lundi, novembre 17, 2025

[ACTU] AASM vs Aster 30 : un entraînement haute intensité qui muscle la Marine nationale

La récente campagne conduite par la Direction générale de l’armement a opposé une munition planante propulsée AASM à un intercepteur de défense de zone Aster 30 depuis une frégate dédiée. Derrière l’annonce, l’intérêt réside dans la validation d’un scénario crédible face à une menace subsonique à faible surface équivalente radar, précisément le format qui prolifère. L’intitulé met en lumière deux capacités nationales, l’une offensive et l’autre défensive, désormais testées l’une contre l’autre.

Cette confrontation, conçue et instrumentée, ouvre un faisceau d’enseignements tactiques utiles pour la protection d’un groupe aéronaval centré sur un porte-avions en mer ouverte ou près des côtes. Ce faisceau débouche sur une question opérationnelle directe : comment un entraînement de ce type crée-t-il un bénéfice durable pour la défense anti-aérienne et antimissile des unités de surface ?

Au-delà du coup de projecteur technico-opérationnel, il s’agit d’apprécier la portée réelle d’une interception à distance de sécurité, mais aussi d’évaluer ce que la munition planante ajoute comme options d’attaque, et de jauger l’effet d’entraînement sur l’architecture de combat. À travers cette dynamique, se dessinent des gains mesurables, des marges de progression, ainsi que des limites à intégrer dans la planification et la gestion de l’effort capacitaire à la mer.

PAAMS et frégates Horizon, socle de la défense anti-aérienne et antimissile de la marine française

En matière de protection de flotte, les frégates dédiées à la défense aérienne de zone forment le cœur de la bulle de protection. Leur mission consiste à maintenir un écran de détection et d’engagement multi-couches, capable d’intercepter des menaces à distance de sécurité avant qu’elles n’atteignent les unités de haute valeur. Selon la Marine nationale, ces bâtiments, représentés par les classes Forbin et Alsace, assurent l’escorte d’un groupe aéronaval et la défense d’une zone maritime, avec un système de conduite de combat et des senseurs optimisés pour saisir des trajectoires discrètes dans un environnement complexe et changeant.

Helma-p CILAS Forbin
La Frégate de défense aérienne Forbin (type Horizon) emporte 48 missiles Aster 15 et Aster 30 pour protéger notamment le groupe aéronaval français. La marine dispose de deux frégates de ce type, ainsi que de deux frégates FREMM_DA classe Alsace, qui n’emportent cependant que 32 missiles.

Or, l’environnement actuel voit la prolifération de vecteurs subsoniques à faible signature, comme les drones ou les munitions planantes. Cette évolution impose une coordination renforcée entre capteurs et intercepteurs, mais aussi une discipline d’engagement stricte pour préserver les stocks et concentrer les feux quand la situation l’exige. Dans cette logique, la capacité à gérer des trajectoires basses et des approches obliques devient essentielle, de même que la permanence des moyens. Le système principal de défense aérienne par missiles (PAAMS) est pensé pour articuler ces fonctions dans une trame cohérente et réactive.

Par ailleurs, l’intérêt de l’interception de loin tient à la protection des unités majeures et au maintien de la manœuvre. Interdire à une menace d’entrer dans la zone létale d’un porte-avions, d’un navire d’assaut ou d’un grand navire logistique préserve la liberté d’action du commandement et les cycles aéronautiques. De plus, écarter tôt un projectile réduit les risques de dommages collatéraux et de perte de tempo. L’architecture de tir vertical confère une réactivité à 360 degrés, ce qui renforce l’aptitude à contrer une salve menée depuis plusieurs azimuts ou calée sur des retards finement échelonnés.

Enfin, en escortant un groupe combinant aéronefs embarqués et unités de surface, ces frégates assurent le maillage entre surveillance de l’espace aérien, veille de surface et défense navale rapprochée. Leur intégration dans une chaîne de commandement et de contrôle favorise l’échange rapide de pistes, la corrélation multi-capteurs et l’assignation de moyens adaptée à la menace. L’exercice qui a opposé une munition planante à l’intercepteur de zone s’inscrit ainsi dans une démarche de validation de procédures. Il permet de vérifier, en environnement réaliste, que la boucle détection-identification-interception fonctionne efficacement contre des signatures faibles et difficiles à traiter. 

Aster 30 et AASM HAMMER, paramètres chiffrés et fenêtres d’emploi

Pour saisir l’apport d’un tel entraînement, il convient de rappeler les paramètres clés des deux armes. Selon MBDA – ASTER 30, l’intercepteur de zone atteint une portée pouvant dépasser les 120 kilomètres, avec une vitesse supérieure à Mach 4, et un guidage radar actif qui lui permet de traiter des cibles manœuvrantes. Ce profil est dimensionné pour intercepter très tôt des menaces variées, y compris des vecteurs à faible signature, dès lors que la chaîne de détection parvient à fournir une piste stable et exploitable, la fameuse « solution de tir ».

Rafale AASM
la bombe AASM Hammer enrichie considérablement la panoplie tactique antinavire à disposition des Rafale M de la Marine nationale, et des Rafale B/C et Mirage 2000D de l’Armée de l’air et de l’espace, qui ne pouvaient s’appuyer, jusqu’ici, que sur le très efficace, mais aussi lourd et onéreux missile AM39 Exocet, pour cette mission.

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8 Commentaires

  1. J’ai un eu de mal à comprendre comment le Rafale pourrait arriver en position de tir avec une bombe AASM de 70km de portée alors que le missile de la frégate porte à 150km.
    On fait le calcul: le rafale vole en radada pour échapper à la détection. A 85km de la cible, il cabre plein tube pendant 1 minute pour arriver à son altitude maximale. Distance 70 km.
    Il est accroché radar dès qu’il dépasse les 1000m, soit après 3 secondes d’ascension. La frégate tire. Le missile mettra 56 secondes pour atteindre une cible à 70km. Le Rafale est exposé 57 secondes lors de sa montée. Il n’a pas le temps de se cacher. Après, on ne sait évidemment pas tout.
    J’ai mis l’altitude de détection et le taux de montée au pif et le reste est basé sur les données publiques.

    • l’AASM n’est pas une munition pour tirer contre une frégate équipée de missiles air-air à longue portée, c’est l’AM39 qui doit faire ca. En revanche, pour attaquer d’autres unités, plus petites, moins bien défendues, pour lesquelles l’AM39 ne se justifie pas, la munition a un interet énorme. De la meme manière que l’AASM est complémentaire au SCALP en air sol, elle est complémentaire à l’AM39 en air-surface.

  2. « ’aviation française peut à présent saturer la planification adverse par des trajectoires multiples et des azimuts variés, sous la couverture d’une défense de zone, à l’aide de munitions nettement moins onéreuses et plus disponibles que les précieux AM39. »

    Absolument – ou en combinaison avec un AM39 !

      • Oui, pas nécessairement facile, mais si on regarde ce que les Russes font en Ukraine, en combinant les salves de Geran avec les Iskander ou Kinzhal, il doit y avoir moyen d’être créatif.

        L’AASM est probablement le seul moyen qu’a l’aéronautique navale pour atteindre la masse nécessaire à la conduite d’attaques saturantes.

        • perso, dans cette news, c’est surtout la capacité antinavire de l’aasm qui m’a semblé pertinent, raison pour laquelle l’article a été rédigé ainsi. Je n’avais guère de doute quant aux capacités d’une horizon et d’un aster 30 pour intercepter ce type de cible. Par contre, l’ajout de l’aasm en munition a/n est une réelle plus value, pour préserver le stock d’AM39et plus tard de FMAN/RJ10/Stratus/ Le missile qui va vite !

          • C’est vrai que l’AASM permet ainsi de traiter les cibles de faible valeur mais qu’on est de plus en plus susceptible de trouver: embarcations de terroristes, chalutiers chinois des flottilles para-militaires, patrouilleurs et OPV, corvette, bâtiments civils à usage militaires, bâtiments logistiques, … la liste est longue.

          • voilà. jusqu’à présent ces cibles devaient être traitées en ligne de visée avec des BGU à guidage laser. mais les OPV, les corvettes et memes les navires logistiques emportent de plus en plus de systèmes SHORAD capables d’atteindre des cibles aériennes à 5 ou 10 km, parfois jusqu’à 20 km. pouvoir traiter cela avec une hammer est évidement un gros interet, car on peut se référer au plot radar à longue distance pour régler le guidage inertiel.gps, et laisser faire l’autodirecteur IR pour la frappe sur cible mobile. c’est franchement du bon matos !

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