samedi, septembre 6, 2025

Avec le LRM Foudre, Turgis Gaillard devient-elle le Anduril français de la DGA ?

Il y a à peine quelques semaines, la Délégation Générale de l’Armement annonçait qu’elle avait entrepris le développement d’une munition d’une portée de 150 km, pour équiper les futurs Lance-Roquettes Multiples qui devront remplacer les LRU de l’Armée de terre, à partir de 2027.

Mais qu’en est-il du LRM lui-même ? Le voile vient d’être partiellement levé, selon un article du site Challenge.fr. En effet, la société Turgis Gaillard, qui s’est fait connaitre il y a deux ans avec la présentation surprise du drone MALE Aarok, à l’occasion du salon du Bourget 2023, va présenter, lors de l’édition 2025 de ce même salon, le LRM Foudre, un Lance-Roquettes multiple présenté comme « 100% français », et disponible, selon l’industriel, dès 2027.

Au-delà du développement du LRM Foudre, évidemment plus que bienvenue, pour remplacer par une solution nationale, une capacité que l’on sait indispensable et critique, pour les opérations militaires de moyenne à haute intensité, c’est aussi le recours à Turgis Gaillard, par la DGA, pour ce développement, qui mérite une attention particulière, tant leur collaboration se rapproche de celle entre le Pentagone et Anduril, outre-atlantique.

La présentation surprise du drone MALE Aarok par Turgis Gaillard lors du salon du Bourget 2023

En effet, l’attention que va engendrer la présentation surprise du LRM Foudre, lors de l’édition 2025 du Paris Air Show, n’aura très certainement rien à envier à la surprise et l’intérêt engendrés par la présentation du drone Aarok, à l’occasion du PAS 2023.

drone aarok
La maquette du drone Aarok de T&G, qui a été présentée lors du Paris Air Show de 2023.

Il faut dire qu’à ce moment-là, la révélation du programme Aarok, piloté par la DGA via l’AID, et confié à l’entreprise Turgis Gaillard, fit l’effet d’une petite bombe, dans le microcosme de l’aéronautique militaire française et européenne.

D’abord, par les performances annoncées, avec une masse maximale au décollage de 5,5 tonnes, pour 1,5 tonne de capacités d’emport, et une autonomie de 25 heures. Ensuite, par le créneau commercial visé, puisque l’Aarok devait avoir un prix « entre 5 et 10 m€ » l’unité, lui permettant de proposer des performances proches de celles d’un MQ-9 Repear/Gardian de l’Américain General Dynamics, pour un prix à peine plus élevé d’un TB-2 Bayraktar turc.

En dépit de ces promesses remarquables, le programme ne fut cependant pas soutenu, ces dernières années, par la Délégation Générale de l’Armement et l’état-major des Armées, au-delà de quelques lignes de crédits d’étude et d’élimination des risques, faisant porter son développement sur les seuls fonds propres de l’entreprise, ou presque.

Cela n’a pas empêché le programme de progressé, la cellule ayant réalisé, en début d’année 2025, ses essais de roulage à grande vitesse, ouvrant la voie à un premier vol, dans les semaines ou mois à venir, alors que l’Armée de l’Air et de l’Espace et la Direction de la maintenance aéronautique, ont signifié leur intérêt pour le programme, alors que le ministère des Armées a indiqué son intention de consacrer les pénalités de retard du programme Eurodrone, pour accélérer « la dronisation des armées ».

Pour le Bourget 2025, les regards seront focalisés sur le nouveau LRM Foudre, conçu en secret par Turgis Gaillard

Il est vrai que le drone MALE était, en 2023, encore tout auréolé du rôle joué par les TB-2 turcs en Ukraine, pour arrêter l’offensive russe contre Kyiv un an plus tôt, et par l’efficacité indéniable de ces drones, sur les théâtres de faible et à moyenne intensité, aux mains des armées américaines et alliées.

LRM Fourdre Turgis Gaillard
Image présentant le LRM Foudre de T&G. On remarque des arbitrages très similaires à ceux réalisés par Lockheed Martin pour concevoir le HIMARS. Il est probable que le Foudre utilisera également des technologies ayant déjà fait leur preuve par ailleurs, comme le système de navigation intertielle SIGMA 30 de Safran Electronics, qui équipe déjà les canons Caesar.

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5 Commentaires

  1. Dubitatif
    Il ne faut pas confondre entre faire un proto/une manip de labo (voire une simple annonce) et un produit industriel dispo.Toute equipe d’ingés y compris dans des grands groupes fait cela (pour impressionner ,direction/ budget, journalistes , analystes financiers..)
    L’essentiel des coûts et des délais se trouve dans les phases ultérieures.A fortiori dans des produits « physiques » lourds nécessitant l’activation, d’outillages ,de tests de validation, de formation le long de toute la chaîne de valeur (Un Rafale commence par de la metallurgie aux Ancize chez Auber et D avant de multiples étapes chez A§D puis Safran).Prudence donc
    Le mode St.Up ne convient pasbien donc pour ces produits et de plus la conso de cash (le fameux « cash burn rate », la « vallée de la mort » etc) conduit à un rachat par un grand groupe en general ou une faillite souvent ou les ingés rejoignent des grands groupes avec la techno
    Enfin faire un proto rapidement avec des composants « sur étagère » conduit à des « meetoo ».Un produit innovant repose sur des composants uniques ,clés de la performance (materiaux, semicon exotiques,photodetecteurs, briques logicielles) pas dispo

    A contratio c’est un aiguillion et une marque tangible d’interet de la DGA,pour forcer les Groupes à « mettre de l’ampérage ».Bien que souvent ce sont les RH plusque le Euros qu’il faut réallouer

  2. La promesse de la méthodologie AGILE est de développer plus vite et moins cher grâce à une méthode de travail itérative. Exit le cycle en V ringardisé et son effet tunnel tant critiqué. Au point de se faire traiter de boomer si on ose suggérer de prendre le temps de spécifier un minimum de cahier des charges avant de commencer à coder! Vous me voyez venir, le revers de la médaille c’est que vitesse ne veut pas forcément dire innovation, mais c’est souvent synonyme de précipitation. Le résultat fini souvent à la poubelle ou nécessite des heures carrées de refactoring et pour rattraper les délai on shunt l’étape assurance qualité. Et cela fini par coûter là aussi une blinde ! Tous ces geeks en tenue cool en oublient qu’on a aussi su envoyer des hommes sur la lune et les ramener vivants (la précision à son importance), avec un bonne vieille méthode en V. Donc peut importe la méthode, c’est l’état d’esprit qui compte. Celui d’une start up est intrinsèquement tourné vers l’innovation et la vitesse du fait d’absence de niveaux hiérarchiques. La prise de risque est dans les gènes des actionnaires qui dirigent l’entreprise en prise directe. J’ose la comparaison mais une start up ou une TPE comme T&G est à un grand groupe comme KNDS ce qu’un groupe d’opérateurs de forces spéciales est à une division blindée voir même une groupe d’armées. Il n’y aurait pas de sens à les comparer et les opposer. Selon l’objectif et l’état final recherché vous utiliserez l’un ou/et/puis l’autre.
    Si l’approche du DGA, est d’utiliser T&G pour sa capacité d’innovation et de production rapide d’un démonstrateur à moindre coût. Pour ensuite confier l’industrialisation et la production à un grand groupe dont c’est la force. C’est brillant et louable. En bonus il met un petite claque à l’égo des ingés grandes écoles qui font carrière. Effectivement il va y avoir de la résistance au changement…

  3. Cela fait quelques mois que j’ai eu la même idée à propose de T&G. Au-delà d’Anduril, leur méthode rappelle aussi celle du Dassault des années 50-60 : développer rapidement et sur fonds propres, pour court circuiter les poids lourds traditionnels (SNCASO à l’époque, Safran/MBDA maintenant).

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