La récente campagne conduite par la Direction générale de l’armement a opposé une munition planante propulsée AASM à un intercepteur de défense de zone Aster 30 depuis une frégate dédiée. Derrière l’annonce, l’intérêt réside dans la validation d’un scénario crédible face à une menace subsonique à faible surface équivalente radar, précisément le format qui prolifère. L’intitulé met en lumière deux capacités nationales, l’une offensive et l’autre défensive, désormais testées l’une contre l’autre.
Cette confrontation, conçue et instrumentée, ouvre un faisceau d’enseignements tactiques utiles pour la protection d’un groupe aéronaval centré sur un porte-avions en mer ouverte ou près des côtes. Ce faisceau débouche sur une question opérationnelle directe : comment un entraînement de ce type crée-t-il un bénéfice durable pour la défense anti-aérienne et antimissile des unités de surface ?
Au-delà du coup de projecteur technico-opérationnel, il s’agit d’apprécier la portée réelle d’une interception à distance de sécurité, mais aussi d’évaluer ce que la munition planante ajoute comme options d’attaque, et de jauger l’effet d’entraînement sur l’architecture de combat. À travers cette dynamique, se dessinent des gains mesurables, des marges de progression, ainsi que des limites à intégrer dans la planification et la gestion de l’effort capacitaire à la mer.
Sommaire
PAAMS et frégates Horizon, socle de la défense anti-aérienne et antimissile de la marine française
En matière de protection de flotte, les frégates dédiées à la défense aérienne de zone forment le cœur de la bulle de protection. Leur mission consiste à maintenir un écran de détection et d’engagement multi-couches, capable d’intercepter des menaces à distance de sécurité avant qu’elles n’atteignent les unités de haute valeur. Selon la Marine nationale, ces bâtiments, représentés par les classes Forbin et Alsace, assurent l’escorte d’un groupe aéronaval et la défense d’une zone maritime, avec un système de conduite de combat et des senseurs optimisés pour saisir des trajectoires discrètes dans un environnement complexe et changeant.
Or, l’environnement actuel voit la prolifération de vecteurs subsoniques à faible signature, comme les drones ou les munitions planantes. Cette évolution impose une coordination renforcée entre capteurs et intercepteurs, mais aussi une discipline d’engagement stricte pour préserver les stocks et concentrer les feux quand la situation l’exige. Dans cette logique, la capacité à gérer des trajectoires basses et des approches obliques devient essentielle, de même que la permanence des moyens. Le système principal de défense aérienne par missiles (PAAMS) est pensé pour articuler ces fonctions dans une trame cohérente et réactive.
Par ailleurs, l’intérêt de l’interception de loin tient à la protection des unités majeures et au maintien de la manœuvre. Interdire à une menace d’entrer dans la zone létale d’un porte-avions, d’un navire d’assaut ou d’un grand navire logistique préserve la liberté d’action du commandement et les cycles aéronautiques. De plus, écarter tôt un projectile réduit les risques de dommages collatéraux et de perte de tempo. L’architecture de tir vertical confère une réactivité à 360 degrés, ce qui renforce l’aptitude à contrer une salve menée depuis plusieurs azimuts ou calée sur des retards finement échelonnés.
Enfin, en escortant un groupe combinant aéronefs embarqués et unités de surface, ces frégates assurent le maillage entre surveillance de l’espace aérien, veille de surface et défense navale rapprochée. Leur intégration dans une chaîne de commandement et de contrôle favorise l’échange rapide de pistes, la corrélation multi-capteurs et l’assignation de moyens adaptée à la menace. L’exercice qui a opposé une munition planante à l’intercepteur de zone s’inscrit ainsi dans une démarche de validation de procédures. Il permet de vérifier, en environnement réaliste, que la boucle détection-identification-interception fonctionne efficacement contre des signatures faibles et difficiles à traiter.
Aster 30 et AASM HAMMER, paramètres chiffrés et fenêtres d’emploi
Pour saisir l’apport d’un tel entraînement, il convient de rappeler les paramètres clés des deux armes. Selon MBDA – ASTER 30, l’intercepteur de zone atteint une portée pouvant dépasser les 120 kilomètres, avec une vitesse supérieure à Mach 4, et un guidage radar actif qui lui permet de traiter des cibles manœuvrantes. Ce profil est dimensionné pour intercepter très tôt des menaces variées, y compris des vecteurs à faible signature, dès lors que la chaîne de détection parvient à fournir une piste stable et exploitable, la fameuse « solution de tir ».
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« ’aviation française peut à présent saturer la planification adverse par des trajectoires multiples et des azimuts variés, sous la couverture d’une défense de zone, à l’aide de munitions nettement moins onéreuses et plus disponibles que les précieux AM39. »
Absolument – ou en combinaison avec un AM39 !
pas faux, mais il faut bien calculer son coup parce qu’un AM39 va à plus de 900 km, la vitesse d’une A2SM n’est pas publique mais je serai fort surpris qu’elle dépasse les 500/600 km/h en planée.