Comme toujours, l’actualité Défense a été riche, ces derniers jours, et si l’ensemble des sujets ne justifient pas une analyse complète, certains sujets méritent un regard plus appuyé. C’est le cas notamment des conséquences de l’opération Spiderweb ukrainienne, contre les bases de bombardiers stratégiques russes, provoquant un électrochoc au sein de l’US Air force.
L’industrie européenne de défense a signé un nouveau succès, avec la décision officielle de la Royal Thaï Air Force de se tourner vers le JAS 39 Gripen E/F, au détriment du F-16V poussé avec insistance par Washington, alors que, dans le même temps, l’industrie de défense israélienne a annoncé une nouvelle année record, en termes de prises de commande à l’export, et ce, en majeure partie vers l’Europe.
Enfin, alors que le Canada multiplie les initiatives pour se rapprocher des Européens, notamment en matière de défense, face aux déclarations de Donald Trump, le Danemark, lui, reste dans voix, alors que le Pentagone va annoncer que le Groenland passera sous commandement américain, et non plus européen.
Sommaire
Introduction
Depuis quelques semaines, une série de signaux faibles — ou parfois très forts — a mis en lumière des évolutions stratégiques significatives au sein des principales puissances militaires occidentales. En effet, qu’il s’agisse des conséquences doctrinales de l’opération Spiderweb menée par les forces spéciales ukrainiennes, des ambitions industrielles israéliennes portées par l’Europe, ou encore des réorientations du Canada et des États-Unis en matière de commandement, chacun de ces événements semble indiquer que la recomposition géostratégique en cours s’accélère.

Ainsi, l’attention croissante portée à la vulnérabilité des infrastructures nucléaires russes après l’attaque de drones sur leurs bases aériennes pousse désormais l’US Air Force à reconsidérer en profondeur sa propre posture défensive. Parallèlement, le Canada, dans une logique de repositionnement, cherche à s’émanciper partiellement de l’hégémonie sécuritaire américaine en s’arrimant à l’effort européen de défense, tandis qu’en Asie du Sud-Est, les succès du Gripen suédois face au F-16V américain révèlent une bascule progressive dans les rapports de force industriels et diplomatiques.
Pour autant, l’élément le plus frappant n’est peut-être pas dans ce que disent ces décisions, mais dans ce qu’elles traduisent : une montée en puissance de logiques bilatérales, asymétriques, voire unilatérales, aux dépens des grands cadres multilatéraux naguère dominants.
En effet, que les États-Unis décident d’intégrer le Groenland sans en référer à Copenhague, que l’Europe continue de nourrir, volontairement ou non, la croissance exponentielle du complexe militaro-industriel israélien sans contrepartie politique, ou que les pays asiatiques rejettent désormais les offres américaines au profit d’alternatives régionales ou européennes, tous ces éléments convergent. Ils dessinent un système international où la logique d’alliances cède progressivement le pas à celle de rapports d’intérêt tactiques, flexibles, résolument contingents.
Par conséquent, ce nouveau format « En Bref » propose une lecture croisée de cinq actualités récentes, reliées par ce fil rouge : la fragmentation accélérée du modèle stratégique occidental tel qu’il s’est construit depuis la fin de la guerre froide, et la montée en puissance d’initiatives, d’acteurs ou de doctrines qui redéfinissent — parfois sans coordination, souvent sans retour — les équilibres militaires d’aujourd’hui et de demain.
L’opération Spiderweb : un électrochoc stratégique pour l’US Air Force
L’opération Spiderweb, menée fin mai par les forces spéciales ukrainiennes contre plusieurs bases aériennes stratégiques russes, continue de produire ses effets bien au-delà du champ de bataille.
En effet, si l’ampleur exacte des pertes infligées à l’aviation stratégique russe reste difficile à établir avec certitude, les estimations avancées par Kyiv évoquent la destruction ou l’endommagement d’environ 10 à 30 % de la flotte de bombardement à long rayon d’action de Moscou, soit un coup direct porté à l’un des trois piliers de la dissuasion nucléaire russe. Mais plus encore que l’effet tactique, c’est la portée symbolique et doctrinale de l’opération qui interpelle les états-majors occidentaux.

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Concernant la Thailande on a encore le risque de veto des USA sur la vente de Gripen, quoique qu ils soient en tenaille avec l industrie chinoise ou laThailande pourrait se retourner.