arguments d’ autorité dont l’ usage me parait navrant.

    Évidemment je ne vais pas me ridiculiser en soutenant que les questions budgétaires ne sont pas essentielles mais il ne suffit pas d’ un budget conséquent pour representer une force militaire dominante.

    Se rappeler l’ issue des expériences militaires américaines au Vietnam, en Somalie, en Irak, en Afghanistan, etc malgre le premier budget militaire de la planète

    Se rappeler également les deux excellents articles consacrés ici même au peu d’ efficacité de nombreux armements allemands en Ukraine.

    Est il possible de comparer une armée allemande qui n’ a pas combattu depuis 1945 et.une armée française qui n’ a quasiment jamais cessé de mener des guerres en Afrique, au Moyen Orient ou en Afghanistan

    Il ne faut ni oublier ni sous- estimer le facteur immatériel que constitue l’ expérience réelle du combat partagée par de nombreux soldats et de nombreuses unités.

    Certes ce facteur est plus difficilement quantifiable que le nombre de blindés ou de soldats mais il est plus pertinent pour èvaluer l’ efficacité réelle d’ un système de défense.

    Aujourd’hui l’ armée la plus efficace et redoutable d’ Europe malgré ses difficultés actuelles me semble – évitons de recourir à un argument d’ autorité- être l’ armée ukrainienne du fait de son accumulation d’ experiences de combat sur tous les terrains depuis trois ans…

    Et cela ne relève pas de décisions budgétaires ou de choix technologiques.

    Mais je suis entièrement en accord avec vous sur la nécessité pour la France de suivre son propre chemin, conforme à son génie propre , à ses contraintes et à ses caractéristiques..

    Il faudra un jour évoquer le peu d’ utilisation par la France de ses DOM TOM COM POM pour assurer une défense globale de ses territoires et de ses intérêts

    • Je ne saisis pas de quels arguments d’autorité vous parlez. L’Allemagne va sur une trajectoire d’une force terrestre de 150 k, avec 1400 MBT, autant de VCI chenillés, environ 2000 APC, 600 shorad, plus de 300 155mm automoteurs, et disposera d’au moins deux fois le budget de la France en 2029. Ce n’est que factuel. Et dire que cela mettra l’Allemagne en position de pivot et d’arbitre de la défense orientale européenne, c’est un fait. il n’y a pas d’interprétation dans tout cela. Je ne dis pas que l’armée allemande sera plus performante, ni moins d’ailleurs, que l’Armée française : cela n’a tout simplement aucun intérêt, et ce n’est pas le sujet. Pour les autres pays européens, c’est la masse qui détermine le rang. et la masse sera clairement du coté allemand, et pas du tout français. Ca aussi, c’est un fait, impossible de polémiquer sur le sujet.
      La question est donc de savoir si la France veut une position de glorieux second (et même, plutôt, glorieux troisième, après la Pologne) dans ce domaine, ou si elle privilégie une orientation asymétrique la plaçant en clé de voute indispensable et donc déterminante en Europe ?.
      J’ajoute un point qui me semble important : il serait très hasardeux, coté français, de prendre le manque d’efficacité de la Bundeswehr en 2020, pour un fait constitutif de son efficacité a venir . Depuis 1995, Berlin avait privilégié l’efficacité économique, y compris dans la BITD, à l’efficacité militaire. C’était un arbitrage, qui a d’ailleurs porté ses fruits. La BITD allemande a conçu des équipements pour qu’ils se vendent bien, pas pour qu’ils combattent bien, car elle considérait que les risque d’emploi étaient minimes.
      Aujourd’hui, le postulat allemand est radicalement différent. KMW, Rheinmetall et Diehl doivent fournir à l’Armée allemande et à ses alliés, des équipements qui fonctionneront bien au combat. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils font le Leopard 3, alors que le 2A8 se vend déjà très bien. Et je ne doute ni de leur future efficacité, ni de leur fiabilité, et encore moins de l’efficacité globale de la Bundeswehr.
      Personnellement, et cela n’a rien de nouveau, je considère que dans le présent contexte budgétaire, politique et sécuritaire, la France a tout interet à miser sur ses différences : être capable de mobiliser une brigade en 48 heures, être capable d’envoyer un GAN à 3000 km, être capable de redéployer ses soum à 5000 km en 5 jours, concevoir des avions de combat, des drones furtifs et des missiles balistique sans ingérence étrangère, plutot qu’à courir derrière un lièvre bien trop rapide pour nous.
      Dans ce contexte, je pense qu’il serait préférable de concevoir un char moyen de 38-40 tonnes super mobile, pour accompagner nos brigades légères et très réactives, capables de répondre sur un préavis inaccessible aux autres armées de l’OTAN, de concevoir un Rafale furtif à 80 m€ fiable et disponible dans la durée, et de construire un second, voir un troisième GAN, plutôt que de courir derrière les 1250 chars et 800 155mm polonais, ou les 1400 Leopard et 600 Skyranger 30 allemands.

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  5. Le choix allemand d’investir dans les blindés lourds ne répond pas à une menace réaliste d’invasion russe (militairement improbable, dissuasion nucléaire oblige), mais à un besoin politique et industriel : rassurer l’opinion, soutenir Rheinmetall et KMW, et affirmer un rôle central dans la défense européenne.
    Il traduit une culture stratégique héritée de la guerre froide : se préparer à “tenir le rideau” en Europe de l’Est.

    Maintenant et a contrario, la France fonde sa sécurité sur la dissuasion nucléaire et oriente son armée vers la projection extérieure et la supériorité aéronavale (Rafale, SCAF, porte-avions).
    Résultat : le couple franco-allemand est désaligné :

    Paris pense global, expéditionnaire, nucléaire.

    Berlin pense régional, défensif, conventionnel.

    En conséquence, l’Europe de la défense apparaît comme une construction en trompe-l’œil : deux visions coexistent mais ne convergent pas, et chacune cherche surtout à préserver son industrie et son modèle stratégique. Dassault est sur le point d’ouvrir un ligne d’assemblage de rafale pour honorer le contrat de 114 rafales f4.1. Naval group 3 scorpenes ng, Thalès et Safran de même.
    Juste un mot sur les blindés lourds;
    lenteur stratégique (logistique énorme), lenteur tactique (difficulté à manœuvrer face à des menaces rapides et saturantes), dépendance à une bulle techno (APS, brouillage, couverture aérienne).
    Sans un écosystème protecteur, ces mastodontes deviennent des “cibles de prestige”.

    • Je ne comprends pas votre position. Personne ne dit qu’il ne faut pas des marines et une US Army aux États Unis. Dès lors, accepter des dépendances que la géographie nous impose et en tirer partie pour faire ce qu’il faut est bon à la fois pour l’Allemagne et la France. Une Europe sans défense sur les mers serait bien en peine d’accéder aux minerais et matières premières qu’elle n’a pas -> l’Allemagne a besoin de la France. Une Europe qui peut s’en remettre à l’Allemagne et la Pologne pour contenir les appétits Russes sans demander à son peuple de recourir au feu nucléaire (et être annihilée au passage), sans stationner des troupes à des milliers de kilomètres (très coûteux) est en meilleure situation -> la France a besoin de l’Allemagne. Et au delà, la manière française de faire la guerre n’est pas exactement pareil que la manière Allemande. S’ils sont dans la panades, face aux Russes, ils seront bien content d’avoir nos armes nucléaires en appui, nos escadrilles en plus, nos flottes de satellites pour le renseignement et les télécommunications et notre marine pour sécuriser les mers. La géographie ne changera pas du jours au lendemain et on ne le souhaite pas vraiment. Autant mettre le truc en musique et bâtir une belle interdépendance! Ce serait une superbe idée.

      • Vous avez raison sur le fond : une Europe de la défense unie serait géniale. Le problème, c’est que l’Allemagne et la France sont comme un couple qui se dispute pour savoir qui va sortir les poubelles :
        L’Allemagne dit : ‘Moi je fais déjà la vaisselle (les blindés), toi tu ne fais rien !’
        La France répond : ‘Mais c’est MOI qui paie le loyer (la dissuasion nucléaire) et qui fais les courses (les opérations extérieures) !’
        Résultat : Les poubelles débordent (le SCAF est bloqué), et tout le monde regarde Netflix (les États-Unis) en attendant que ça se règle… ou pas.
        Pendant ce temps là, Dassault vend des rafales comme des petits pains. Même le Pérou revient au bercail.

        • Séparons si cela ne vous dérange pas les dimensions politiques et industrielles. On se retrouvera quand ce sera possible sur la dimension industrielle. En revanche, ne lâchons rien d’un point de vue politique. On a trop à y gagner. Et puis… des groupes de combat équipés de manière différente auront aussi des capacités différentes. Ça évite quand même les impasses: le PZH2000 etait mauvais, on a amené le Caesar. Nous n’avions que des mistral en DCA courte portée et ils avaient les Gepards.

  6. Bonsoir Fabrice,
    Je salue le travail concernant la présentation du site, j’ai enfin pu mettre la main sur les articles que j’avais placé en favoris depuis plusieurs semaines ils étaient en mode furtif jusqu’à présent, pas moyen de les visionner…
    En attendant de les relire, un autre passionnant que voilà, je m’y met !
    Bon week-end

  7. Je rejoins comme souvent l’argument de cet article.

    Cependant j’irais encore plus loin : c’est la première fois de notre histoire que nous n’avons pas, à la fois, un ennemi terrestre immédiat et des besoins maritimes importants. Et à part au début du règne de Louis XIV nous n’avons jamais réussi à atteindre une position de supériorité simultanée sur ces deux aspects.

    1200 kms nous séparent de la Biélorussie avec entre elle et nous la Pologne et l’Allemagne. Pour la première fois nous disposons d’une profondeur stratégique terrestre, nous ne sommes plus face à un choix impossible : celui d’avoir à la fois la plus grande armée de terre et la plus grande marine.

    Compte tenu de cela, de nos besoins de sécurisation de nos outre-mers, et du rôle qui est le notre de contrôle des flux maritimes et aériens les priorités sont celles indiquées dans l’article. La question est de savoir si nous allons réussir à sortir de notre culture militaire qui est naturellement très terrienne.

    • Tout à fait. On ne fait pas une armée et on organise pas un pays seulement en fonction de l’environnement économique et concurrentiel. C’est toujours la géographie et les besoins opérationnels qui en découlent qui doivent guider la stratégie et le format. Nous n’avons plus d’ennemis à nos portes. Nous avons conclu des alliances qui garantissent même que si un ennemi souhaitait venir à nos portes ils devrait d’abord défaire plusieurs armées modernes et performantes. En revanche, nos ennemis réels et potentiels, nous obligeront à des affrontements dans les airs et sur les mers, à des milliers de KM du territoire. Construire 400 chars qui ne nous seront d’aucune utilité dans le pacifique et qui ne représenteront que quelques unités de plus dans la masse des chars européens en cas de conflit avec la Russie a peu de sens. Il nous faut trois porte avions en tout, une augmentation des frégates de premier rang et surtout de leur armement. Il nous faut des rafales au standard F4 et bientôt F5. Il nous faut plus de sous marins quitte à ce qu’ils ne soient pas nucléaire. Il faut des drones et de la défense anti-aérienne. Il faut que notre armée de terre se spécialise sur ce qu’elle fait depuis des années, c’est à dire des missions de projection rapide et de forces spéciales hautement qualifiés et valorisés.

      • alleliua enfin quelqu’un qui abonde dans le sens de notre marine, que certains auraient aimé « couler » . comment espérer défendre 11700.000 km2 avec 1 GAN, 15 frégates et 5 SNA ? ridicule, nos marins depuis 25 ans font de la brasse coulée à essayer de tenir leurs engagements et les politiques s’en émerveillent en se disant s’ils y arrivent on peut peut être en enlever encore un peu, non ? pitoyable c’est vrai qu’il vaut mieux revaloriser le RSA et toutes ces speudos aides à ne rien foutre, plutot qu’à travailler. l’autonme sera chaud parait il ?

    • Il est vrai que le contexte géostratégique est très différent de ceux connus ces 3 derniers siècles en France : non seulement nous disposions d’un puissant tampon conventionelle face la menace terrestre la plus crédible, mais nous disposons d’une dissuasion exclusive et elle aussi, crédible, qui nous met hors de portée de la coercition stratégique.
      Mais nous sommes aussi dans un contexte économique et industriel très particulier, dans lequel notre poids géostratégique va se retrouver menacer par nos alliés directs, ceux-là meme qui participent à notre protection.
      Une chose est certaine, ces deux aspects sont très différents de ceux qui avaient forgé la doctrine française de la guerre froide, et encore davantage, de celle de l’après guerre froide. On ne doit probablement pas, dans ces conditions, chercher a bâtir notre sécurité, et notre poids stratégique, sur les recettes alors employées. Mais ca ne sera pas simple. Allez dire à un général de cavalerie qu’il est préférable d’avoir 3 ana supplémentaires, plutot que 200 MBT… Ou a un général d’aviation, que la France devrait avoir 3 GAN, même si cela devait se faire au détriment des forces aériennes basées à terre. Le conservatisme et les guerres de cloché seront terribles. Et comme les politiques qui arbitrent ces sujets, exécutifs comme législatifs, sont des éponges et se laissent influencer facilement, soit par les militaires soit par les industriels, et qu’ils n’ont aucune véritable culture stratégique, encore moins de légitimité stratégique que pouvait avoir un de Gaulle pour donner un cap de rupture, on n’est pas sorti du sable….

      • ho et bien si le « général de cavalerie  » se plaint qu’il achete un cheval cela lui passera le temps. pour ce qui est des aviateurs quand un PA est à terre ses avions sont sur leur base et redeviennent des avions tout court et peuvent aussi servir à la défense du territoire national ! de toutes façons il ne doit pas y avoir de préférence entre telle ou telle arme, mais une augmentation des budget en général car on a la quille au sec partout et des priorités partout. mais quand on lit, comme cet été, que nos frégates partaient avec la moitié de leur missiles, sur une frégate en comptant 16 au départ, c’est vraiment la honte.quand est ce que nos politiques vont arrêter leur démagogie à toujours en rajouter sur le misérisme et enfin prendre les problèmes à bras le corps ? je sais que l’on est en « démocratie » et que tout le monde peut s’exprimer, mais ily a des limites et je pense qu’elles sont dépassées depuis longtemps ! fixons des priorités , dans tous les domaines, et après laissons les « chiens aboyer » quand ils en auront marre ils se taieront, et BASTA

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