L’actualité défense est dense et en évolution rapide, alors que certains sujets, ne justifiant pas un article dédié, ne peuvent être ignorés pour comprendre l’évolution des lignes de force dans les différents domaines clés entourant l’équation stratégique européenne et mondiale.
Ainsi, en dépit de sérieuses interrogations sur son efficacité au combat, le BMPT Terminator continue d’être produit et livré aux armées russes. En Turquie, le char de combat Altay, attendu depuis de nombreuses années, semble enfin prêt à franchir le seuil industriel, mais des questions pèsent au sujet ce nouveau char qui se veut de génération intermédiaire, sans en avoir toutes les caractéristiques.
En Allemagne, la Deutsche Marine confirme son intention de se doter de 8 destroyers antiaériens lourds F127, mais ses arbitrages en matière de radar et de missiles, semblent bien éloignés du discours pro-européen volontiers répété par Berlin. Enfin, Trump a conditionné la vente de F-35 à la Turquie, à l’arrêt des importations de pétrole russe par Ankara, alors que, dans le même camp, les forces aériennes turques semblent se désintéresser du F-16V pour donner la priorité à l’acquisition de turboréacteurs F110 américains pour le chasseur Kaan.
Sommaire
BMPT Terminator : nouvelles livraisons et vraie utilité en Ukraine
D’après le UK Ministry of Defence, la Russie n’engageait, au printemps 2022, qu’une seule compagnie de véhicules de combat de soutien de char (BMPT Terminator) sur l’axe de Sievierodonetsk. Ce point de départ éclaire l’interrogation : quelle est, aujourd’hui, l’efficacité réelle de ce concept en Ukraine, et dans quelles missions est-il employé ? En effet, le BMPT fut pensé pour escorter les chars et écraser l’infanterie adverse en milieu urbain. Dès lors, la montée en cadence observée en 2025 doit se lire à l’aune de cet emploi initial, encore expérimental au début du conflit.

Comme le rapporte Defense Express, Uralvagonzavod a expédié une nouvelle tranche de BMPT vers les forces russes, au moins cinq exemplaires étant visibles lors du roulage. La nouveauté tient moins à la plateforme qu’à sa persistance : après des apparitions clairsemées, Moscou reconduit l’effort pour épauler ses unités blindées. On peut supposer que si la production continue, c’est que le commandement perçoit une utilité tactique, fût-elle de niche, dans l’appui rapproché des chars et la neutralisation de positions tenaces le long d’axes urbanisés. Par ailleurs, cela suggère des besoins accrus en escorte blindée.
Sur le plan technique, le BMPT assemble deux canons automatiques de 30 mm, deux lance-grenades automatiques et des missiles guidés « Ataka », configuration conçue pour saturer l’ennemi à courte et moyenne portée, tout en menaçant les blindés légers. En outre, sa protection équivalente à celle d’un char, renforcée par des modules réactifs, vise à survivre en évoluant au plus près des T-72/T-90 qu’il accompagne. Cependant, l’environnement ukrainien, dominé par la détection aérienne et les frappes précises, semblait avoir réduit l’avantage théorique d’un tel véhicule imposant et distinctif, qui exige une bulle de guerre électronique et d’infanterie.
Les conséquences de cette livraison sont ambivalentes. D’un côté, la Russie entérine une doctrine où le choc blindé conserve une valeur, et où l’« escorte feu » mécanisée doit ouvrir ou sécuriser des pénétrations locales ; de l’autre, la réalité opérationnelle impose de composer avec un front saturé de drones téléopérés et à usage suicide, compliquant la mobilité et l’abri des colonnes. Les villes de première ligne vivent désormais sous la menace constante de drones, ce qui renforce les contraintes sur tous les véhicules, même lourdement protégés : la survivabilité dépend autant des contre-mesures actives que de la discipline tactique.
Dès lors, l’empreinte thermique et visuelle du BMPT en fait une cible prioritaire, et ses grilles ou écrans « anti-drones » n’offrent qu’un sursis si l’escorte d’infanterie, le génie et la couverture électromagnétique ne sont pas synchronisés. En conséquence, l’efficacité du Terminator restera fonction de son intégration au combat interarmes : reconnaissance par drones amis, neutralisation des observateurs adverses, brouillage opportun et progression courte sous appuis.
La taille réelle des tranches livrées, la capacité à engager en sections/compagnies complètes, et surtout la transformation des retours d’expérience en tactiques reproductibles plutôt qu’en démonstrations ponctuelles permettront d’affiner la compréhension de l’efficacité réelle de ce type de blindé, et de son intégration dans la manoeuvre blindée de première ligne..
Altay : la série se profile pour un char moderne mais daté
Comme le rapporte Defence24, Aselsan a annoncé la fin des essais en usine des sous-systèmes destinés à l’Altay (conduite de tir Volkan II, système de protection active Akkor, tourelleau téléopéré SARP 100, capteurs, liaisons, système de gestion de bataille (BMS), identification ami-ennemi (IFF), etc.). Trois chars de série doivent être livrés cette année, avant une montée à 85 Altay T1 puis un basculement vers le T2 (165 exemplaires au premier lot), Ankara visant à terme 1 000 unités. Dès lors, la question centrale n’est plus « si », mais « dans quelles conditions » la série sera tenue.
![[En Bref] Livraison de nouveaux BMPT Terminator, l'Altay turc prêt pour la production en série, 8 destroyers antiaériens pour la Deutsche Marine... 2 Altay tank tests](https://8a17c282.delivery.rocketcdn.me/wp-content/uploads/2022/11/Altay-Tank-test-e1669304772841.webp)
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