Le traitement médiatique du conflit irako-syrien ayant largement diminué, on pourrait être tenté de considérer que la situation est en voie de normalisation. Sur le terrain, cependant, les tensions et risques d’embrasement généralisés sont encore très important, voir le sont d’avantages aujourd’hui, alors que les lignes se brouillent avec la disparition annoncée de l’Etat Islamique.
C’est ainsi que lundi soir, un avion de renseignement électronique des forces aériennes russes Il-20 a été abattu alors qu’il approchait de la base russe de Hmeimim, en Syrie. Le gouvernement russe, par la voix de son ministre de la Défense russe, a mis en cause la frégate française « Auvergne », patrouillant au large des cotes, l’accusant d’avoir abattu l’appareil russe. Assez rapidement, toutefois, le navire fut mis hors de cause, et la destruction de l’appareil attribuée à un tir de missile S-200 syrienqui tentait de repousser une attaque menée par 4 F-16 Israéliens contre des installations militaires syriennes prés de Lattaquié.
Peu de temps auparavant, en Irak, les forces iraniennes avaient lancé une série de missile sol-sol contre les forces Kurdes dans le nord du pays.
Ces deux évènements montrent que, non seulement le conflit irako-syrien est loin d’être terminé, mais qu’il entre désormais dans une nouvelle phase, ou les alliés de circonstance d’hier peuvent rapidement devenir antagonistes du fait d’intérêts très divergents.
Cela montre également avec quelle célérité une situation perçue comme sous contrôle peut se détériorer sous l’action de forces exogènes. Que se serait-il passé si, persuadé de l’implication de la frégate française, les batteries côtières de missiles antinavires Bastion basée à Tartous avaient ouvert le feu ? Ou si un missile du système S-200 tiré vers les F-16 Israélien, avait été identifié comme hostile par le bâtiment français, qui dispose, rappelons le, de missiles de croisière MdCN ?
L’intrication aussi forte de forces antagonistes mais non belligérantes, et de forces belligérantes n’hésitant pas à user du feu militaire, est potentiellement très risquée, et l’incident dramatique de ce lundi 17 septembre, qui aura couté la vie à 15 militaires russes, aurait pu avoir des conséquences bien plus lourdes.