vendredi, novembre 28, 2025

[Analyse] HAMMER, Katana, turboréacteurs… : l’Inde devient-elle le partenaire industrielle Défense stratégique de la France ?

La création d’une coentreprise entre Bharat Electronics Limited et Safran Electronics & Defense pour fabriquer en Inde l’Armement Air‑Sol Modulaire, connu sous le nom HAMMER, apparaît comme un jalon opérationnel majeur. L’accord prévoit l’assemblage final, les essais et l’assurance qualité par BEL, avec une montée d’indigénisation ciblant environ 60 pour cent. Il s’inscrit dans une séquence formalisée par une lettre d’intention signée à Aero India 2025, puis par un accord de coentreprise, afin de répondre aux besoins de l’armée de l’Air et de la marine indiennes. Au‑delà de l’annonce, l’enjeu tient à la mise en place d’un cycle de vie complet sur le sol indien pour une munition guidée modulaire et éprouvée en opérations.

L’intérêt de cette actualité dépasse la seule munition HAMMER, puisqu’elle matérialise un glissement discret mais continu vers un modèle de coentreprise défense Inde‑France. Le propos met en perspective cette dynamique, qui inclut Katana, le débat MRFA Rafale et l’accès au code source, l’INS Vishal, le Pinaka, ainsi que le futur turboréacteur 120 kN AMCA. La trajectoire éclaire les mécanismes de transfert technologique et d’indigénisation, ainsi que les risques liés aux contrôles export et à la propriété intellectuelle. L’objectif est d’examiner comment une coentreprise défense Inde‑France devient un levier de Make in India tout en préservant les intérêts industriels français.

HAMMER: une chaîne de vie complète localisée en Inde pour sécuriser cadence et soutien

La dynamique est claire, puisque la nouvelle structure conjointe doit gérer l’ensemble du cycle de vie de la HAMMER pour l’Indian Air Force et la marine indienne, depuis la localisation de sous‑ensembles, jusqu’au soutien en service. Le site américain The Defense Post précise que BEL assurera l’assemblage final, les essais et la qualité, tandis que Safran Electronics & Defense apportera son savoir‑faire pour sécuriser la montée en cadence. La coentreprise s’appuie sur des jalons déjà posés, avec une lettre d’intention actée à Aero India 2025, transformée en accord formel. L’objectif capacitaire consiste à garantir une disponibilité et un soutien locaux, au plus près des forces.

La réduction de dépendance extérieure constitue l’autre pilier du projet, avec une cible d’indigénisation estimée autour de 60 pour cent au fil du temps. La mention d’un contenu local croissant s’insère dans une logique d’apprentissage industriel, en transférant des fabrications électroniques et mécaniques identifiées. La trajectoire évite un saut brutal et privilégie des paliers qui soutiennent l’absorption par la base industrielle indienne. La logique de transfert par étapes, appliquée à des sous‑ensembles critiques mais maîtrisables, doit limiter les risques de qualité et de calendrier, tout en sécurisant, côté français, les briques les plus sensibles sur le plan technologique.

Rafale AASM
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La munition HAMMER, c’est‑à‑dire une A2SM modulaire, multi‑plateformes et éprouvée, offre un atout de standardisation pour l’Inde. La compatibilité avec le Rafale et le Tejas facilite l’intégration opérationnelle et fait gagner des cycles d’essais. La modularité, consistant à combiner un module de guidage et un module d’augmentation de portée, ouvre des options d’emploi variées, qu’il s’agisse de frappes à distance de sécurité ou de profils tout temps. La coentreprise ancre cette flexibilité dans une chaîne locale et renforce l’idée d’une munition intelligente produite au plus près des besoins, avec des effets attendus sur les coûts de cycle de vie.

L’accord s’aligne enfin sur la doctrine Atmanirbhar Bharat, qui vise l’autonomie industrielle progressive. Les investissements récents en Inde dans les bancs d’essais, l’intégration et la production de sous‑ensembles, créent un environnement favorable à la massification de solutions munitions. L’implantation locale du soutien, par ailleurs, doit réduire les délais et les coûts d’immobilisation. La coentreprise défense Inde‑France se présente ainsi comme une rampe d’industrialisation pour des systèmes de précision, tout en restant compatible avec une protection graduée des technologies critiques. Elle devient un marqueur de Make in India, en assumant une montée en gamme structurée. 

Un modèle Make in India qui massifie les munitions guidées et leurs fournisseurs

La duplication des schémas industriels confirme l’émergence d’un modèle. KNDS France a engagé une coopération avec SMPP Ammunition pour permettre la production locale de l’obus guidé Katana de 155 mm, le site Opex360 rapporte. Ce mouvement répond à une demande intérieure significative en artillerie de précision et s’inscrit dans une stratégie de localisation graduée. L’intérêt est double, puisqu’il combine une disponibilité améliorée et une exportabilité renforcée par la modularité et l’intégration de composants locaux. Le marché indien devient, par effet d’échelle, un pivot de production crédible.

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3 Commentaires

  1. C’est une excellente approche, et l’Inde est me semble-t-il un pays majeur avec lequel nous n’avons aucun risque de conflit potentiel (économique, territorial, culturel), et qui a besoin de fournisseurs de technologies fiables et indépendants. On est fait pour s’entendre, et en cas de conflit on sera heureux que les indiens puissent nous envoyer du matériel produit sur leurs lignes de production pour recompleter nos stocks. On peut aussi très bien concevoir une nouvelle famille de blindés et les faire largement produire à bas coût en Inde – pour le seul marché français et un peu d’export ce serait compliqué.-

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