Depuis la fin de la guerre froide, la flotte de chasse de l’Armée de l’air et de l’Espace, a été divisée par trois, passant de plus de 600 Mirage F1, Mirage 2000 et Jaguar, à moins de 200 Rafale et Mirage 2000D et -5F. La flotte de l’Aéronautique navale a, elle aussi, subi une sévère cure d’amaigrissement, passant de 80 Super-Étendard, F-8 Crusader et Étendard IVP, a seulement 40 Rafale M.
Cette réduction de format a souvent été critiquée, par les spécialistes du sujet, ainsi que par certains parlementaires, et même, plus récemment et de manière plus feutrée, par les états-majors eux-mêmes. Ainsi, l’Armée de l’Air et de l’Espace estime, publiquement, qu’il lui faudrait « au moins », 225 avions de combat, pour répondre à son contrat opérationnel.
Toutefois, le format optimal de la chasse française semble, aujourd’hui, davantage une question de négociations politiques et budgétaires, que le résultat d’un raisonnement objectif, face aux besoins auxquels l’Armée de l’Air et l’Aéronavale doivent être en mesure de répondre.
Dans cet article, nous tenterons de mener ce raisonnement, et de déterminer quel serait ce format, nécessaire et suffisant, pour permettre à la chasse française, de remplir pleinement et efficacement ses missions présentes et à venir. Comme nous le verrons, le format actuel apparait très sous-estimé.
Sommaire
Le format de la flotte de chasse française aujourd’hui, son origine et son contrat opérationnel
Ce format, justement, quel est-il, et d’où vient-il ? Aujourd’hui, le LPM 2024-2030 vise à amener la flotte de chasse française à 225 avions de combat, avec 185 chasseurs pour l’Armée de l’Air et de l’Espace, et 40 pour l’Aéronautique navale.

Ce format a été fixé par la Revue Stratégique 2022, elle-même le reprenant de la Revue Stratégique 2018, qui servit de support à la création de la LPM 2019-2025 précédente. Là encore, ce n’est pas la Revue Stratégique 2018 qui fixa cet objectif, puisqu’elle avait pour consigne de reprendre l’ensemble des formats des forces, définis par le Livre Blanc de 2013.
C’est, en effet, ce Livre Blanc qui établit, pour la première fois, ces 225 avions de combat, avec la répartition 185/40 entre l’AAE et la Marine nationale. Pour arriver à ce résultat, les concepteurs de ce Livre Blanc, qui avaient pour ligne directrice de réduire autant que possible le format des forces armées françaises, fixèrent un contrat opérationnel relativement simple aux deux forces aériennes.
Pour l’AAE, il fallait être en mesure de garantir la projection de 15 avions de combat, y compris sur des bases distantes, comme ce fut le cas au Niger et en Jordanie, pour soutenir les forces françaises et alliées, déployées dans le Sahel ou en Irak et en Syrie. En outre, l’AEE devait assurer la disponibilité de la composante aérienne de la dissuasion française, avec deux escadrons équipés de Rafale. La Marine nationale, elle, devait permettre d’armer de 18 chasseurs le porte-avions Charles de Gaulle, pour deux déploiements de deux mois par an, ainsi que les missions de police du Ciel et d’entrainement.
Cette diminution permettait, d’ailleurs, de réduire sensiblement les besoins de formation et d’entrainement des équipages, ainsi que les stocks de munitions, d’autant que la principale menace conventionnelle alors envisagée, concernait des conflits dissymétriques, en Afrique ou au Moyen-Orient, avec une menace très réduite sur les appareils eux-mêmes, et une pression opérationnelle relativement limitée pour les forces déployées.
La pression opérationnelle sur la chasse française depuis 2014, sensiblement supérieure à celle estimée par le Livre Blanc 2013
Comme on pouvait s’y attendre, cette pression opérationnelle, depuis 2013, n’a absolument pas respecté la planification du Livre Blanc. L’Armée de l’Air et de l’Espace a ainsi dû, à plusieurs reprises, déployer vingt à trente appareils de combat en missions extérieures, y compris en Europe. Le porte-avions, quant à lui, a souvent largement dépassé les quatre mois de mer par an prévus, avec un record de 8 mois à la mer pour l’année 2017, avant son IPER (Indisponibilité PERiodique pour entretien et modernisation).

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Bonjour,
Même avec ce format de 332 appareils, la flotte, bien qu’elle aurait déjà subit une belle montée en puissance, ne serait pas assez importante.
Déjà parce qu’il ne permettrai pas de rester sur les théâtres d’opérations en cas de besoin de disponibilité pour l’OTAN, et également pour subvenir aux besoin opérationnel du PANG qui se veut pouvoir emporter 70 appareils disponibles.
Enfin, comme dit dans l’article, les besoins ennoncées ne prennent même pas en compte les conflits actuels qui se veulent de plus en plus nombreux et importants.
De ce fait, ramener cette objectif à 500 appareils, me parait plus crédible, même s’il faudrai pour cela, se confronter a de nombreuses contraintes (budgétaire, capacitaire, social, ect…).
En espérant, au cas où nous ne pourrions atteindre cet objectif, que nous puissions être au moins, en mesure de réduire se format en revenant à l’objectif initial de 332 appareils, seulement si l’UCAV qui accompagnera nos rafales au standard F5, puisse réellement changer la donne, sur les différents théâtres d’opérations.
Il en va de même pour nos chars Leclerc, qui au format actuel est ridicule, face à une Russie qui en possède 10× plus.
C’est aussi pour cela que nous ne sommes pas crédible sur la scene géopolitique face à des puissances comme les USA, la Chine et la Russie.
Bien que nous ayons d’excellentes armées, et des technologies à la pointe, n’ayant pas à pâlir face aux concurrents. Notre flotte n’est clairement pas assez crédible. Et c’est en partie, pour cela que Trump n’hésite pas à écarté l’UE lors des négociations de paix entre l’Ukraine et la Russie, ce qui est un comble à mes yeux.
L’analyse porte sur le contrat opérationnel imposé aux forces aériennes et aéronavales aujourd’hui. Après, chacun est libre d’estimer si 40 avions de combat destinés à alimenter l’OTAN en cas de conflit, représentent ou pas un seuil acceptable ou significatif.
bonjour fabrice, j’espère que vous profitez des vacances, même si je vois que vous commentez par moment, difficile de ne pas jeter un oeil. votre article date d’il y à un an, 30 appareil promis en début d’année 2025, rien de commandé selon dassault, donc on continue sur le même registre. l’état fait de belles promesses, il faut passer en économie de guerre, vite ! dassault à passé sa chaine de montage à 3 appareils /mois et annonce qu’il pourrait encore augmenter la production, mais il faudrait peut être des commandes de l’état pour cela. apres peut être l’augmentation du nombre se fera avec l’arrivée du F5, mais bon c’est pas avant 2030, cela reste assez lointain avec la situation qui s’agrave toujours plus dans le monde entier. bon espérons quand même que déjà on va réussir à trouver les budgets nécessaires à la consolidation de nos armées, ce qui n’est pas gagné pour le moment !
L AAE reste un vecteur important pour la France, d’autant plus que l’Allemagne veut développer le format de son armée de terre pour l’amener à un niveau que l’on aura du mal à suivre. Réfléchir sur un point de vue européen, pourrait nous orienter vers une supériorité sur l’aerien et l’espace, pour permettre d’atteindre globalement une capacité capable de répondre sur tous les domaines a la Russie. Surtout si l’Italie s’occupe de developper sa flotte de navires pour la méditerranée.
Ne pourront !
Sans compter les équipages formés qui en cas de conflit ne pourra jamais compenser les pertes induites !
Merci beaucoup pour cet article. Le Rafale est-il par sa polyvalence et son coût assez élevé le piège de l’armée de l’air? On gagnerait tant à avoir un mono réacteur supersonique pour les missions de défense aérienne… Le couple mirage III mirage IV en quelque sorte. S’il s’avérait impossible de parvenir à ce niveau d’effectifs en ligne, serait-il possible de remplacer la mission défense aérienne par une DCA de premier ordre? Ou alors de remplacer une partie des missions de bombardement (CAS, Deep strike) par une flotte de drones? Je ne pense pas que nous aurons les 110 Rafales de plus.
Je ne pense pas que l’engagement vis-à-vis de l’OTAN permette la substitution d’avions pilotés par des loyal wingmen, tout au moins, pour l’instant. Je pense qu’il faut davantage les considérer comme des appendices de nouvelle génération, et non comme des alternatives.
Après, c’est certain, un monomoteur, que l’on pourrait developper, par exemple, avec les suédois, permettrait de faire croitre ce format à moindre cout par appareil, mais les surcouts de conception viendraient très certainement neutraliser ce bénéfice. Tant que l’on ne considérera pas, dans l’équation économique, les recettes comme les dépenses, nous serons amener à prendre des décisions sous contraintes fortes, amenant à des arbitrages contestables.
C est vrai un monoréacteur construit en cooperation avec la suede serait un bon supplétif
Bonjour, merci beaucoup pour cet article
Serait-il possible de rédiger un article complémentaire sur la flotte de soutien, notamment les A330MRTT, les AWACS, les A400M, etc.
MRTT et Awacs, probablement, car c’est relatif à la posture AAE. Pour les A400M, ce sera plus difficile, car les données de base, en termes de soutien nécessaire aux forces, combinées etc.. me sont inconnues, et probablement très difficiles à obtenir, si pas tout simplement confidentielles.